Puisqu'il n'avait visiblement pas assez de projets à son acitf, BST en amène un nouveau du nom de Sotherion qu'il tient seul et nous amène un premier album, "Vermine" de son petit nom. Et tenez-vous bien, c'est du black metal ! Blague à part, la note d'intention était de reprendre la formule de la seconde vague norvégienne et d'y amener sa patte, ne vous attendez donc pas à de grosses surprises par ici.

On apprécie les groupes qui tentent des choses, cherchent à repousser les barrières et se foutent de tous les codes. Mais du bon black metal bien sale qui fonce dans le tas, c'est pas mal non plus et on apprécie tout autant. Et après la courte introduction de rigueur, "La Mort Pour Compagnon" se charge de démarrer les hostilités sans prendre de gants avec un mid-tempo à l'ancienne, des riffs bien dégueulasses et un son qui l'est tout autant. On a droit à des guitares et une basse tranchantes et baveuses à la fois avec une batterie qui, comme le disait Fenriz "sonne comme une casserole" (c'est ça qu'on appelle une batterie de cuisine ?) pour un son généralement proche de la fameuse trilogie de Darkthrone justement. Quelques passages plus thrashy ou black'n'roll se font entendre et renvoient eux aussi à la dite vague norvégienne sans chercher à cacher leurs influences. On sent à la fois l'hommage et l'envie de faire un black metal dans la tradition du grand froid, avec juste ce qu'il faut de passages plus malsains qui peuvent rappeler d'autres projets du gaillard. Sachant que la thématique du projet de l'album est le rejet du monde moderne, c'est plutôt logique d'y entendre pas mal d'influences old school, c'était le but de la manœuvre et c'est plutôt réussi dans le genre. C'est violent, froid, crasseux et ça ramone suffisamment les tympans avec un son bien dégueulasse mais pas faiblard. Et contrairement à la vague suédoise dont les représentants avaient tendance à bourriner comme des sauvages (ce qui ne nous déplaît pas non plus soit dit en passant), Sotherion ménage ce qu'il faut de pauses plus mid-tempo pour poser quelques ambiances plus froides et apporter suffisamment de dynamique à l'ambiance.

Bref, c'est du black metal à l'ancienne, pas de grosses surprises et pas de prise de risques non plus. "Vermine" balance sa dose de venin pendant trois bons quarts d'heure et se barre comme une voleur une fois sa vile besogne terminée. Quelques morceaux se font plus rampants comme "Flame Of Deliverance" par exemple qui passe une bonne première moitié de morceau à vous baver dans les enceintes au ralenti. Le naturel revient vite et le rythme finit par devenir plus nerveux mais voilà une petite coupure plus gluante qui donne un peu de profondeur à ce black metal très direct. "Farnished King" nous fait d'ailleurs entendre des riffs bien malsains et un peu plus dissonants et on se croirait presque chez Darvulia par moments, c'est vous dire si c'est propre ! "Le Havre Meurtri" est tout aussi sale et malsain et on sent que cette deuxième moitié d'album marque une très légère rupture avec la première. On part sur des morceaux un peu plus longs et qui s'éloignent un peu du strict hommage à la scène norvégienne pour y mettre une dose de poison plus personnelle. Voire même typiquement française puisque pour le coup c'est plutôt Mutiilation qui m'est venu à l'esprit par moments sur ce morceau. Peut-être à cause du chant de BST qui se fait bien arraché et glaireux rappelant forcément celui de ce bon Meyna'ch qui a le don de vous filer le tétanos par enceintes interposées.

Sotherion balance donc un premier album froid et violent influencé par la seconde vague norvégienne mais imprégné en plus d'une patte plus venimeuse et crado typique du black metal de chez nous. "Vermine" porte bien son nom et si vos enceintes pouvaient choper une septicémie, nul doute que ce premier album se ferait une joie d'en provoquer une.