Le groupe
Biographie :

Morgue a été créé en Juillet 1997 par Max Lobier (guitare et chant) et Jean-Michel Marlier (batterie). Fred (guitare) les a rejoints quelques temps plus tard. Au fil des années, le groupe a vu se succéder plusieurs bassistes dont Cyril Blandino et Mathieu Valignat pour les albums "Artgore" et "The Process To Define The Shape Of Self-Loathing". Après quelques albums et une tournée aux Etats-Unis et en Europe avec des groupes comme Driller Killer et Brodequin, Morgue fait une pause en 2005. Puis, début 2012, les deux membres fondateurs et le bassiste Jérôme Blandino décident de reformer le groupe, proposant alors des compos grind des plus brutales.

Discographie :

1998 : "Acts Of The Macabre" (Démo)
1999 : "Bone Crunch" (MCD)
2001 : "Artgore"
2002 : "The Process To Define The Shape Of Self-Loathing"
2003 : "There Was A Smell Of Frying"
2016 : "Doors Of No Return"
2022 : "Lowest Depths Of Misery"
2024 : "Close To Complete Darkness"


Les chroniques


"Close To Complete Darkness"
Note : 16/20

Morgue n'est pas le groupe le plus prolifique de la scène extrême française, même si ce nouvel album "Close To Complete Darkness" arrive seulement deux ans après le réenregistrement de "Doors Of No Return" sous le nom de "Lowest Depths Of Misery". Par contre, dans le genre efficace et débouche conduits auditifs, les bougres se posent là ! Si les débuts étaient plus ancrés dans un goregrind très brutal, la suite a pris un virage plus moderne et plus froid avec "The Process To Define The Shape Of Self Loathing", puis plus death metal, plus chaotique et plus haineux mais tout aussi destructeur sur "Lowest Depths Of Misery".

Peu importe que ce soit grind, froid, moderne ou death metal, la musique der Morgue fait peur et elle fait mal. Il y a un fond là-dedans qui fait qu'on dépasse la simple envie de bourriner pour le plaisir de taper fort. Ce n'est probablement pas pour rien qu'un certain Meyna'ch venait donner de la voix en guest sur "Lowest Depths Of Misery". Quand il est dans le coin, lui, vous savez de suite que ça va être sale. Une froideur typique venue du black metal se faisait d'ailleurs entendre dans le caractère plus malsain de cet album qui sonnait encore plus mal intentionné que ses prédécesseurs. Tout ça nous amène donc à "Close To Complete Darkness" qui se voit comme son prédécesseur orné d'une superbe pochette réalisée par le toujours aussi talentueux Paolo Girardi, un superbe écrin qui souligne bien la folie et la crasse que vous allez trouver sur ces trente-trois minutes. Morgue a comme d'habitude fait un album compact et dense qui ne s'embarrasse pas de fioritures et dit ce qu'il a à dire sans tourner autour du pot. Et si "Upon The Altar" se permet une petite minute d'introduction, c'est pour mieux nous déboîter la mâchoire ensuite avec des rafales de blasts et un death metal brutal et caverneux qui nous rappelle la grande époque où ce style savait encore sentir le souffre. Il y a ce feeling malsain, démoniaque et poisseux que le death metal devrait toujours avoir et que Morgue arrive à nous faire ressentir avec des riffs et des structures qui menacent partir en couille à tout moment. Le groupe semble constamment sur le fil et se contrôle de justesse, sa violence menaçant de sombrer dans le pétage de plombs total à chaque seconde. Cela n'arrive jamais mais on sent que c'est proche, que la folie frappe à la porte et que celle-ci a du mal à retenir ses assauts répétés.

