"Rebirth"
Note : 15/20
Jeff Loomis, Misha Mansoor, Rodrigo y Gabriela, Stephan Forté, Isaac Albéniz, Tosin Abasi, Alexandre Lagoya, Dave Mustaine, Estas Tonne...
Tels sont les noms que l’on peut voir (qu’ils soient issus de la scène metal ou d’une scène plus classique / folklorique), inscrits en entête du panthéon des plus grands et des plus agiles guitaristes de notre temps !
Nous serions en droit de nous demander où les français se trouvent dans cette courte liste (non exhaustive) des magnats du riff et des champions du sweep, eh bien, la réponse nous est apportée par Nils Courbaron, guitariste émérite de T.A.N.K et Lyr Drowning avec son tout nouvel EP : "Rebirth" !
Cette renaissance se voit donc entamée par "Anaon...A Wave Of Tragedy" (du breton signifiant: l’âme des trépassés), titre puissant, ouvertement inspiré des mentors djent de l’artiste, Animals As Leaders ou Periphery !
Ce morceau racé et raffiné, alliant avec harmonie la force d’un prog’ nerveux et la profondeur, tout comme la technicité, d’un djent ambiant et virtuose, viendra se déposer, souligné par la batterie programmée par Clément Rouxel (T.A.N.K / One-Way Mirror), dans nos oreilles dès la première écoute, avec beaucoup de plaisir.
Vient ensuite le tour de l’inspiration néoclassique du musicien de se faire sentir avec la reprise de cette célèbre composition d’Haendel : "La Sarabande"...
Majestueux morceau vu à travers ses habiles mains pour y apposer, d'implacables riffs sweepés tendant à devenir sa marque de fabrique (non sans raison !).
Point d’orgue du morceau, l’outro sur laquelle les guitares VGS sont délaissées au profit de son acoustique Almeria, le temps d’un passage hispanisant, autre point fort montrant la maîtrise technique de l’artiste...
Nouveau, (et denier) titre de ce single, la "réédition" du sombre et très bon "Madness Leads To Death".
Cette fois-ci en revanche, le morceau est poussé dans ses derniers retranchements pour y intégrer, aidé du tout aussi chevronné collègue de Nils, Symheris (T.A.N.K) à la guitare, les passages djent / techniques modernes, fruits du récent travail sur ses influences réalisé par le musicien pour la composition de cet ensemble.
Ce sera d’ailleurs, peut-être, la seule ombre à porter au tableau des 3 dernières sorties de l’artiste... Ce morceau vibrant déjà avec vigueur, sur la première version de l’EP "Madness Leads To Death" (2012) n’avait semble-t-il pas été réfléchi pour accueillir tous ces nouveaux éléments rythmiques résolument plus modernes et agressifs... Le conflit s’en ressentira quelque peu...
À la croisée des chemins modernes (djent / death mélodique / progressif) et des chemins plus traditionnels (flamenco, néoclassique...etc), Nils Courbaron laissera donc son agilité s’exprimer sur 2 nouvelles pistes instrumentales aussi riches qu’ambiantes, nous apportant ainsi une solide preuve de sa créativité !
Seuls regrets sur cette nouvelle version, l’absence d’un digne successeur à "Bag Er Maru" peut-être l’un des titres les plus originaux du soliste marchant sur les pas d’Alexandre Lagoya une fois "chaussée" sa guitare acoustique.
Mais également 1 ou 2 autres titres venant étoffer la palette d’expressions guitaristiques dont Nils à su nous confirmer la maîtrise...
Une chose est sûre, ce "Rebirth" (tout comme le reste de sa discographie) rassasiera les plus féroces appétits des fans de virtuosité et de technicité !
"Madness Leads To Death"
Note : 16/20
"Madness Leads To Death" est le premier EP du jeune guitariste Nils Courbaron que vous pouvez retrouver dans les groupes T.A.N.K (Think Of A New Kind) et Lyr Drowning. C'est donc sous forme d'EP 5 titres que Nils nous présente son projet solo, fortement influencé de metal death et mélodique et de flamenco. Sa sortie officielle est prévue pour le 7 Décembre mais chez French Metal on aime l'exclusivité alors la voici la voilà.
