Crée à l’initiative de John Hoyes, guitariste et membre fondateur du Witchcraft suédois dont il a quitté les rangs en 2012, et d’Axel Sjöberg, batteur dans Graveyard, Spiders et un pur enfant du rock’n’roll. Avec l’adjonction de la chanteuse Ann-Sofie Hoyles et de l’impeccable section rythmique constituée d’Olle Griphammar à la quatre cordes et du nouveau batteur Ricard Harryson, les Suédois ont accouché de leur deuxième disque full-length. "Shake Electric" est une petite bombe de rock vintage, couplée à une production actuelle mais respectueuse du son type low-fi. Comprenez par-là un son chaleureux et vivant, à la puissance et à la clarté exemplaire, un son de gratte mordant, une batterie au timbre naturel, et un traitement sonore sur la voix (bardée d’effets d’échos) typiques de ces décennies musicalement magiques. On sent que cet album à été enregistré dans des conditions live et brutes.
Un groupe se trouvant physiquement en 2014 mais dont l’esprit se situe vers la fin des années 60 et le début des 70’s. Soyons d’accord, ce "Shake Electric" ne réinvente aucunement la roue, mais n’en demeure pas moins excellent. L’album est gavé de morceaux imparables à l’image du premier morceau "Mad Dog", court et prenant, parfaite entrée en matière et véritable hit, ou encore la chanson éponyme, un entêtant hymne à la vie et à la jeunesse, bardé d’un harmonica sautillant. Des chansons simples, aux refrains très vites mémorisables, qui s’écoutent facilement et d’une traite. Les morceaux sont tous uniques et ont chacun leurs moments forts, que ce soit au détour d’un refrain, d’une ligne de guitare mélodique, ou d’un groove ravageur. Les riffs de gratte de John Hoyles, fortement inspirés de The Stooges, Led Zeppelin, Kiss et même, nous ne saurions vraiment dire où, un peu de Pentagram (ça n’est tout de même pas étonnant venant d’un ex-Witchcraft), font mouche et tapent juste. Ses quelques soli et leads sont forts simples mais marquants, tout en retenu et en sobriété. Du classic rock couplé à une énergie punk qui n’est pas sans rappeler les Ramones ou les New York Dolls en leur temps, avec un zeste de psychédélisme, ce disque est un vrai bonheur auditif.
La chanteuse Ann-Sofie Hoyles est le cœur de Spiders, sa voix magnétise toute notre attention et donne une dimension particulière à la musique du combo, lui conférant une âme et une profondeur. Sa performance vocale est saisissante, surtout pendant un "Hard Times", ballade bluesy où Ann-Sofie donne une performance habitée avec sa voix rêche et gorgée de feeling, à l’émotion à fleur de peau, ou encore lors de titres fougueux et sauvages comme l’enchaînement irrésistible constitué de "Control" et "Give Up The Fight" (si quelqu’un ne se prend pas à tortiller son corps ou à taper du pied sur ces morceaux, qu’il me fasse signe, je lui fous une mandale !) où la miss fait parler la hargne qui est en elle. La demoiselle joue son rôle de frontwoman à la perfection : son chant n’est pas si impressionnant que cela, elle ne fait pas de percée affolante dans les aigus ni n’essaye d’atteindre des notes qu’elle ne pourrait atteindre, elle chante simplement avec son âme, distillant une énergie juvénile et positive avec grande simplicité. Cette petite nous fait irrémédiablement penser à des chanteuses emblématiques comme Joan Jett et Grace Slick.
Datée mais paradoxalement fraîche, la musique de Spiders transpire l’honnêteté et la passion. Ce groupe a quelque chose que les autres formations du revival 70’s n’ont pas, c’est ce côté insouciant et spontané. C’est ce qu’on doit appeler "intemporalité". L’intemporalité du rock et de cet esprit de rébellion adolescente, qui traverse les générations, logée quelque part dans notre ADN.
Dix titres pour seulement 33 minutes de musique, c’est amplement suffisant pour nous filer une bonne fessée dans les règles de l’Art de la saturation ancestrale, dictée par toutes ces glorieuses formations ayant amené le rock’n’roll là où on le connaît aujourd’hui. Ce "Shake Electric" est un manifeste d’insoumission et nous plonge dans une époque lointaine où tout était possible. Spiders est sans conteste LA grosse révélation de cette année en matière de rock pur et dur qui, pour contredire de façon éclatante les derniers propos tenus par Gene Simmons de KI$$ ayant été commentés à de nombreuses reprises par ses confrères musiciens, prouve que, non, le rock n’est pas mort mais est bel est bien vivant et a encore de beaux jours devant lui.
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