Qu'il est loin le temps de "Artgore" où le groupe donnait dans un goregrind certes brutal et déjà assez dingue mais dépourvu de ce côté dangereux et malsain qui habite maintenant la musique du groupe. Il y a un côté magmatique là-dedans appuyé par la production massive et relativement grasse qui ajoute encore au côté massif de la bête et rend les passages lourds et rampants d'autant plus impressionnants. Des passages qui se font entendre plus souvent que les précédents albums, le groupe cassant plus souvent le rythme malgré une brutalité encore bien marquée. J'allais dire que le groupe aère un peu son propos mais peut-on vraiment parler d'air pour un album aussi suffocant ? On ressent une fois de plus quelques influences issues du black metal pour le côté le plus froid et le plus malsain, mais aussi quelques tendances chaotiques qui pourraient presque renvoyer à des malades du style Portal dans l'esprit sans que ça n'aille jamais aussi loin. Un mélange de chaos à peine contrôlé, de folie latente qui n'attend qu'une minuscule fêlure pour s'infiltrer et d'envie de brutaliser tout ce qui bouge. "Close To Complete Darkness" porte bien son nom et se montre teigneux, dangereux, malsain et sacrément méchant ! Morgue a évolué depuis le précédent album et pousse la chose encore plus loin cette fois-ci donc si vous aviez trouvé votre bonheur la dernière fois, vous pouvez y aller sans crainte, mais avec un casque quand même parce que le bougre tape encore très fort malgré une propension à lever le pied pour des passages plus écrasants. L'évolution chez ce groupe n'est pas surprenante en soi puisque Morgue n'a jamais sorti deux fois le même album, on sait donc que ça va plus ou moins bouger à chaque fois. Là, on reste à peu près dans le chemin tracè par "Lowest Depths Of Misery" mais le groupe bouge suffisamment les lignes pour qu'on y trouve encore un autre niveau de lecture, ou plutôt d'écoute.

Morgue confirme donc qu'il ne fait pas partie des groupes bêtement bourrins et méchants, qu'il y a un propos derrière tout ça. "Close To Complete Darkness" est donc une fois de plus une œuvre viscérale qui frappe au but et ne laisse que peu de répit sans jamais tomber dans le brutal facile.


Murderworks
Août 2024




"Doors Of No Return"
Note : 16/20

Alors qu'on les croyait passés de vie à trépas, les pré-retraités de Morgue signe un charmant retour avec ce "Doors Of No Return". Malgré quelques aventures musicales à droite à gauche (400 The Cat, Superstatic Revolution), leur précédent album datait de 2002. Difficile de mettre une étiquette sur nos papys sudistes, tant leur brutal death se veut gras, déstructuré et tout simplement dégueulasse. Je dirais même qu'ils n'hésitent pas à flirtouiller avec le black metal, un peu à la manière d'un Belphegor ou Gorgoroth, tout en conservant de gros riffs bien caverneux.

Ce troisième album a été enregistré à Galargues par Michton puis mixé et masterisé par Colin Marston. Fred (Feral) et Will (Mutilation) ont ajouté leur voix à cet opus tant attendu. Je ne sais pas si on peut dire que Morgue n'a pas pris une ride, mais on peut surtout affirmer que leur musique se veut aussi bonne que ce qui se faisait de mieux à l'époque où ils ont arrêté. Point de technique à outrance ou de deathcore ici, on nage vraiment dans les vraies bonnes valeurs de la fin des années 90. On sent plein d'influences différentes, de 1349 à Hate, en passant par Dark Funeral ou Marduk. Ça sonne très black, mais aussi et surtout très boucherie, très noisy, limite un peu "true-black-metal-enregistré-dans-une-cave". Ce côté blasphématoire de cathédrale est pour le moins appréciable, tout comme cette réalisation qui sonne un peu à l'arrache, ça colle parfaitement au style du groupe et à leur musique.

Dès les premières notes de "Polar Aftermath", le bulldozer est en marche, et ça sera cette même machine à brutalité qui va nous écraser durant neuf morceaux. Bien évidemment, rien de révolutionnaire dans le genre, une linéarité extrême qui ne permet pas d'extraire une piste qui sortirait du lot, mais dans l'ensemble on se fait bien étrangler par ce fléau de violence sur fond de goritude putréfiante. Bref, à écouter, voire à découvrir pour les plus jeunes. Ravi de les retrouver, ça change un peu des formations récentes qui cherchent à innover à tout prix ou qui à l'inverse ne font que copier leurs aînés.


Grouge
Avril 2016


Conclusion
Le site officiel : www.morguecult.bandcamp.com