"Reflections"
Note : 15/20
Au fil de mes chroniques, je me suis parfois ouvert sur les origines de mon amour envers le metal, ainsi que l’évolution de celui-ci à travers le temps. J’ai longtemps été un amateur dur comme fer de power metal et de prog, exclusivement avec un chant clair. Je détestais profondément les growls jusqu’à ce que je découvre After Forever et par la suite Children Of Bodom. Le septième et nouvel album de Soulline, "Reflections", s’inscrit donc dans la lignée des groupes qui auront élargi mes horizons à l’époque, tels que Raintime, Blinded By Faith, Mercenary, Skyfire, etc.
C’est donc un death metal mélodique moderne auquel nous avons affaire ici, cependant il serait réducteur de ne le décrire que de cette façon. En effet, bien que certains morceaux soient plutôt linéaires et directs, comme "Despise Your God" en ouverture, la suite apporte également des arrangements metalcore, death traditionnel et de metal gothique. Le mélange de voix claire et de growls s’aligne également avec la nouvelle tendance death metal moderne des dernières années.
En parlant d’influences gothiques, c’est surtout sur "Fragile Dreams" que celles-ci se dévoilent le plus, rappelant au passage le travail de Sentenced en fin de carrière. "Before The Dawn", quant à elle, démontre un côté un peu plus technique du groupe, tout en regroupant à nouveau les autres influences ci-haut mentionnées.
Je crois sincèrement que le death mélodique moderne a une place plus qu’importante au sein de la grande confrérie du metal. En effet, de par son accessibilité, il est une porte d’entrée par excellence pour quiconque voudrait s’aventurer dans ce merveilleux monde du death.
"Screaming Eyes"
Note : 15/20
Soulline revient après quatre années de silence. Créé en 2000 en Suisse sur les cendres
de Skoal, le groupe composé actuellement de Gabriele Gianora (chant), Lorenzo Barenco
(guitare/claviers), Marco Alberti (guitare / choeurs), Mila Merker (basse) et Mattia Vescovi
(batterie), le groupe propose en 2022 "Screaming Eyes", son sixième album.
A noter que le groupe s’est entouré d’Edo Sala (batterie) et Enea Adami (claviers) pour
certains morceaux.
Depuis leurs débuts et leurs changements de line-up, le groupe a toujours proposé un death
metal mélodique aux élements thrash abrasifs d’une efficacité redoutable. Et cet album ne
peut que le confirmer en offrant huit nouvelles compositions à leurs fans, complétées par
une reprise de Paradise Lost et deux remasters de "The Curse" et "Truth Will Out".
Inutile de détailler tous les morceaux, puisqu’ils possèdent tous une base commune, qui
alterne entre agressivité brute et mélodies entêtantes, surmontées de cris fédérateurs et de
quelques solos travaillés. L’album commence avec "Your Death (Is My Life)", un premier
contact qui réunit tous ces éléments, puis le groupe enchaîne avec "Screaming Eyes" qui
temporise avant de lâcher les riffs effrénés qui puisent dans les racines du style, tout en
plaçant quelques éléments plus modernes. "Salvation Inside" nous proposera une certaine
mélancolie majestueuse dans ses riffs puissants, tout en plaçant une partie douce et
intense, alors que "Dragonfly" va nous faire remuer le crâne avec ses harmoniques
assassines et ses choeurs fédérateurs.
Le groupe s’autorisera également quelques
moments de flottement pour s’assurer le soutien de son public en live, puis "Against Myself"
dévoile des influences douces et sombres. Les hurlements et la saturation sont également
présents, tout comme les solos épiques, puis "Say Just Words" nous entourera de l’ambiance
gothique de Paradise Lost pour une mélancolie entraînante. La saturation lui donne un
autre visage, moins tranquille, mais tout aussi oppressant, avant que "The Child I Was" ne
renoue avec la mélancolie la plus tranchante. La rage emprunte le pas avant que "Stay With
You" ne propose un chant clair emprunté au nu metal sur une rythmique douce pour créer
une nuance saisissante avec "Keep My Last Song" et son efficacité brute. Les sonorités
saccadées sont efficaces et feront remuer les spectateurs avant que le groupe ne place ses
deux remasters. Si vous les connaissez vous les reconnaîtrez, sinon vous allez découvrir
une énergie brute aux sonorités metalcore qui sont toujours appréciables.
Soulline n’a jamais voulu créer une révolution musicale, mais plutôt s’axer sur une efficacité
fédératrice. Et "Screaming Eyes" va nous le faire comprendre en alignant les riffs
accrocheurs. Ce ne sera pas l’album de l’année, mais vous allez secouer le crâne !
"The Deep"
Note : 16/20
Mon sang d’amateur de death mélodique n’a fait qu’un tour lorsque j’ai écouté pour la
première fois Soulline. Pourtant formé en 2000 en Suisse, je n’avais jamais eu
connaissance de leur existence, et je compte bien me rattraper. Le groupe est composé de
Lore et Marco aux guitares,
Ghebro au chant,
Miles à la basse et
Matt à la batterie. Sa discographie compte cinq
albums, dont "The Deep", qui est sorti aujourd’hui. Lorsque technicité rencontre mélodicité,
voyez-le résultat par vous-mêmes !
