Nouvelle signature de Debemur Morti, le one-man band autrichien Rauhnåcht sort son troisième album "Unterm Gipfelthron" et délivre une fois encore du black pagan mélodique.

"Zwischen Den Jahren" ouvre l'album sur un ton bien plus folklorique, lumineux et joyeux que ce qu'on pouvait entendre sur "Urzeitgeist", le précédent album qui avait tendance à être plus nerveux et rentre-dedans avec pas mal de blasts. Ici, c'est presque dansant et l'humeur est bien moins négative, même si le côté pagan est toujours bien marqué avec les chœurs typiques du genre et qu'une accélération plus timide fait son apparition au milieu du morceau. Par contre, les morceaux sont toujours très longs, on flirte souvent avec les dix minutes et le groupe prend le temps d'installer ses ambiances et de les développer. Le morceau-titre qui suit confirme que les blasts du précédent album prennent bien moins de place sur "Unterm Gipfelthron" et que l'ambiance générale est bien plus lumineuse même si certains passages fleurent bon la mélancolie. Le chant clair prend lui aussi plus de place maintenant et même si le chant hurlé black metal se fait encore régulièrement entendre, il n'est plus seul à se faire entendre. Une certaine beauté se dégage en tout cas de ce nouvel album et le contraste avec les précédents oeuvres de Rauhnåcht n'en est que plus saisissant. Même si la personnalité du projet n'a pas changé, la forme a subi une transformation assez flagrante. Les accélérations font leur retour sur "Ein Raunen Aus Vergess'ner Zeit" mais l'intensité a baissé depuis "Urzeitgeist" et la musique de Rauhnåcht se fait clairement plus posée et évocatrice cette fois.

Ce nouvel album est sûrement le plus pagan et mélodique de tous jusqu'à maintenant, les ambiances sont prenantes et il suffit de fermer les yeux en écoutant l'album pour voir toute une série de paysages différents. Si la violence et l'intensité ont reculé d'un grand pas, cette fois la qualité est toujours présente, les mélodies sont souvent belles et poignantes, les riffs sont efficaces et inspirés, bref on sent une fois encore l'authenticité de la chose et même si la forme a changé, Rauhnåcht fait fort avec un album percutant et touchant. La pochette résume très bien ce que vous allez trouver sur l'album, une ode à la nature et au lien que l'homme entretenait avec elle à une certaine époque. On est loin du black norvégien froid et malsain même si les codes principaux sont bien sûr présents. Si les blasts sont moins présents sur la première moitié de l'album, ils reprennent leurs droits sur les deux derniers morceaux, même si ce nouvel album est moins intense que son prédécesseur. On a du coup une impression de montée en puissance au fur et à mesure que l'on s'approche de la fin de l'album, plus on avance et plus les blasts reviennent se faire une place du côté plus mélodique et des ambiances plus appuyées.

Un nouvel album moins frontal que son prédécesseur, plus mélodique et qui laisse plus de place aux ambiances évocatrices et prenantes. Des morceaux inspirés, un équilibre bien trouvé entre mélodies et violence même si moins intense qu'avant, bref Rauhnåcht vient de livrer un très bon album de black pagan.