"Flesh Requiem"
Note : 19/20
Paganizer avait encore un album sous le coude. Bien que fraîchement signés chez Xtreem
Music, Rogga Johansson (guitare / chant, Carve, Dead Sun, Eye Of Purgatory, Furnace,
Massacre, Megascavenger, Revolting, Ribspreader…), Matthias Fiebig (batterie,
Blodsrit, Carve, ex-Ribspreader), Martin Klasén (basse) et Kjetil Lynghaug (guitare, Heir
Corpse One, Stass, Ribspreader…) honorent leur contrat avec Transcending Obscurity
Records pour la sortie de "Flesh Requiem", le treizième album du groupe.
Parler de Paganizer, c’est parler de l’un des groupes suédois les plus prolifiques qui, dès sa
première démo il y a vingt-six ans, est resté fidèle à ses origines suédoises. Ce son dit “de
tronçonneuse” créé par la HM-2 qui sévit encore et toujours accompagnée de ses
vociférations, et qui reste à mon humble avis l’un des plus efficaces du marché, et que le
groupe va bien entendu exploiter pour nous frapper de toutes ses forces. Si on retrouve
immédiatement une approche hautement agressive et rapide sur "Life Of Decay" et "Meat
Factory", les deux premiers morceaux, les musiciens sont également capables de créer une
ambiance plus pesante sur la lente "Flesh Requiem" où les leads entêtants prennent les
devants, mais qui offrira tout de même quelques passages plus vifs. Une petite feinte avec
l’introduction calme de "Hunger For Meat", mais le titre est court et ne trompe pas : il est basé
sur la violence pure tout comme "Viking Supremacy" qui lui emboîte le pas avec des vagues
de fureur dévastatrices.
"World Scythe" reprend ces patterns saccadés teintés d’harmoniques
entêtantes et de leads travaillés, mais la batterie reprend le dessus pour nous mener au
sample final, puis à "Fare Thee Well (Burn In Hell)" qui ne surprendra personne en s’orientant
vers des passages explosifs pour rythmer sa rage. L’assaut continue à une vitesse similaire
sur "Necromonolithic" mais les refrains laissent le chant prendre le dessus avant de revenir à
ce bon vieux blast old school avec "The Pyroclastic Excursions", laissant tout de même une
place intéressante aux leads dans ses riffs rapides. Le matraquage se poursuit avec "Just
Another Doomsday" qui n’abandonne pas sa recette originelle, mais qui l’agrémente de
sursauts plus imposants avant la courte touche mélancolique de "Suffer Again", brisée par sa
violence, mais le groupe trouve tout de même le moyen de la faire revivre grâce aux guitares
avant de refermer son album sur "Skeletons", déployant autant ses racines utilisées sur tout
l’album que des pointes de heavy metal dans les solos tranchants.
Paganizer continue de régner sur le death à la suédoise avec une recette inchangée, et le
groupe sait y faire. "Flesh Requiem" propose une nouvelle dose de quarante minutes où les
musiciens ne nous accordent absolument aucun temps mort. Une vraie réussite.
"Forest Of Shub Niggurath"
Note : 19/20
Entrons avec Paganizer dans "Forest Of Shub Niggurath". Pour fêter sa signature avec
Xtreem Music, le groupe mené par Rogga Johansson (guitare / chant, Carve, Dead Sun,
Eye Of Purgatory, Furnace, Massacre, Megascavenger, Revolting, Ribspreader…),
Matthias Fiebig (batterie, Blodsrit, Carve, ex-Ribspreader), Martin Klasén (basse) et
Kjetil Lynghaug (guitare, Heir Corpse One, Stass, Ribspreader…) nous offre ce nouvel
EP.
Après quelques coups de cloche, "The Outer Gods" nous rappelle que le groupe joue du
death à la suédoise, et qu’ils ne sont pas là pour trier les lentilles avec leurs riffs sanglants
bourrés à la HM-2 surmontés des vociférations de Rogga. Quelques touches plus sombres
apparaissent de temps à autre lors des passages plus lents et inquiétants, mais la rythmique
redevient plus énergique avec "Forest Of Shub Niggurath" qui s’ancre dans cette approche
old school sauvage et saccadée. On sent également sur ce morceau que le groupe a inclu
des éléments plus occultes qu’une simple vague de puissance brute, alors que "Malediction
Burns" emprunte au brutal death avec notamment ce sample introductif et son agressivité
évidente.
