Depuis 2012, dans le Massachusetts, Screams Of Hockomock attend son heure. Le
groupe créé par Pat “Hellion” Dillon (guitare / chant) en tant que projet solo commence à
recruter un premier line-up en 2014, mais le turn-over est important. Une première démo en
2016, suivie d’un EP en 2018, et c’est aujourd’hui avec Matt Severance (basse), Derrick
Manning (batterie) et Charles Woodruff (claviers, ex- Dialith ) que sort "Morbid Curiosity",
leur premier album.
Si les membres du groupe sont principalement axés sur une méthode très DIY
(l’enregistrement ayant été réalisé par Pat “Hellion” Dillon et les arrangements par
Charles Woodruff), ils ont fait appel à Cryptworm (Your End, Heron, Burn The Chapel…)
pour leur artwork morbide et à Fredrik Nordström (guitariste de Dream Evil, ayant travaillé
pour Arch Enemy, At The Gates, In Flames, Dimmu Borgir, Ceremonial Oath, Dark
Tranquillity, HammerFall, Nightrage, Sinergy, Opeth…) pour le mix et le mastering de leur
son, très fortement influencé par la scène finlandaise, avec en tête Children Of Bodom et
Kalmah.
Les éléments caractéristiques du death / black mélodique sont tous présents, que ce soit la
rage pure, les leads perçants, les claviers mystiques et la rythmique lourde, accompagnée
par un chant hurlé parfois doublé de choeurs prenants, et le groupe les maîtrise
parfaitement. "Skinwalker Deathcall", le premier morceau, nous le montre immédiatement
après un sample introductif effrayant, puis la tornade démarre. A peine un break pour
respirer, puis "Through Pain" nous propose la même recette, avec tout autant d’efficacité. Le
son est tranchant, les hurlements viscéraux et les capacités des musiciens leur permettent
de piocher dans leur large éventail d’influences. Le groupe enchaîne avec "Under Somber
White Skies", Pt.1 et Pt.2, qui sont les deux parties d’un seul et même titre à l’ambiance
fantomatique savoureuse, permettant une fois de plus d’asseoir la maîtrise du groupe, que
ce soit en termes de mélodies entêtantes, de rythmique sanglante ou de puissance brute, tout
en laissant à chaque instrument la capacité de s’exprimer librement.
"Hockomock Swamp" confirme leur lien avec à la fois la scène finlandaise au niveau de ce
son glacial, mais également leur propre pays et culture (le marais d’Hockomock se situe au
nord du Massachusetts, et est sujet à beaucoup de légendes qui se nourrissent de
paranormal), tout en ajoutant à une rythmique très solide des sonorités intéressantes en
arrière-plan. Je pense notamment à cette douce guitare lead et au clavier qui interviennent
parfois, puis "Place Where Spirits Dwell" vient calmer le jeu avec une lente et mélancolique
introduction. Le morceau est moins agressif que les précédents, et cette langueur prenante
donne une autre dimension au son du groupe, qui vient à nouveau piocher dans la rage pure
pour "Speaking With Ghosts". L’omniprésence des claviers, des hurlements en arrière-plan et
le son épique de la rythmique représente parfaitement ce contraste entre notre monde et
celui des spectres, puis c’est "Moonstrider" qui démarre. Après une longue introduction, les
chevaux sont lâchés, et le groupe nous piétine littéralement sous ces riffs imposants, nous
lacère avec ces mélodies entêtantes tout en nous effrayant avec ces paroles hurlées.
Comme pour confirmer ma première impression, le groupe a choisi de clore cet album avec
"Downfall", une reprise du groupe finlandais Children Of Bodom. Le titre de base était déjà
surpuissant, et il est transposé sans mal à l’univers des américains, avec toujours cette
hargne, ces hurlements que l’on connaît tous et ces mélodies intemporelles.
Pour une surprise, Screams Of Hockomock nous offre un excellent album sorti de nulle
part quelques jours seulement avant la fin de l’année ! Les influences du groupe me parlent
énormément, et "Morbid Curiosity" va tourner longtemps avant que je ne puisse qu’imaginer
envisager de m’en lasser ! J’attends à la fois le prochain album, et le développement plus
poussé de leur propre personnalité !
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