Le groupe
Biographie :

Maudits est un trio français qu’on pourra, génétiquement, ranger dans la vaste catégorie qu’est le post-metal. Signé chez Klonosphere et Season Of Mist, le jeune groupe sort son premier album éponyme en Octobre 2020. En Novembre 2021, le groupe revient avec "Angle Mort". En 2024, Maudits passe chez Source Atone Records et sort "Précipice" en Mai.

Discographie :

2020 : "Maudits"
2021 : "Angle Mort"
2024 : "Précipice"


Les chroniques


"Précipice"
Note : 18/20

Maudits recule pour mieux sauter. En 2024, le trio de post-metal instrumental formé par Olivier Dubuc (guitare), Erwan Lombard (basse) et Christophe Hiegel (batterie/samples), accompagné de Raphael Verguin (violoncelle, In Cauda Venenum, Psygnosis), Emmanuel Rousseau (piano, mellotron, minimoog, claviers) et Nicolas Zivkovich (rhodes / claviers) dévoile "Précipice", son second album, chez Source Atone Records.

"Précipice Part I" nous met immédiatement face au vide, où même la dissonance se perd dans le néant tout en accueillant des patterns prog et des éléments plus modernes qui répondent aux harmoniques entêtantes avant de laisser la saturation embraser la rythmique pour la rendre nettement plus motivante. Le son passera par une phase hautement mélancolique avant de se teinter de fureur pour finalement revenir dans des tons plus aériens pour voguer jusqu’à "Seizure", où l’atmosphère s’assombrit pour nous enfermer dans ce carcan de noirceur grâce à des sonorités plus complexes, qui s’éteindront pour faire place à des influences hip-hop surprenantes. Les cordes reprennent et nous envoûtent à nouveau avant de renouer avec la saturation pour progressivement nous abandonner à l’intrigant "Pretium Doloris", un interlude angoissant de deux minutes qui explore un paysage sonore simple avant de rejoindre "Séquelles" pour trois minutes de cavalcade sonore où dissonance et riffs saccadés s’entremêlent.

"Précipice Part II" prend la suite de l’aventure en nous laissant admirer un son d’abord lumineux et simple qui se transforme grâce à des patterns convolutés et plus remuants où s’ajoutent ces touches brumeuses fascinantes qui rendent le tout plus enivrant. Le point d’orgue de la composition est atteint sur le final où blast et lourdeur se rencontrent avant de laisser place à "Lights End" où la douceur apaisante se dévoile à nouveau dans une première partie, puis le son accélère, devenant presque troublant pour finalement rejoindre "Vielä Siellä" où l’ambiance croît peu à peu en nous enfermant imperceptiblement dans son voile d’oppression pour enfin exploser et nous obliger à remuer le crâne une dernière fois. Si vous restez assez longtemps, le groupe vous offrira une dernière lueur, une piste fantôme où une voix samplée se mêle à quelques notes lancinantes avant de sombrer dans le néant.

L’univers de Maudits se passe de mots pour laisser les instruments développer une brume sonore fascinante et prenante, faisant de "Précipice" un véritable gouffre sans fond dans lequel on aime errer et avec lequel le groupe entend bien nous hanter.


Matthieu
Mai 2024




"Angle Mort"
Note : 19,5/20

Nous sommes chanceux, Maudits est de retour. J’avais été conquis par le premier opus du groupe, j’imagine mal avoir été le seul. Sur l’artwork je retrouve le trèfle à quatre feuilles, effeuillé. Alors bon ou mauvais présage ?

Ce qui est certain, c’est que les premières notes peignent un environnement grisâtre, dans la continuité du visuel. Aussi fort qu’une pluie battante un soir de novembre, la musique de Maudits te plonge dans quelque chose de planant. Quelque chose qui t’interroge, mais laisse les questions en suspend. Un truc qui te fout le cafard. Je me doute que vendu comme ça tu n’as pas envie de sauter sur le disque. Dis-toi, très simplement, que c’est juste beau.

Parfois, le souffle revient, des plaines musicales se dessinent, l’apaisement est total. Les morceaux sont plutôt longs - cinq titres pour trente minutes de musique - et s’enchaînent en douceur les uns après les autres. Ici et là, quelques spoken words se promènent, le violoncelle ,quant à lui, joue un rôle crucial quant aux émotions dégagées. Un titre comme "Perdu d’Avance" nous emmène presque sur du dub, avant de partir en envolée superbe. En somme, malgré le caractère instrumental de Maudits, jamais on ne s’ennuie. Puis, tout s’éffiloche, à commencer par les cordes des guitares qui distillent finalement une grosse distorsion jusqu’à s’éteindre et signer la fin de l’album

On dirait une sale descente quand ça s’arrête. Quelques minutes après la fin, la tête reprend ses esprits et le contrôle de ses deux jambes. On va aller boire un verre d’eau. A la fois dans la continuité et très différent de leurs premiers travaux, j’apprécie la démarche jusqu’au-boutiste de ces artistes qu’on peut découvrir sur scène sous des formations différentes. J’espère bientôt, pas trop loin de chez moi.

PS : Ne cherche pas quelle étiquette leur coller, il y en aurait mille.


Kévin
Mars 2022




"Maudits"
Note : 19,5/20

J’avais vu quelques partages les concernant sur le réseau social, jusqu’à ce que j’en reçoive un dans ma boîte aux lettres. N’ayant pas pris le temps de cliquer sur les liens à ce moment-là, je ne sais absolument pas quelle musique je vais découvrir sur ce CD (bordel que j’aime ces objets).

L’artwork est sobre mais extrêmement efficace, les couleurs sont belles et son sens nous saute aux oreilles dès l’écoute de la première piste, la plus longue, modestement intitulée "Maudits" de 13 minutes. Un pari risqué mais incontestablement réussi. L’atmosphere est posée. La suite est un peu plus nerveuse, dans les sons et rythmiques des instruments déjà, mais aussi dans les constructions de morceau, ô grand jamais linéaires. Les dissonances sont plus présentes également, et se répondent comme autant de contradictions, de dilemmes. L’album nous transporte déjà dans un univers introspectif. Hypnotisant. Soutenu par une production ultra léchée, Maudits utilise sa créativité pour servir son propos et vient chercher des sonorités uniques, mécaniques, métalliques. Oui parce que je ne vous ai pas dit mais le groupe est purement instrumental. Sur les fondations d’une batterie très sèche, les instruments se complètent et des mirages acoustiques se forment en hurlements lointains ou en chants divins.

Je ne me risquerai pas à classifier la musique des Français mais si on devait donner un style ça commencerait sûrement par "post…". Ce que je peux vous assurer en revanche c’est que ce rock, tantôt ambiant, tantôt incisif, vous plonge dans un univers qui je pense ravira les oreilles les plus averties comme les novices, si tant est qu’on prenne le temps de réellement l’écouter. Diffusé grâce à Klonosphere et Season Of Mist, ce disque m'a transporté très loin, jusqu’à imaginer des chants de divinités égyptiennes emprisonnées dans une pyramide. Un endroit mystérieux où plane une atmosphère étrange, le genre d’endroits où on était jeté des malédictions. Maudits.

Cette oeuvre d’art est un trèfle dont la quatrième feuille serait tomber sans raison, inévitablement. C’est brut comme l’or, délicat comme la broderie sur laquelle il est apposé.


Kévin
Septembre 2020


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/maudits-band-103821931400160