Le titre est relativement court, tout comme "Rlyeh Ascends" où les musiciens
proposent une approche relativement plus mélodieuse tout en conservant ce son si
caractéristique et abrasif qui se poursuit avec "A Foul Creature", où quelques harmoniques
plus criardes donnent du relief à certains passages. "Gasmask Obsession Redux" referme
l’EP avec des tonalités taillées pour la scène, que ce soit les influences thrash / death
accrocheuses ou les régulières accélérations, et on sait que l’on peut compter sur ce
morceau pour se décrocher les cervicales une dernière fois.
Bien que trop court, Paganizer nous montre avec "Forest Of Shub Niggurath" que son death
metal occulte reste toujours aussi qualitatif. L’EP nous offre tout ce que l’on cherche dans la
scène suédoise, et on ne peut que le savourer en remuant le crâne.
"Beyond The Macabre"
Note : 19/20
Rien n’arrête Paganizer. Créé en 1998 en Suède, le groupe mené par Rogga Johansson
(chant / guitare, RIbspreader, Massacre, Eye Of Purgatory, Necrogod…) et complété par
Matthias Fiebig (batterie, Blodsrit, Mordenial, ex-Ribspreader…), Martin Klasén (basse,
ex-Vicious Maggot) et Kjetil Lynghaug (guitare, Monstrous, Mordenial, Stass…)
annonce "Beyond The Macabre", son douzième album.
Le groupe commence en beauté avec "Down The Path Of Decay", un premier titre très
saccadé et puissant qui ne laisse aucun temps mort. La rythmique épaisse se lie aux
hurlements, aux harmoniques inquiétantes et aux mélodies agressives, tout comme "Left
Behind To Rot" et son blast dévastateur. Le titre reste dans cette optique d’efficacité brute
entrecoupée de parties rapides, tout en laissant aux riffs groovy et efficaces une place de
choix, permettant à ce cri final de nous mener à la sombre "Meatpacker". La composition
saura nous montrer son côté agressif tout en plaçant des mélodies simples et cinglantes
doublées par des vociférations puissantes, que l’on retrouve sur la chaotique et brute
"Sleepwalker". Ce morceau est pour moi l’incarnation du death à la suédoise, laissant les riffs
gras rivaliser avec des patterns aussi sauvages et des mélodies lancinantes tout comme
"Succumb To The Succubus" qui va placer des influences thrash cinglantes dans cette
rythmique épaisse et martiale.
Le blast quasi permanent nous laisse dans cette vague de
puissance, et les leads nous conduisent à l’inquiétante "Raving Rhymes Of Rot", une
composition plus lente et pesante. Le son se montre plus inquiétant et plus lourd tout en
laissant les leads créer une dissonance intéressante ou des leads épiques avant que
"Beyond The Macabre" ne fasse revivre l’agressivité pure couplée à des mélodies prenantes
que le groupe développe aisément. On retrouve cette même approche énergique sur la
courte et froide "Menschenfresser", une composition qui laisse la lourdeur et les harmoniques
perçantes jouer leur rôle avant la très mélodieuse "You Are What You Devour" qui met en
avant ces leads sanglants. Le reste du titre restera axé sur l’efficacité brute et les riffs
saccadés avant ce final plus lent et plaintif, qui nous laisse terminer l’album avec "Unpeaceful
End" et la voix si particulière de Karl Willets (Memoriam, ex-Bolt Thrower) pour
accompagner cette lenteur apocalyptique et épique.
Paganizer a toujours été une figure importante et prolifique du death metal, "Beyond The Macabre" va encore une fois nous le prouver. L’album reste ancré dans ses racines
suédoises, mais il sait également laisser d’autres influences entrer dans son univers violent,
ce qui ne peut qu’être bénéfique.
"The Tower Of The Morbid"
Note : 17/20
Le musicien prolifique Rogga Johansson trouve encore le temps de nous pondre un album, d’un énième projet, toujours dans un genre qu’il connaît très bien, le death metal. Accompagné de son acolyte et lead guitariste Kjetil Lynghaug, notre Suédois hyperactif nous pond "The Tower Of The Morbid" avec son groupe Paganizer, un skeud dont la sublime pochette est une illustration de Dan Seagreave, et dont le layout a été conçu par les mains expertes de l’artiste Turkka G. Rantannen, rien que ça ! Vous l’aurez compris, la version vinyle est sublime, avec cette magnifique pochette représentant une forteresse abritant certainement des forces obscures, avec ce cours d’eau tumultueuse qui s’élance des monts hostiles, l’ensemble étant peint avec des tonalités verdâtres, rappelant ainsi la pochette du dernier The Black Dahlia Murders, "Verminous".
