"My Plateau"
Note : 18/20
Retour triomphant de Profane Burial. Après nous avoir laissés sans nouvelles depuis leur
dernier album en 2018, le groupe composé de Kjetil Ytterhus (chant / claviers), André
Aaslie (basse / guitare, ex-Abyssic, ex-Funeral) et Bjørn Dugstad Rønnow (batterie,
Borknagar, Trollfest) annonce la sortie de "My Plateau", son deuxième album, chez Crime
Records.
L’album débute par la majestueuse mais infernale "My Plateau", composition éponyme où les
grognements se joignent rapidement à la rythmique furieuse et à ses leads cinglants qui
tourbillonnent sans cesse. Un break inquiétant fera ralentir le son, mais il ne tarde pas à
s’embraser à nouveau avant de laisser un dernier cri nous mener à "Moribund", où le ton se
fait plus sombre, plus préoccupant, tout en laissant les harmoniques alimenter cette
angoisse permanente. Le titre est entrecoupé par des interventions de claviers planantes qui
apaisent l’atmosphère, mais elle redevient très sombre sur "Fragments Of Dirge" et ses riffs
furieux mais relativement mélodieux qui prennent appui sur une batterie extrêmement
efficace.
Le centre du titre est habité par une partie lead transcendante, qui réveillera les
orchestrations théâtrales, tout comme sur "Righteous Indoctrination" où elles deviennent
beaucoup plus présentes, volant au-dessus de cette rythmique brute et impitoyable pendant
que le vocaliste vocifère. Une douce dernière note nous emporte sur "Disambiguate
Eradication" et sa quiétude qui s’envolera rapidement pour laisser place à la rythmique
effrénée et ses claviers imposants qui encadrent notre marche dans les ténèbres grâce à
des guitares tranchants avant de laisser la terrifiante "Horror Code" refermer ce recueil de
noirceur grâce à des tonalités beaucoup plus lentes et martiales, qui n’accélèrent que sur
ordre de la batterie, conservant l’approche lancinante et écrasante jusqu’au dernier moment.
Bien que leur pause ait été relativement longue, les membres de Profane Burial ne se sont
pas reposés sur leurs lauriers en réactivant la machine ! "My Plateau" nous emporte en un
rien de temps dans son univers terrifiant rempli de noirceur, laissant ses six compositions
nous envoûter.
"The Rosewater Park Legend"
Note : 16/20
Nouveau venu de la scène norvégienne, Profane Burial n'est pas constitué d'inconnus pour autant puisqu'on y trouve entre autres d'ex-membres de Trail Of Tears. Le groupe sort un premier album nommé "The Rosewater Park Legend" et nous annonce faire du metal extrême symphonique.
"The Tower Bell" ouvre l'album sur un metal quasiment doom avec effectivement des orchestrations en soutien et des mélodies sombres et mélancoliques, voire un peu glauques façon b.o de film d'horreur. Tout ça est entrecoupé de passages black metal à grand renfort de blasts qui tâchent, bref une musique apparemment variée qui va jouer autant sur les ambiances et les mélodies que sur l'agression brute. Les morceaux sont tous assez longs et naviguent en gros entre six et neuf minutes, une preuve supplémentaire que le groupe aime prendre le temps d'installer ses ambiances. Quelques cassures rythmiques font aussi leur apparition de temps en temps apportant encore un peu de variété à un album déjà assez riche, ce qui n'est pas étonnant quand on repense à Trail Of Tears justement qui aimait les mélanges en tout genre. Les ambiances sont très cinématographiques, ce qui est principalement dû aux orchestrations et aux arrangements bien travaillés, et le tout baigne dans une atmosphère de caveau ou de château abandonné. En tout cas, le mélange est bien fait et les morceaux arrivent à captiver malgré leur longueur, ce qui n'était pas gagné d'avance mais qui est réussi sur "The Rosewater Park Legend" par une bonne dynamique et une volonté de varier les plaisirs. Quelques riffs dissonants à la Septicflesh font leur apparition vite fait sur "The Stench Of Dying Roses" qui passe d'ailleurs par presque tout le spectre du metal extrême en neuf minutes ! Du black, du death, des influences modernes, d'autres plus traditionnelles, des orchestrations, du chant clair, du chant hurlé, des structures en mouvement constant, bref un sacré mélange qui réussit à systématiquement la route et qui prouve que ce n'est pas un gimmick mais simplement l'expression artistique d'une grande ouverture d'esprit musical.
Le mélange black metal et orchestrations fait évidemment penser à certains moments à Dimmu Borgir mais Profane burial propose une musique bien plus dure et pernicieuse que celle de ses confrères. Elle est aussi plus variée et se permet des excursions dans d'autres styles ou des passages sur lesquels la technique trouve un terrain pour exprimer. Je tiens d'ailleurs à saluer le travail de Bjorne Dugstad Ronnow à la batterie qui place des parties très inspirées et qui frappe plus d'une fois là où on ne l'attend pas. Un constat que l'on peut faire dans pas mal de groupes de metal mais bien plus rare dans la sphère extrême dans laquelle la plupart des batteurs blastent vite, beaucoup et se contentent souvent de coller aux codes du genre. Il est vrai que Profane Burial n'a pas l'air de se soucier des codes mais c'est tout de même une agréable surprise d'entendre un batteur de metal extrême avoir un jeu plus inspiré, d'autant que ça sert la musique du groupe au final. Niveau production, le son est particulier, un peu sourd même si assez puissant et clair. Je reprocherais à la limite le fait que les orchestrations sont parfois un peu trop mises en avant et bouffent un peu l'espace. Rien de rédhibitoire cependant, l'écoute n'en est absolument pas gâchée et ça sonne quand même globalement bien.
Voilà donc un premier album varié, intéressant, inspiré et aux ambiances percutantes qui montre un potentiel indéniable. Même si les membres de Profane Burial ne sont pas des débutants, il est tout de même surprenant de voir un premier album à la personnalité aussi définie, de quoi attendre la suite avec une certaine curiosité.
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