Le power metal est sans conteste le style que je considère maîtriser le mieux. J’en connais pratiquement tous les rouages et pourtant, il demeure le genre aux mille clichés et du même coup, mes chroniques s’en ressentent également. Difficile même dans les critiques de ne pas être toujours original lorsqu’il est question donc du sacro-saint power metal. Que serait un album de power metal symphonique digne de ce nom sans son habituelle introduction ? "Shadowfall", troisième album de la formation finlandaise, ne s’en éloigne pas et "Overture For Armageddon", au cours de ses deux minutes purement orchestrales poses les bases pour la suite.

Les arrangements symphoniques se maintiennent sur "Shadow Of A Curse", en trame de fond d’une pièce plutôt mid-tempo, à la batterie dynamique certes, mais loin des premières affres de Sonata Arctica par exemple, qui débutait pratiquement tous ses premiers albums de la même façon. Silver Bullet propose donc d’entrée de jeu un power metal aux accents néoclassiques et AOR, en grande partie grâce à la voix de Bruno Proveschi, sorte de mélange entre Gary Hughes (Ten) et Morby (Domine). Les influences hard rock sont encore plus présentes sur la pièce suivant, "The Ones To Fall". Avec ses couplets à la guitare claire, on croirait entendre une version moderne des groupes de rock classique des années 80, Proveschi y allant d’un refrain à la David Coverdale !

Au final, Silver Bullet se démarque de ses confrères finlandais tels que les grands de Stratovarius et Sonata Arctica, de par son approche résolument plus AOR. Si le groupe ne fait pas dans la vitesse à outrance, il se distingue surtout par son souci de livrer des mélodies de grande qualité. Cela ne veut pas dire pour autant que le groupe s’éloigne entièrement du power metal, comme sur la frénétique "Soul Reaver", sorte de mélange déjanté entre Kamelot et Celador, toujours portée par l’incroyable voix de Proveschi. Là où les membres du groupe semblaient de prime abord retenir leur "entrain", disons que sur cette pièce, les valves sont grandes ouvertes, au bonheur des amateurs de vitesse, votre humble serviteur ici présent inclus également. La principale force du groupe demeure les mélodies, et nous sommes plus que servis sur la power ballad "…And Then Comes Oblivion", parfaitement réussie avec son équilibre guitares claires / distortion, et au refrain grandiose.

Outre l’aparté purement power metal européen sur "Soul Reaver" ou "Nighthunter", Silver Bullet se veut donc un excellent groupe de metal mélodique qui carbure aux mélodies accrocheuses. Ce serait un véritable crime que de passer à côté d’un album d’une aussi grande qualité.