J’ai rarement entendu un groupe aussi étrange que Ponte Del Diavolo. Créé en 2020, le
groupe italien qui rassemble Elena “Erba Del Diavolo” Camusso (chant), Alessio
“Krhura” Caruso (basse), Andrea “Kratom” l'Abbate (basse), Stefano “Segale Cornuta”
Franchina (batterie) et Rocco “Nerium” Scuzzarella (guitare) sort trois EPs avant de
rejoindre l’écurie de Season Of Mist en 2024 pour la sortie de "Fire Blades From The Tomb",
son premier album.
C’est avec le son entêtant de "Demone" que le groupe attaque grâce à des influences black
metal avant d’accueillir une voix expressive en nous menant vers ses racines doom
pesantes, créant très rapidement un contraste assez naturel. Le son s’enflamme
régulièrement pour rythmer la complainte avant que "Covenant" ne dévoile sa dissonance
hypnotique en accueillant Andrea l'Abbate (synthétiseur), Lucynine (thérémine) et
Vittorio Sabelli (clarinette, Dawn Of A Dark Age, Incantvm, Notturno) qui apportent une
touche psychédélique à la composition, laissant également la vocaliste diversifier ses
apparitions pour alimenter ou apaiser l’oppression. Le groupe enchaîne avec "Red As The Sex
Of She Who Lives In Death", une composition inquiétante aux harmoniques vaporeuses qui
s’intensifie peu à peu avant de devenir une véritable saturation obsédante peuplée de
choeurs.
C’est finalement le silence qui nous mène à "La Razza", le titre le plus long qui
progresse de manière presque imperceptible à travers des notes brumeuses avant de
laisser la férocité renaître, créant une véritable disparité entre la rythmique saccadée et les
parties vocales vives, puis "Nocturnal Veil" vient nous envelopper dans sa noirceur. Le groupe
prend soin d’injecter sa touche inattendue tout en réservant une place à la clarinette
macabre de Vittorio qui accentue les tonalités étouffantes old school, puis nous autorise un
instant de relâche avec "Zero" dont la quiétude de l’introduction sera violentée par les leads
tranchants, le blast féroce et les éruptions vocales. Davide Straccione (Shores Of Null,
Zippo) rejoint le groupe pour donner vie à "The Weeping Song", dernier des sept morceaux,
en créant un duo plaintif et naturel qui nous accompagnera sur les derniers instants de
l’album.
Ponte Del Diavolo nous expose à une expérience sonore unique. Si le groupe se montre
parfois vif et extrêmement spontané, "Fire Blades From The Tomb" sait également placer des
vagues de tranquillité sombres et étouffantes plus imposantes qui nuancent la progression
du groupe. Un travail intéressant.
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