On commence par "Leviathan" après un sample qui me fait penser à un sous-marin, et c’est la
guitare qui nous entraîne vers les profondeurs. Le groupe entier se joint bientôt à elle, puis
le chant, tout en puissance. Le clavier et la basse grondante rendent le tout plus intense, et
la voix de Klod unifie les riffs. Sur un passage plus calme, un chant clair mélancolique se
joint au mélange, et même s’il est surprenant au premier abord… Il n’est absolument pas
dérangeant et colle parfaitement à la rythmique ! Les tonalités sombres et déchirantes
continuent leur oeuvre sur "Cool Breeze", avec toutefois un regain de puissance au niveau
des guitares, mais cette fois le chant clair intervient plus vite, sans faire ralentir le morceau.
On notera un peu plus de groove sur "Nightmare", avec un son de basse plus imposant, mais
également un jeu de batterie un peu plus technique, avec quelques choeurs de Lorenzo
pour un rendu plus transcendant.
Le groupe continue avec "The Fal", qui me fait immédiatement comprendre quels sont les
groupes qui ont influencé Soulline de par leur son glacial et imposant. Le titre, très axé sur
les harmoniques des guitares et le clavier, est un véritable hymne à l’errance, alors que
"Filthy Reality" et ses riffs saccadés donnent une incontrôlable envie de headbanguer. Après
une introduction très dissonante, c’est finalement une rythmique martiale qui apparaît sur
"Into Life". Toujours très présente, la basse laisse aux guitares le temps de lancer des parties
lead parfaitement exécutées qui donnent un ton plus sanglant au titre. Dans la même veine,
"The Game" s’axe sur la guitare lead qui mène à elle seule le jeu, avec encore une fois des
choeurs qui créent un rendu très aérien, avec le soutien du clavier.
Le tempo ralentit soudain avec "Deepest Me", un titre à nouveau très mélancolique et dont
l’introduction me fait penser à un crachin d’éte (ne me demandez pas pourquoi). Le reste du
titre est beaucoup plus puissant sauf lors des grandes envolées qui me rappellent à
nouveau le son si caractéristique du death mélodique finnois et cette pureté froide. "The
Deep End" annonce (malheureusement) le dernier titre de l’album par un son de boîte à
musique plutôt angoissant et se mue finalement en "Still Mind", une composition où les
hurlements perçants côtoient des riffs impitoyables. Une pure beauté indescriptible, qui
plaira sans aucun doute à quiconque.
Avec "The Deep", Soulline vient de jeter un énorme pavé dans la mare du death mélodique.
Si leurs influences sont clairement nordiques, le son du groupe emprunte parfois à un
thrash metal incisif ou à un black metal sordide pour séduire, et c’est cette recette qui leur
permettra d’aller plus haut encore.
"Welcome My Sun"
Note : 16/20
Peut-être que certains d’entre vous n’ont jamais entendu parler de Soulline. Sachez que ce groupe est présent sur les planches suisses depuis 2000 et sort cette année son quatrième album. En plus de cela, Soulline a partagé les scènes avec du très beau monde : Vader, Rotting Chist, Pro-Pain, Sepultura et d’autres. Prochainement, ce sera Amorphis qui aura le plaisir de les accueillir en support. Côté style, Soulline donne dans un dérivé du metal mélodique aux influences hardcore. Intéressant ? Voyons voir cela avec "Welcome My Sun".
Dès le premier titre, "Rise Up", Soulline n’est pas très engageant en raison de son intro et couplet vraiment creux, pas au niveau de ce que l’on pourrait attendre d’un tel groupe. Mais surprise ! Le refrain va sauver le tout et nous montrer le véritable univers Soulline. Mélodieux, percutant et aérien sont les meilleurs adjectifs pour définir les moments de bravoure des Suisses. Force et argument de vente pour Soulline, ces passages mélodiques se retrouvent un peu partout dans "Welcome My Sun". Prolifiques dans les refrains, ils sont entièrement influencés par le metal mélodique à la sauce scandinave comme dans "Anvils" ou encore "Drunk". En outre, ce dernier démarre de la même manière que le début de l’album, c’est-à-dire mal. Un riff nul en guise d’intro, apparemment leur côté hardcore mal maîtrisé, qui débouche sur un refrain typé In Flames de la bonne époque et un pont totalement fou à base de tapping, double pédale à grande vitesse et breakdown. En gros, du fun en veux-tu en voilà ! Attendez, ce n’est pas fini, d’autres surprises sont à venir et nous ne sommes qu’à la moitié de la galette. "Broken My Madnesse" inclura enfin de vrais bons passages hardcore bien exécutés et accompagnés de samples électroniques dans la veine du metal mélodique d’aujourd’hui. La même logique est empruntée sur le dernier morceau de l’album, "Anywhere Anytime". Par ailleurs, sur "Right Here Right Now" et le titre éponyme, Soulline se prend carrément pour Dark Tranquillity en apportant du piano, du blast et des moments de mélancolie.
Ayant eu mauvaise impression lors de certains riffs et intros, mais aussi au niveau du chant que l’on peut qualifier de banal et plat, j’ai eu peine à me lancer dans "Welcome My Sun". Erreur puisque toutes les compositions sont percutantes et optimisées pour le live, notamment durant les refrains poignants. De plus, la production made in Sweden fait un boulot impeccable et ajoute très probablement sa petite patte à l’ensemble. Je ne peux que les encourager à persévérer dans cette voie et améliorer leur chant pour encore plus de variété. Question de goût peut-être. Quoi qu’il en soit, "Welcome My Sun" vaut le détour et saura vous surprendre !
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