Armé de trois guitaristes et de deux chanteurs en plus d'un bassiste et d'un batteur, ce qui n'est pas banal dans le metal extrême, le groupe hollandais Onheil nous amène son troisième album "In Black Ashes". Au programme, une sorte de black / death metal furieux et mélodique qui fait la part belle aux harmonies de guitares et donc à quelques influences heavy metal.

"Night Terror" ouvre le bal et le début du morceau peut rappeler Dissection avant que des riffs bien plus thrash ne débarquent et lancent une bonne rafale de blasts. On sent de suite que le groupe va proposer un metal énergique, mélodique et assez groovy par moments avec un rythme soutenu et pas mal de blasts. Le tout reste très mélodique et le mélange de leads accrocheurs et de blasts effrénés est toujours aussi efficace, pour une ouverture d'album c'est donc totalement approprié et l'effet est réussi ! Ce premier morceau a tout de l'appel au headbanging et devrait être fédérateur en live, il y a tout ce qu'il faut pour enflammer une salle et se mettre le public dans la poche en un rien de temps. On sent quelques influences, la formule est connue et Onheil n'invente rien, mais le savoir-faire est évident et le sens mélodique du groupe est indéniable. Même si la plupart des morceaux s'approchent de six minutes, on ne s'ennuie jamais et le groupe arrive à tenir un rythme haletant sans jamais tomber dans la redite. Le morceau-titre enchaîne et là aussi on prend notre dose de passages groovy, de blasts énervés, de mélodies accrocheuses et fédératrices et de riffs thrashy bien tranchants. Tout ça est en plus servi par un son bien adapté concocté par le fameux Dan Swanö qui n'a plus rien à prouver depuis bien longtemps, un mixage de sa main est toujours gage de qualité. En tout cas, voilà un groupe qui a tout compris et qui ne laisse ni la violence ni la mélodie prendre le dessus, les deux cohabitent joyeusement et si l'ensemble est toujours accrocheur il reste aussi intense avec des blasts très présents.

On a souvent des groupes chez qui la balance penche trop d'un côté ou de l'autre, soit trop bourrins au point que l'excès désamorce la violence, soit trop mélodiques au point de devenir trop mous. Onheil esquive ces deux problèmes et équilibre parfaitement les deux dans des morceaux énergiques, violents, mélodiques et accrocheurs. On a ce qu'il faut de passages plus lourds ou plus groovy pour couper un peu le rythme et dynamiser le tout, bref Onheil utilise les bons outils au bon moment pour que son black / death reste percutant en permanence. "Void" lève d'ailleurs un peu le pied avec un mid-tempo un peu plus mélancolique qui tranche bien avec la furie présentée par la première moitié de l'album, même si les blasts finissent évidemment par se faire entendre de nouveau le temps d'un petit passage plus nerveux. On a droit aussi à plusieurs soli de guitare sur cet album, avec trois guitaristes ça aurait été dommage de se priver, et ils sont tous inspirés, mélodiques et devraient ravir les oreilles des amateurs de duels guitaristiques. "Beneath A Steel Sky" remet vite les pendules à l'heure et les blasts s'invitent dès le début du morceau pour remettre du carburant dans la machine après un morceau plus posé. Si vous vous souvenez du morceau "Embrace The Chaos" sur le deuxième album du groupe, "Storm Is Coming" sorti en 2014, vous aurez une bonne idée de ce qui vous attend sur "In Black Ashes". C'est intense mais toujours mélodique et donc jamais indigeste, Onheil évite tranquillement le piège de la surenchère à tous les niveaux alors même que ce nouvel album pousse tous les bouchons plus loin.

"In Black Ashes" est en effet un album encore plus violent, intense, rapide et mélodique que son prédécesseur. Pourtant tout ça passe tout seul et ces quarante minutes ne souffrent d'aucun temps mort, d'aucune redite et aucun sentiment de lassitude ne nous assaille tant Onheil maîtrise sa formule.