La pochette du CD est plutôt pas mal voire originale car elle ressemble plus à une pochette d'album que d'EP. Sur le devant est représentée une tête de mort qui a encore toutes ses dents avec une étoile sur le front et qui porte un chapeau de fou du roi dans des couleurs très teintées bleues-grises nuancées. Chouette dégradé de couleurs en tout cas. Pour ce qui est de l'arrière, la moitié du visage de l'auteur est figurée. Connaissez-vous l'expression "couper la poire en deux" ? Eh bien, c'est le cas, si vous imaginez un visage fendu en deux.
Passons au plus important, aux musiques elles-mêmes. Celles-ci sont d'une durée relativement courte comprise entre 3:15 minutes et 4:30 minutes sans y prendre en compte l'intro qui elle excède à peine la minute mais ce qui est tout à fait compréhensible pour une intro. D'ailleurs parlons-en de cette introduction. Elle est principalement basée sur un motif de piano. Très mouvementé, très coloré, ça s'annonce plutôt bien pour la suite. "The Flying Circus" est le deuxième morceau. Il faut dire qu'il est d'humeur très enjoué, très foufou, c'est animé dis-donc. Ce morceau ne nous laisse pas le temps de souffler. Très perspicace, il nous emporte sur un rythme très vif. Oui, c'est à en rendre fou plus d'un alors les plus sensibles d'entre vous, absentez-vous. Une sensation de tourner en bourrique, mais sur le schéma mélodique, plutôt intéressant.
Des guests comme le guitariste Mus d'Arkan, le batteur Thomas Njdor de Soundcrafters ou encore le bassiste Adrien Telle du groupe For Dying Soul sont venus prêter leur jeu sur le titre suivant, "Purgatoria". D'emblée une nuance de flamenco sur l'intro du morceau suivie de la double à la batterie comme on l'aime, oui rythmiquement ça tient la route. Un solo de guitare plutôt simpliste mais tueur tout de même. Par ailleurs, une vidéo de ce troisième titre version YouTube uniquement a été faite. Dessus n'apparaissent pas les guests mais Nils lui-même, où un gros plan sur son doigté est filmé. Un accent donc sur sa technique. Vidéo publique donc si vous avez le temps, vous pouvez y jetter un petit coup d'oeil.
Pour l'avant-dernier titre, retrouvez "Madness Leads To Death", titre éponyme de l'EP. Cette fois c'est le guitariste Symheris, son camarade dans le groupe T.A.N.K, qui est à l'honneur en guest. En effet, on reconnaît le style de l'invité sur un solo impeccable et irréprochable, avec une tessiture très aigue.Presque cinq minutes de pur bonheur musical. Morceau très mélodique, très touchant, sans doute le meilleur musicalement parlant.
Voici enfin venue l'heure du dernier titre, c'est-à-dire "Bag Er Maru". Ce titre est en breton et signifique "barque des morts". L'auteur d'origine de cette région, souhaitait simplement faire un clin d'oeil à ses origines. Nils parlait d'influence flamenco, eh bien cela se fait clairement entendre ici puisque c'est entièrement basé sur un air olé. Cela est donc impossible pour nos oreilles d'y passer à côté. Musique très expérimentale, répétitive, originale, pas du tout metal. Disons que ce serait plus une danse pour notre corps que pour notre tête. Titre qui ne plaira peut-être pas aux plus métalleux d'entre vous mais qui surprendra les plus curieux et ouverts d'esprit musical surtout que la fin est très chantante, très mélodique, c'est joli comme tout.
Maintenant l'EP bouclé, Nils peut enfin souffler et savourer pleinement le résultat de son travail qui soit dit en passant, mérite toute récompense. Un guitariste qui nous dévoile son talent de compositeur pour le plus grand plaisir de nos oreilles. Comme quoi les gratteux ont aussi leur part d'émotion, leur face cachée. C'est sûr, Nils Courbaron a un avenir très prometteur et nous n'avons pas fini d'entendre parler de lui.
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