Musicalement, rien de nouveau sous le soleil de Suède, que dire de plus à part le fait que nous avons droit une fois de plus à un metal de la mort très encré dans les us et coutumes du nord de l’Europe, à grand renfort de mélodies dramatiques, de riffs rampants et d’harmonies angoissantes (Grave, Entombed, Bloodbath), on a un peu de tout ça chez Paganizer, l’ensemble étant soutenu par un gros son de guitare et une batterie à la double pédale mise en avant, une basse très présente qui sonne comme un câble d’ascenseur en acier et un chant grumeleux de vieux démon asthmatique. Tout est policé chez Paganizer, très bien fait, et cette application à respecter les codes du genre, allié à une efficacité naturelle pour structurer l’ensemble nous fait vite oublier la non-originalité des compositions. Les 11 titres s’enchaînent sans réellement faire émerger de moments particuliers dans l’écoute, on balance la tête comme des abrutis sans s’en rendre compte avec ce genre de musique, et c’est l’effet escompté. Bon, je suis mauvaise langue, il y a des titres qui passent mieux que d’autres, comme "They Came To Die", qui a quand même une propension à devenir un potentiel single, entre le groove d’un Metallica du black album et des harmonies à la old In Flames ou Dark Tranquillity. La où Paganizer excelle, c’est dans l’art de proposer de la riffaille d’une efficacité redoutable. Trouvez-moi ne serait-ce qu’un passage ennuyeux ou une intervention musicale qui n’aurait pas sa place au moment même où elle se manifeste ? Impossible de reprocher quoi que ce soit, si ce n’est que, justement, le côté "disque de death metal parfait" peut de ce fait être l’élément lacunaire de cette sortie mais bon, on s’en fout un peu que ça sonne comme 36000 autres sorties du genre, tant que l’efficacité est au rendez-vous, et puis bon, les solos présents dans ces compositions sont si entraînants, le drumming si radical, le son des guitares si puissant, ça plairait à des ogres cette histoire !
Si le death metal pataud et lourdingue, un tantinet crassouille qui trace en mode rouleau compresseur, genre Six Feet Under ou Grave, c’est votre came, eh bien Rogga Johansson à ce qu’il vous faut, une bonne dose du dernier Paganizer ! "The Tower Of The Morbid" est aussi efficace qu’entraînant, et développe un climat à la fois oppressant et vindicatif. Un excellent skeud sur lequel tu as envie de revenir encore et encore, parce qu’il a un petit goût de reviens-y.
"Land Of Weeping Souls"
Note : 17/20
Amis de la poésie et de la douceur, fuyez aussi vite que possible ! Pourquoi ? Parce que Paganizer a sorti un nouvel album. La formation suédoise menée par Rogga Johansson (chant / guitare) distille un death metal puissant depuis 1998, eh bien ce n'est visiblement pas près de s'arrêter. Accompagné de Matthias Fiebig (batterie), Martin Klasén (basse) et Kjetil Lynghaug (guitare lead), Rogga a formé Paganizer sur les cendres de Terminal Grip. Ajoutez-moi une pochette créée par le talentueux Daniel "Devilish" Johnsson, et je pense que les mots ne suffiront plus pour décrire les riffs haineux des Suédois. Tenez-vous prêts, parce qu'on attend personne.
L'album démarrera avec "Your Suffering Will Be Legendary", un titre empli de violence et qui sent la revanche à plein nez. Je ne sais pas à qui cette chanson est dédiée, mais je lui souhaite bien du courage pour endurer une souffrance aussi intense que les riffs des Suédois. On repart sur "Dehumanised" et son blast furieux dès le début alors que Rogga hurle plus fort que jamais. La guitare lead de "Forlorn Dreams" me séduit instantanément, transportant littéralement mon esprit un peu plus loin, alors que la violence ne faiblit pas. "Land Of The Weeping Soul" et son terrifiant sample final vous mettront dans l'ambiance pour l'impact de "The Insanity Never Stops", avec des riffs qui sonnent très... atmosphériques. Je sais, je me surprends également à écrire ça, mais c'est l'impression que j'ai. On reviendra sur de la violence pure avec "Selfdestructor" et ses riffs lents mais lourds qui semblent avoir déjà vingt ans, alors que "Death Addicts Posthumous" renouera avec la rapidité. Une guitare lead tranchante et une rythmique qui laisse à la basse toute la place dont elle a besoin pour un effet monumental. "The Buried Death" sonne comme un appel au mosh pit alors que ses riffs ralentiront pour exploser à nouveau, alors que "Soulless Feeding Machine" me fera aimer les solos. D'habitude, j'ai tendance à les détester, mais celui-ci, rempli d'harmoniques pénétrantes est réellement divin... Dernier morceau, "Prey To Death" regroupera tout ce que le groupe sait faire de meilleur : des riffs qui pénètrent l'esprit pour ne plus en ressortir, tout en jouant sur l'aspect violent de la chose.
