Formé et mené par James Oskarbski, Odious Spirit sort son premier album "The Treason Of Consciousness" chez I, Voidhanger Records, ce qui devrait vous permettre de deviner que l'on a affaire à un projet atypique. Et effectivement le death metal du groupe se fait assez complexe, malsain, dissonant et bien barré. Bref, ça ne s'adresse pas à tout le monde mais si vous aimez les albums étouffants et qui suintent la folie par tous les pores voilà qui devrait vous parler.
"Long Stretch Of Bleeding Light" démarre l'album avec déjà près de sept minutes au compteur et un rythme pesant au démarrage avec des riffs malsains, lourds et bien baveux qui sentent bon le death metal à l'ancienne. On sent l'odeur du soufre par ici et Odious Spirit est très loin des groupes de death metal aseptisés qui pullulent de nos jours, on entend des ambiances que n'aurait pas renié un certain Immolation par moments. Sans partir dans des structures alambiquées Odious Spirit arrive à nous donner l'impression d'être totalement perdus dans un labyrinthe dont les murs se déplacent en permanence, le tout grâce à ces mélodies habitées qui posent des ambiances malsaines et qui puent la folie à des kilomètres. "The Hissing Pyre" ne nous facilite pas non plus le voyage avec ses onze minutes et ses riffs dissonants. Là aussi l'ambiance est poisseuse, malsaine et les riffs semblent ramper hors des enceintes pour laisser une belle coulé de bave radioactive sur la moquette. Quelques blasts débarquent bien vite pour durcir encore le ton d'un death metal qui se faisait déjà impitoyable par son ambiance épaisse et méphitique. Odious Spirit ressuscite l'esprit que le genre a tendance à perdre depuis longtemps, avec ce feeling fou, démoniaque et possédé. Bref, du death metal qui fait peur et qui n'oublie pas le mot "death" dans l'équation. Pourtant, à ce feeling old school le maître d'œuvre associe une patte plus moderne avec ces fameuses sonorités dissonantes et quelques rythmiques plus tordues et plus complexes. Le mélange est très efficace et "The Treason Of Consciousness" se fait aussi brutal que malsain, éprouvant sans être outrageusement hermétique non plus.
Un bon équilibre qui le rend fou mais relativement abordable si on prend la peine de se plonger dedans. Ce qui ne veut pas dire qu'il est facile à assimiler pour autant, ne serait-ce que par la longueur de certains morceaux justement. L'album ne dure que trente-six minutes certes, mais elles ne sont réparties que sur cinq titres ! Il va donc quand même falloir accorder un minimum d'attention à ce premier album qui a tendance à nous malmener de multiples façons. Le dernier morceau de l'album, "Unbending Follicle, Unending Blight", est probablement le plus allumé de tous avec des parties plus techniques, des guitares qui se lâchent totalement et tissent un labyrinthe de notes et de dissonances. Les blasts sont présents sur quasiment tout le morceau, ce qui en fait aussi le plus brutal de l'album qui se termine sur quelque chose de bien taré ! Ce dernier pavé de près de neuf minutes ne lève jamais le pied, ne s'arrête jamais et nous fait entendre une intensité et une folie éprouvantes. Même si cette fin d'album pousse les potards dans le rouge le constat de l'intensité pourrait se faire pour l'album dans sa globalité, "The Treason Of Consciousness" ne vous veut pas du bien et vous le fait comprendre. Tortueux, brutal et malsain ce premier album ne tombe pas pour autant dans le piège de la musique chaotique qui finit par ne plus ressembler à grand chose, un piège dans lequel plusieurs groupes sont tombés ces dernières années. Odious Spirit sait doser ses parties les plus complexes et contrôlé suffisamment sa folie pour rester compréhensible tout en gardant ce côté possédé et flippant qui donne une sacré épaisseur aux ambiances développées.
"The Treason Of Consciousness" est donc une très bonne carte de visite et on espère qu'Odious Spirit va continuer à nous en mettre plein la tronche à l'avenir. En attendant, voilà du bon death metal malsain, qui conjugue le moderne et le old school dans des morceaux brutaux, complexes et assez dingues. On y retrouve avec plaisir ce qui manque à beaucoup de groupes brutaux de nos jours, à savoir une ambiance qui sent le soufre et une folie qui menace d'exploser à tout moment.
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