Deuxième album pour l'OVNI No Terror In The Bang signé cette fois chez la Klonosphere qui a décidément le nez creux pour nous trouver des groupes atypiques mais de qualité. "Heal" c'est son petit nom et il va demander une certaine ouverture d'esprit, comme quasiment tous les groupes de cette structure.
Tant mieux parce que par ici on apprécie les groupes qui se foutent des genres, des barrières et prennent plaisir à s'exprimer comme ils en ont envie sans se demander si ça va plaire ou non. Après tout quitte à faire de la musique autant ne pas faire de compromis, on est déjà obligés d'en faire dans la vie ce n'est pas pour s'en imposer dans une expression artistique, non ? Bref, tout ça pour dire pour dire que si vous voulez coller une étiquette précise sur la musique de No Terror In The Bang, je vous souhaite bien du courage ! C'est typiquement le genre de groupe qui vous glisse entre les doigts quand vous croyez l'avoir saisi. Et pour couronner le tout ce dernier a laissé le micro à une chanteuse impressionnante en la personne de Sofia Bortoluzzi, véritable caméléon vocal qui passe d'un registre à l'autre comme si c'était une simple formalité. Par rapport au premier album, "Eclosion", le groupe passe ici à quelque chose d'à la fois plus varié et plus agressif, digérant ses influences pour proposer une musique bien plus personnelle. Bon, comme il faut quand même situer un peu la bête, reprenons le style utilisé par les membres du groupe eux-mêmes, à savoir "progressive cinematic metal". Le piano de "Hostile" qui ouvre l'album fait une petite feinte et laisse bien vite la place à une ambiance sombre et torturée et des riffs bien méchants. La facette cinématographique se développe déjà et on se croirait en plein film d'horreur par moments. L'ambiance générale est pesante, les lignes de chant et les mélodies sont malsaines et oppressantes et No Terror In The Bang fait déjà entendre une grosse progression par rapport à son premier album.
On retrouve évidemment une tendance au metal moderne comme sur "Eclosion" et "Retch" place quelques riffs bien saccadés avec là encore une ambiance très sombre et une musique globalement agressive et puissante. Le groupe est clairement monté d'un cran à tous les niveaux et propose cette fois quelque chose de plus brutal, de plus varié et de plus maîtrisé. Le chant nous envoie une fois de plus une grosse baffe avec un jonglage constant entre parties hurlées, chant clair presque pop, parties narrées, avec à chaque fois une implication totale qui fait que les émotions nous explosent au visage. Dire que l'on en entend certains clamer que le metal n'a plus rien à proposer... Il va falloir songer à se décrasser sérieusement les oreilles et à sortir des gros mastodontes qui remplissent des stades les gens hein, parce que quand on fouille un peu il y en a des groupes intéressants qui défrichent encore joyeusement (d'ailleurs quitte à parler de groupes cinématographiques et originaux allez jeter une oreille sur Hypno5e aussi). No Terror In The Bang en fait clairement partie et "Heal" va demander un minimum d'efforts pour être cerné. Il y a ce qu'il faut en mélodies et lignes de chant accrocheuses, mais les sonorités utilisées sont tellement variées et l'ensemble est tellement touffu et personnel qu'il va falloir insister un peu. Mais si vous vous donnez la peine de l'écouter sérieusement, vous allez prendre une belle petite claque derrière les oreilles. Un morceau comme "Monster" arrive à être tout à la fois puissant, inquiétant, pointu techniquement et poignant ! Sans parler de l'écart qu'il peut y avoir entre le côté aérien de "Lulled By The Waves" et l'agressivité débridée des deux premiers morceaux de l'album par exemple.
No Terror In The Bang frappe donc très fort avec "Heal" et monte la barre d'un très gros cran par rapport à son précédent album. Plus varié, plus exigeant, plus brutal, c'est le même groupe mais en version Monsieur Plus. Sa musique demande un minimum d'investissement et d'ouverture d'esprit mais il y a un talent fou là-dedans et une volonté de faire quelque chose de personnel, donc mettez les étiquettes de coté et allez jeter une oreille là-dessus. Vu la progression affichée en deux albums, c'est presque effrayant pour la suite.
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