"A Fall Of An Epoch"
Note : 16/20
Si October Falls a bien sorti deux nouveaux morceaux en 2016, son dernier album date quand même de 2013 et il était donc temps qu'un nouveau méfait débarque. C'est chose faite avec "A Fall Of An Epoch" qui, une fois de plus, montre un nouveau visage du groupe. Son prédécesseur avait des relents de Katatonia et présentait une musique mélancolique et posée mais attendez-vous à un revirement assez sec cette fois.
Déjà, les morceaux sont longs puisqu'ils ne sont que cinq pour une durée de quarante-sept minutes ! Ensuite, on remarque bien vite dès le morceau-titre qui ouvre l'album que le black metal et les blasts sont de retour et "A Fall Of An Epoch" constitue probablement l'album le plus agressif du groupe. On commence par quelques arpèges acoustiques mélancoliques qui laissent présager quelque chose d'assez doux cette fois encore mais cela ne dure pas et les blasts viennent bien vite remettre les pendules à l'heure. October Falls ne rigole pas cette fois et montre les crocs, même si la mélancolie inhérente au groupe est bien présente aussi. On est évidemment loin du bourrinage intensif et la sensibilité habituelle d'October Falls se fait toujours sentir dans les moindres riffs et mélodies qui parsèment cet album, mais l'agressivité s'est clairement refait une place et les blasts trouvent plus d'une occasion de s'exprimer. "A Fall Of An Epoch" est donc un album de contrastes et le mélange de violence et de grosses accélérations avec cette mélancolie typique du groupe donne au final une sorte de beauté glaciale. Même si les racines black metal refont surface, il n'y a rien de haineux ici, on est bien plus dans l'introspection ou éventuellement la nostalgie que la colère brute. Sur "The Entime's Rising", c'est d'ailleurs plutôt le côté pagan qui ressort avec un tempo bien plus posé et un côté épique assez prononcé en plus de la tristesse habituelle qui habite toute la musique du groupe, peu importe l'orientation choisie. Si on ajoute de discrets passages acoustiques sur certains morceaux, on a presque toutes les facettes du groupe sur ce nouvel album mais pas toutes dans les mêmes proportions puisque, comme je le disais, la violence a retrouvé de multiples occasions de s'exprimer.
October Falls nous a habitués à changer régulièrement de visage mais ceux qui étaient tombés sur "The Plague Of A Coming Age" et avaient apprécié sans chercher à creuser plus loin vont avoir une surprise avec "A Fall Of An Epoch". Rien d'étonnant pour ceux qui sont déjà familiers de la musique du groupe par contre puisque toutes les influences et sonorités présentes ici ont déjà été exploitées au moins une fois sur de précédentes sorties. Pour autant, le fait qu'elles ne soient pas toujours utilisées de la même façon et mélangées dans les mêmes proportions permet à October Falls de ne jamais se répéter et de livrer une fois de plus un album inspiré et authentique. Le tracklisting est assez équilibré puisque l'on se retrouve à peu près avec un morceau rapide et violent puis un autre plus posé. On retrouve peut-être un peu plus de passages mid-tempo que de blasts mais le boost de violence est quand même significatif par rapport au précédent album et les ambiances sont plus froides dans la droite lignée du black ou du pagan black. Une preuve supplémentaire qu'avec ce groupe il faut toujours s'attendre à une surprise même si on sait plus ou moins quel est le spectre sonore d'October Falls, on ne sait jamais exactement dans quelle direction le groupe va partir. C'est une bonne chose en soi mais ça l'est encore plus quand on se rend compte que l'inspiration et la qualité sont systématiquement au rendez-vous, October Falls aime surprendre et cela n'a rien d'un gimmick ou d'un exercice de style. Suivant les émotions qu'il veut véhiculer ou l'humeur du moment, il adopte l'un ou l'autre de ses visages et met la même honnêteté et la même implication dans tout ce qu'il fait.
Un nouvel surprenant une fois de plus et qui part dans une direction plus black metal et plus intense. Les parties acoustiques et la mélancolie sont toujours là mais la violence trouve plus d'une fois l'occasion de s'exprimer et "A Fall Of An Epoch" est sans conteste l'album le plus dur d'October Falls.
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"The Plague Of A Coming Age"
Note : 14/20
S'il y a une chose que l'on ne peut pas reprocher à October Falls, c'est bien de stagner ! Entre le folk acoustique des débuts, suivi d'une orientation plus metal avec des accents de black pagan voilà que le groupe s'est encore métamorphosé pour ce "The Plague Of A Coming Age".
On retrouve encore quelques vestiges du côté black, principalement au niveau du chant ou de quelques ambiances très froides. Mais globalement on navigue dans un metal mélancolique et souvent mid-tempo, on peut d'ailleurs penser à Katatonia ou plutôt October Tide de temps en temps au niveau des mélodies. Les passages acoustiques, quant à eux, ont été drastiquement réduits et n'apparaissent qu'épisodiquement, par conséquent le côté folk a lui aussi presque totalement disparu. Autant dire que les amateurs des précédents albums risquent de déchanter ! Ils pourront toujours se consoler avec l'ambiance générale qui est toujours aussi automnale, à ce titre la pochette colle parfaitement au contenu.
