Après un premier album marqué par le stoner, My Diligence avait pris des accents plus post-metal tout en gardant ce feeling rock et gras. Le quatrième album "Death.Horses.Black.", comme son titre l'indique, renoue donc avec des ambiances plus lourdes et plus sombres.

Et ça se confirme dès l'entame de "Death" justement qui se fait presque inquiétant tout en gardant une accroche mélodique certaine qui fait que ce premier morceau se fraie facilement un chemin dans votre crâne. La musique du groupe garde cette efficacité malgré des ambiances qui prennent pas mal de place, probablement un reste de la période stoner. Le rock qu'il soit gras ou non vous apprend cette science de l'accroche, du riff efficace et de la puissance. Tout ça associé à la mélancolie et aux ambiances fortes des courants post-rock ou metal font que la musique de My Diligence prend les meilleurs éléments de ces scènes pour les mélanger et en faire une musique plus personnelle. Le groupe passe encore un cap et maîtrise de plus en plus son sujet, on sent que les différentes influences se marient de plus en plus facilement et cohabitent de manière harmonieuse. On ne passe pas bêtement d'un passage direct et accrocheur à un autre plus pesant ou mélodique, tout s'imbrique naturellement et les différentes influences se renvoient la balle dans une partie de ping-pong dans laquelle aucun des joueurs ne prend l'ascendant sur l'autre. La plupart des morceaux sont assez longs et si le tempo est majoritairement assez lourd, le groupe ne donne jamais l'impression de se répéter ou de s'enliser. Les mélodies et la puissance des ambiances qu'il développe aident grandement à éviter ce sentiment de répétition qui guette tous les groupes qui restent à peu près toujours au même pas. Quelques cassures rythmiques, quelques ruptures de tons et une approche parfois plus directe aident à donner ce qu'il faut de profondeur à "Death.Horses.Black." pour que sa musique nous tienne en permanence.

Tout ça reste en tout cas bien sombre et ce nouvel album ne respire clairement pas la joie, la petite coupure "Interlude (The Bridle And The Bit)" en atteste avec son ambiance plus planante mais plus noire encore que les morceaux qui le précèdent. Un interlude de plus de quatre minutes d'ailleurs, qui sert entre autres à introduire le pavé de l'album : "Allodiplogaster Sudhausi" et ses dix minutes. Un morceau qui passe évidemment par plusieurs émotions et qui laisse, comme les autres morceaux de l'album, passer quelques rayons de lumière et un poil d'espoir au milieu d'une bonne couche de noirceur et de mélancolie. "Death.Horses.Black." est en effet bien plombé mais pas totalement désespéré pour autant, les mélodies amenant un peu de chaleur et de clarté au milieu de l'abattement général. "Sacred Anchor" qui clôt l'album fait même entendre quelques discrets relents de rock gothique dans ses premières secondes, que ce soit dans le rythme plus enlevé, les mélodies ou même le son des guitares. Notons aussi la pochette atypique pour un groupe affilié metal et assez intrigante avec ce cavalier aux vaisseaux sanguins apparents. Des vaisseaux sanguins qui semblent venir du ciel, comme une image du destin qui en bon marionnettiste nous tiendrait au bout de ses fils. Des vaisseaux sanguins qui ne semblent pas être dans les corps du cavalier et de son cheval, ils donnent plutôt l'impression de les enserrer. Il y a sûrement plusieurs interprétations à faire de tout ça, comme pour la musique d'ailleurs qui explore plusieurs pistes et n'hésite pas à mélanger les genres.

My Diligence poursuit donc sa route en poussant son évolution encore un cran plus loin, les ambiances sombres et pesantes se mélangent à une pointe d'espoir et un côté accrocheur et plus direct. "Death.Horses.Black." est un nouvel album efficace, prenant et puissant aussi bien dans les riffs que dans les ambiances. Le groupe développe sa personnalité d'album en album et si le mélange metal et post-rock ou metal est fréquent ces dernières années, My Diligence y met suffisamment d'âme pour se démarquer des autres représentants de cette scène.