"Tetramental II - Telluria"
Note : 17/20
Vingt-cinq ans pour Nydvind, ça se fête ! Pour Richard Loudin (chant / guitare, ex-Bran Barr, ex-Monolithe), Nesh (guitare / basse / bouzouki, Azziard, End Of Mankind, ex-Bran Barr) et Geoffroy Lacarrière (guitare, Azziard, Paths To Deliverance) ainsi que leur label Malpermesita Records, il est temps de sortir "Tetramental II - Telluria", leur quatrième album.
L’album commence avec la douceur de "Telluria", composition éponyme assez lancinante qui s’assombrit dès que le chant apparaît, lui donnant cette part d’agressivité qui contraste avec le son majestueux de l’instrumentale. Les riffs accélèrent et profitent de leurs influences black metal pour nous piétiner avant de s’apaiser à nouveau et se parer de leurs touches folk plus douces et aériennes, développant des mélodies finalement renforcées par la saturation et les choeurs avant de passer naturellement à "Thanetian Sublimity". L’atmosphère reste assez similaire, profitant à la fois de la puissance des riffs et de la quiétude des harmoniques qui nous enveloppent dans leur voile dissonant avant que la voix n’intervienne, d’abord en parlant puis en rugissant avant d’adopter des tonalités épiques et mélancoliques.
"Heart Of The Woods - Part 2" prend la suite en proposant une référence à leur premier album, tissant un son plus pesant au sein duquel on avance lentement pour finalement nous faire piétiner par des sursauts d’énergie, puis la quiétude reprend sa place avant de nous ballotter à nouveau jusqu’à "Ebony Sanctum". C’est à nouveau le calme qui nous attend, mais il est rapidement suivi d’influences doom / death mais aussi de ses touches légères comme le chant clair qui rendent le morceau assez accessible et envoûtant jusqu’à ce que "Dance Of The Ages" ne vienne prendre sa place. On retrouve également ce son brumeux qui devient parfois plus lourd et sombre mais qui retourne toujours à sa délicatesse originale, à l’inverse d’"Into The Pantheon Of Absinthia" qui nous propose très rapidement une touche ténébreuse et qui va régulièrement l’accentuer pour donner corps à son rideau d’oppression aux rares moments de flottement.
Entre black metal mélancolique et racines pagan féroces, Nydvind trouve des compromis pour laisser parler son coeur. "Tetramental II - Telluria" est un album assez diversifié qui saura autant contenter les amateurs de l’ambiance pesante que ceux qui ne jurent que par la rage.
"Tetramental I - Seas Of Oblivion"
Note : 18/20
Les barbares avaient plusieurs solutions pour mener à bien leurs raids dans nos contrées
fleuries. Ceux du clan de Nydvind ont visiblement choisi la mer, et ils ont finalement élu
domicile à Paris. Stig (batterie, Octavus Lupus , ex-Temple Of Baal, ex- Seide), Hindgard
(chant / guitare, Nunkthul, ex-Bran Barr, ex-Monolithe) et Nesh (guitare / basse / bouzouki,
Azziard, End Of Mankind, Mind Azylum, ex-Bran Barr, ex-The Negation) ont décidé
d’unir leurs forces pour créer des chants guerriers afin d’accompagner leurs pillages. Le
dernier des trois albums que la formation a sorti s’appelle "Tetramental I - Seas Of Oblivion", et fait suite à un
silence de quelques années. Autant dire que si nous avions eu le temps de nous remettre de
leurs attaques, celle-ci sera plus violente encore...
Et leur prochaine attaque s’est avant tout préparée sur un bateau. Les chants motivants des
marins ramant sur "Plying The Oars", amenant une rythmique saccadée au son entraînant
nous laisse penser que les pillards sont revenus en force. Ils auront tôt fait de nous le
confirmer grâce à "Sailing Towards The Unknow", une composition extrêmement longue qui
nous embarque en plein dans le fracas des flots. Les choeurs qui accompagnent les
hurlements rauques instaurent une réelle ambiance maritime, et les riffs viennent s’écraser
sur la coque du navire, qui naviguera cependant dans quelques passages plus calmes. Le
son clair accompagnera alors une rythmique quelques temps avant de nous projeter à
nouveau en plein voyage sous la tempête. Après un final très calme, "Skywrath" réveille la
colère des dieux grâce à une rythmique sombre et saccadée sur laquelle se posent des
hurlements rageurs, guidés par les frappes sauvages de Stig. A nouveau, les Français nous
embarquent pour une longue traversée avec "Till The Moon Drowns", mais celle-ci sera
beaucoup plus lentes. Les harmoniques, quoi qu’un peu brouillon par moments, rendent
hommage au titre, et s’incrustent à merveille entre quelques hurlements et choeurs. Si le
morceau accélère et devient plus lourd, il sera rapidement freiné par un passage sous les
instruments folkloriques de Nesh qui relancera la machine, sous un torrent de blast beat.