Le seul problème c'est que ça peut paraître assez linéaire sur la durée, le fait que les passages folk ou acoustiques aient disparu pour laisser la place à quelque chose de plus purement metal rend l'album un poil monolithique. On ne s'ennuie pas vraiment puisque l'album est régulièrement émaillé de passages magnifiques et très mélodiques, mais certains vont peut-être ressentir une petite lassitude en arrivant vers la fin de l'album. Il n'y a que "The weight Of The Fallen" qui vient brusquer un peu l'auditeur avec un petit blast des familles, et c'est là qu'on se rend justement compte qu'October Falls n'aurait rien perdu à dynamiser un peu sa formule. Un peu plus de variété au niveau des structures ou des rythmes auraient rendu le tout plus vivant, même si la démarche de faire un album assez monolithique est cohérente. C'est vrai que le propos n'est pas franchement joyeux, c'est somme toute logique de se retrouver avec une chape de plomb continue sur le coin de la tronche.
Bon album donc de la part d'October Falls qui tranche un peu plus avec son passé, plus metal, moins varié, encore plus mélancolique et Katatoniesque. Après c'est peut-être le printemps pointant le bout de son nez qui fait que je me dit qu'il aurait gagné à être un peu plus dynamique, parce qu'il faut être dans un état d'esprit particulier pour apprécier ce genre de musique à sa juste valeur. Toujours est-il que ça reste du bon en dehors de ces quelques petites remarques, ça aurait simplement pu être encore mieux dans le même créneau.
"A Collapse Of Faith"
Note : 16/20
Mais quel génie, quelle véhémence onirique chez October Falls !!! J'ai raté le wagon de "The Womb Of Primordial Nature" en 2008, il va falloir que je corrige le tir rapidement.
October Falls m'avait beaucoup impressionné avec "Turoni" et "Marras", mais les aléas de la vie ont fait que je n'ai pas continué l'aventure musicale en suivant la discographie de très près d'October Falls.
Si les premières productions du groupe, en fait dirigé surtout par M Lehto avaient plus d'ambiances acoustiques comme l'album de Ulver "Kveldssanger", la transformation de la chrysalide a opéré et l'imago folk metal est définitivement là.
October Falls nous emmène loin, dès la première note de musique la peau se met à frémir, le poil se hérisse, la chair de poule apparaît, les yeux se ferment. On se sent enveloppé dans le monde d'October Falls, c'est mieux qu'Avatar, on ressent la moindre onde sensitive qui s'éparpille dans l'air.
L'album se compose des trois titres seulement, trois parties divisées qui durent au total 42 minutes.
La production est posée sur du velours, les basses sont calfeutrées et l'on ressent les vibrations cosmiques de ce "A Collapse Of Faith" comme l'ultime musique avant la fin de notre passage sur Terre.
On retrouve évidemment des longs passages acoustiques comme sur les premières productions, des passages où la guitare est d'une douceur cruelle sont séparés par des rythmiques électriques totalement folk, où les thèmes de la nature, et des éléments viennent indubitablement à l'esprit sans avoir la portée véritable des paroles. Des paroles qui sont ici aussi peu nombreuses pour laisser largement la place aux instruments qui ont plus à dire que ne pourrait le faire l'être humain. On se délecte d'une mélancolie puissante, la mélancolie typique des groupes finlandais, celle de d'Insomnium, celle de Decoryah, de Yearning, ce côté presque doom. Cela se ressent beaucoup sue les morceaux de October Falls, même si la musique se veut folk, presque dark, le visage mélancolique est face à nous lors de l'écoute de cet album.
Juste une phrase sur la production qui est pour moi impeccable, les guitares sont superbes, la basse s'entend merveilleusement bien et la batterie est profonde. October Falls possède un chant aussi très black et folk, agrémenté de choeurs lointains par moment.
Sans aller chercher plus loin que la facilité, le groupe a intitulé ces titres I,II, III comme ça lorsqu'on parlera des chansons il sera plus facile de les reconnaître.
Le deuxième morceau, quasiment aussi long que le premier d'une durée avoisinant les 18 minutes, possède la même recette que le premier si ce n'est que quelques passages rapides, de black folk, viennent à point nommé pour donner à la chanson un aspect plus rugueux, plus explosif, tout en restant dans la limite folk qu'October Falls impose.
L'enchaînement avec le premier titre n'est pas perceptible, on a la sensation qu'an final il s'agit d'une seule et même chanson qui s'étale dans nos oreilles, une seule histoire.
Cette alternance de passages acoustiques en arpège efficace et passage plus violents, plus black metal nous offrent un album majestueusement magnifique.
Le dernier titre contrairement aux deux premiers, est d'une longueur normale allons-nous dire, car il avoisine les cinq minutes. Exactement dans la veine des deux premiers, il aurait alors peut-être mieux valu, partager l'album en seulement deux morceaux ou même carrément ne faire qu'une seule chanson de quarante minutes et des poussières, afin de n'offrir qu'un bloc soudé.
En tous les cas, "A Collapse Of Faith" montre bien le talent, de ce trio et surtout malgré cette grandeur, cette humilité musicale. Car quand on écoute October Falls on s'ouvre à la nature, avec humilité, et avec respect...
Un album intemporel...
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