Que dire du dixième album de Paganizer à part que n'importe quel fan de death metal va l'adorer ? Si le groupe se faisait désirer avec sa sortie spectaculaire d'EPs entre 2013 et maintenant (5 tout de même...), l'attente en valait la peine. Avec une discographie aussi fournie, on se demande quel titres les nouveaux morceaux vont remplacer sur les setlists... J'espère avoir la réponse bientôt !
"World Lobotomy"
Note : 12/20
Tiens ça faisait longtemps que je n'avais pas écouté de production de Rogga Johansson, avec le recul je lui préfère maintenant The Grotesquery un peu plus fouillé que Paganizer qui se contente d'envoyer grassement un death suédois traditionnel... depuis 1998.
Mais soit, voici donc le nouvel et neuvième album de Paganizer, le groupe de Rogga et pour ceux qui ne le connaissent pas, c'est le Saint Christ du death metal, il compose des albums aussi vite que Jésus distribuait des pains. On a donc pu le voir dans pas mal de projets, des projets qui se ressemblent mais qui sont effectivement plutôt sympa, comme Bone Gnawer, Revolting, Putrevore... Autant de groupes aux consonances death suédoises grassouillettes, mais Rogga ne s'en est jamais caché. Il a toujours dit qu'il écrivait du death metal...
Donc Paganizer revient deux ans après "Into The Catacombs", sans vraiment avoir eu le temps de se reposer parce qu'entre les divers splits, les autres projets... il n'arrête pas et finalement Paganizer non plus n'arrête pas.
Mixé et masterisé par Ronnie Björnström de Enhanced Audio Prod au Garageland Studio, le son de "World Lobotomy" n'a pas bougé d'un pouce par rapport à d'habitude, comme Bone Gnawer ou The Grotesquery ça sent bon le graillon, la baraque à frites au niveau des riffs et des rythmiques.
Paganizer est devenu une machine à fournir des morceaux de gros death metal calqués toujours sur le même schéma, c'est puissant dans les guitares, c'est guttural au possible dans la voix, et les rythmiques deviennent sans surprise...
Effectivement à écouter l'album comme ça, il est toujours marrant de se prendre entre les oreilles du death old school, presque inspiré pour le coup par des trucs un peu punk et d'autres plus thrash crasseux. On en irait presque à dire qu'il y a quelques airs du death de la bande à Speckmann (Master) sur cet album...
L'album, bien que composé de douze morceaux, est plutôt court, puisque il s'arrête aux quarante minutes.
Donc oui, Paganizer balance sa sauce traditionnelle sans se soucier du qu'en dira-t-on. Il y a même quelques bons passages qui s'approchent vraiment de Grave comme sur "You Call It Deviance", un des morceaux qui groovent salement.
Ce "World Lobotomy" n'a rien d'innovateur, mais ça on le sait depuis longtemps avec Paganizer, donc la déception ne sera jamais là, par contre au bout de neuf albums, ce n'est pas que ça commence, c'est que ça tourne un peu en rond.
La grosse artillerie est là, bien sûr, mais hormis "Mass Of Parasites" qui pose une ambiance un peu plus lourde et massive, hormis "You Call It Deviance" dont on vient de parler le reste c'est la même chose. Ça déboîte, c'est huileux et méchamment death, mais c'est la même chose.
Alors oui, Paganizer a sorti un nouvel album sympa, comme Grave aussi, comme Graveyard aussi, il s'écoute, il est plaisant s'il était tout seul, mais c'est quand même le neuvième... et les huit autres sont du même acabit hormis peut-être "No Divine Rapture" et "Scadinavian War Machine".
Par contre l'artwork réalisé par Juanjo Castellano connu pour ses œuvres faites pour Anal Vomot, Putrevore, Belial ou encore Sathanas, est franchement réussi mettant bien en valeur le côté morbide du death de Paganizer.
Donc pour celui qui n'a aucun Paganizer, qui ne connait ni Grave, ni Benediction, celui-là pourra largement se faire les dents sur ce nouvel album honorable, mais sinon pour les autres, bien il n'est pas vraiment indispensable...