"Sea Of Thalardh" et son chant qui se propage grâce à l’écho se tourne vers une rythmique
black metal, mais qui laisse à la basse toute la place nécessaire, alors que les riffs se
durcissent sous les cris de Nunkthul. Suivant un modèle qui semble régner chez Nydvind,
la composition s’apaise pour un break instrumental, puis repart. Le final plus rapide
débouche sur "Dweller Of The Deep", qui accélère encore le tempo. Le groupe continue sur
des riffs sombres et qui incitent à l’écoute contemplative, mais le blast qui accompagne ce
son sale donnera tout de même envie de headbanguer. "Through Primeval Waters" est une autre
composition incroyablement longue, le groupe semble garder ces tonalités sombres qu’ils
utilisent depuis quelques titres. Sans toutefois délaisser les rythmiques millénaires et le
chant avec écho, les riffs rappellent sans mal les premiers titres d’Enslaved, mais le chant
clair qui interviendra de temps à autres m’incite à les comparer à Borknagard, autre
formation éminente du genre. Si ce chant apporte un réel plus à leur musique, l’album est
loin d’être terminé. "Unveiling A New Earth", le titre le plus long de l’album avec ses treize
minutes de composition, débute à peine. Si le début peut sembler un peu long aux amateurs
de violence, il est cependant nécessaire pour vous surprendre avec la tornade qui déboule
d’un coup. On sent cependant que l’atmosphère reste la même. Pesants, lancinants et
lacérants, les riffs de ce titre sonnent à la fois comme une libération et comme une punition
divine. Tout au long du titre, le groupe modulera l’atmosphère à sa guise pour nous aider à
nous représenter l’histoire qu’il conte, puis s’achèvera au loin.
Si l’univers de Nydvind est imposant et marqué, c’est parce que la composition a été
réellement soignée et pensée de bout en bout par les Franciliens. Chaque titre, chaque riff,
chaque note est là pour une raison précise, et on le ressent facilement. Le seul petit bémol
qui pourrait empêcher quelques uns d’entre nous de prendre part à l’aventure ? Le son. Le
mixage est parfois un peu vieillot, mais c’est également ce qui fait son charme sur d’autres
moments, donc je ne peux réellement blamer le groupe pour ce choix. A (re)découvrir sur
scène rapidement, j’espère.
"Sworn To The Elders"
Note : 16/20
A peine je parviens à cesser l’écoute de l’excellent nouvel album de Bran Barr que je me retrouve face à celui de Nydvind. A priori, il n’était pas évident pour un groupe du même genre de passer après le chef-d’œuvre qu’est "Sidh" (dont j’éviterai tout de même de vous chanter les louanges : ce n’est pas le sujet ici !), mais c’est avec une joie incontestable que je constate que "Sworn To The Elders" n’est pas moins preuve de la bonne santé de la scène pagan black metal. Française, qui plus est ! Honnêtement, que demander de plus ? Une introduction de deux minutes vous projette dans les plaines gaéliques inconnues, avant que "Son Of Fire" ne sonne le début de la bataille à coups de riffs typiquement black metal et relativement simples, mais efficaces ! Le mix entre vocaux black hurlés et chant clair solennel et majestueux est visiblement habilement travaillé, et savamment dosé ! S’il y a bien quelque chose qui apporte tout le contentement souhaité, c’est de constater que décidément, monsieur Richard Loudin est très performant lorsqu’il s’agit de composer dans son style de prédilection ! De plus, il est capable de se renouveler suffisamment, même au sein d’un genre identique, afin de parvenir à ne pas faire sonner Nydvind comme son autre groupe Bran Barr, ce qui, avouons-le, est louable ! On remarque immédiatement que Nydvind ne se sert pas d’instruments typiquement folks à outrance pour faire sonner sa musique comme telle, mais mise bien davantage sur le travail de ses ambiances au sein des différents titres qui constituent "Sworn To The Elders". Et avec succès ! Epique, aux litanies païennes évocatrices à l’envi, Nydvind, (ou, autrement dit, le créateur d’hymnes imparables desquels votre esprit aura décidément bien du mal à se détacher) passe donc avec brio le cap du deuxième album, qui ne peut que présager le meilleur pour la suite !