Nouvelle signature du label N-Vox Productions, le one-man band Pictures On Silence mené par Fred Bressan nous amène son premier album "Mental Haze" et nous emmène naviguer sur des eaux post-rock ambiant. Le maître d'oeuvre a tout enregistré et tout joué en dehors de la batterie tenue par Quirin, du chant sur "Brainwashed" réalisé par Victor de Reigan-Do (dont vous avez entendu parler en ces pages numériques) et du violoncelle sur "Band-Aids Don't Stick Anymore" joué par Tomo Rozman.
Pour le précédent EP, le bougre était allé jusqu'à faire ses propres pédales d'effets, c'est dire l'implication et la passion avec lesquelles il produit sa musique ! Quand on voit à quel point certains s'enfoncent dans une routine et gèrent leur groupe comme une entreprise, on se dit que cela fait du bien de faire face à des artistes qui ont une vision et se donnent les moyens de lui donner vie. Mais plongeons justement dans le vif du sujet avec "Band-Aids Don't Stick Anymore" justement qui ouvre l'album avec déjà plus de huit minutes au compteur. L'ambiance qui nous accueille dans la première morceau est très étrange, à cheval entre la contemplation tranquille et une atmosphère plus inquiétante et plus noire. Pictures On Silence marque donc sa singularité dès le début et nous fait entendre que si certaines sonorités sont reconnaissables, il y a une personnalité déjà bien affirmée qui s'exprime par ici. La sensation d'introspection est évidente et une mélancolie certaine habite ce premier morceau qui fait entendre de très belles mélodies et laisse donc passer un peu de lumière au milieu de ce ciel chargé de nuages menaçants. En dehors du titre "Brainwashed", ce premier album est instrumental et les émotions passent donc par les mélodies, sans lignes de chant pour les appuyer et rattraper le tout. Un "Brainwashed" qui se fait d'ailleurs un peu plus dur ne serait-ce que par la présence du chant de Victor justement, un chant crié qui noircit l'ambiance et permet d'ajouter encore une autre facette à la musique de Pictures On Silence.
Le fait de na pas avoir de chant le reste du temps pour appuyer les ambiances est précisément ce qui rend l'exercice de l'instrumental difficile, ne pas pouvoir se reposer sur des lignes de chant pour captiver et accrocher l'oreille. Ce n'est pas un problème pour Pictures On Silence qui a visiblement un don pour nous faire apparaître des images devant les yeux à l'écoute de sa musique. "Endless Skies" amène un peu d'instruments électriques et fait donc ressortir la facette la plus post-rock du projet, les ambiances restent aussi feutrées et prenantes mais ces sonorités amènent un dynamisme supplémentaire. On a aussi droit un très beau solo aérien et tout en mélodies lui aussi, un régal pour les oreilles et une belle dose d'émotions qui se fait ressentir. Une petite respiration plus concise avant "Megalomaniac" qui repart lui aussi sur plus de huit minutes avec quelque chose de plus touffu et de plus exigeant. Toujours aussi riche en parties ambiantes mais plus dense aussi ne serait-ce que par sa durée. Les sonorités post-rock sont toujours là mais se fondent dans un ensemble là encore presque contemplatif par moments, le thème développe avec une montée en puissance en deuxième partie de morceau en devient même hypnotique ! D'ailleurs, même si les morceaux durent entre six et huit minutes, l'album ne dépasse pas les trente-cinq minutes, on reste donc sur quelque chose de concis qui n'a pas le temps de se perdre dans ses propres méandres.
Pictures On Silence décide de ne pas trop s'étaler pour son premier album et arrive du coup à nous emmener dans son monde sans subir le moindre passage à vide. Les émotions se font sentir, les mélodies frappent au cœur et l'exercice de l'instrumental est maîtrisé sans problème avec des ambiances contemplatives et évocatrices. Un projet qui montre déjà une forte personnalité et qui transmet à chaque seconde l'implication de son auteur, donc si vous êtes lassés par l'uniformisation de la scène metal vous savez ce qu'il vous reste à faire !
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