Plutôt que de revenir une énième fois sur la longue carrière et l’essentialité de ce groupe sur la scène electro / indus, je vous propose d’attaquer de manière frontale ce nouvel opus de Skinny Puppy : simple et déroutant, seront les deux qualificatifs majeurs pour en parler.

"Weapon" surprend et fait débattre, le groupe prenant le contre-pied une nouvelle fois de ce que l’on attendait d’eux. Sur ces dernières productions, les Canadiens nous avaient habitués à une electro / indus alambiquée, qui méritait plusieurs écoutes pour être pleinement apprivoisée, surprenant aussi bien par la richesse de ses sonorités, que par ses excursions vocales (le phrasé rappé du célèbre "Pro-Test" en 2004 en avait étonné plus d’un !). Or ici, la surprise vient du fait que l’album est tout simplement… simple justement ! Attention simple dans son format, pas dans sa musique, à l’inverse de certains de ses congénères, Skinny Puppy ne fait toujours pas d’eurodance ou de hard trance à prix discount, camouflé dans un emballage true-dark ! Et tant mieux ! Le groupe fait tout simplement du Skinny Puppy, mais lorgnant fortement sur leurs premiers travaux remontant aux eighties ("Bites", "Remission", "Mind : The Perpetual Intercourse"….), utilisant de ce fait le même matériel qu’a l’époque, mais avec une production 2013 léchée et puissante.

On retrouve donc sur ce "Weapon", une série de 10 titres directs et tubesques à souhait, et mise à part un "Wornin" et un "Terminal" (respectivement l’ouverture et la fermeture de l’album), anecdotique, le reste se montre d’une efficacité imparable, les titres s’enchaînent à un rythme effréné, se présentant tous comme des singles potentiels, de vrais classiques instantanées. D’emblée, le mordant "Illisit" et son refrain obsédant s’impose comme étant le titre phare, mais ce serait vite oublier les "Survavilisto" ou "Plasicage", qui devraient faire un véritable malheur sur les dancefloors dark (du pain béni pour les DJs en mal d’inspiration et pour qui Skinny Puppy ne se limite qu’au tube "Assimilate"). Quant aux "Salvo", "Paragun" et autres "Glowbel", ils raviront les fans de la première heure, et n’auraient pas juré sur la tracklist d’un "Mind : The Perpetual Intercourse", d’ailleurs histoire de boucler la boucle, "Solvent", l’un des titres phares de "Remission" (le second opus du groupe, paru en 1984) se voit s’offrir ici une petite cure de jouvence fort sympathique.

Mais attention, et heureusement d’ailleurs, malgré les apparences, "Weapon" n’a pourtant rien d’un album passéiste ou rétro ! Au contraire, il s’agit d’un album moderne, en phase avec son époque (d’ailleurs l’excellent titre "Tsudanama" semble donner les clés de l’évolution future de Skinny Puppy) aussi bien musicalement, que par sa thématique (en l’occurrence le débat autour des armes à feu), le combo retrouvant ici, une certaine simplicité et efficacité d’écriture, dynamique qu’ils avaient quelque peu perdu depuis bon nombre d’années.