En proposant un style musical qu’ils définissent eux-mêmes comme "brutal pop", le groupe aurait pu s’appeler Oxymore. Mais non, Sun a décidé de marier deux styles diamétralement opposés en essayant de rendre tout ça digeste, c’est à peu près aussi improbable qu’un "tendre-double-fist-anal", la question est de savoir si c’est tout aussi jouissif…

L’expérience va être courte avec un petit quart d’heure. Au moins si c’est bancal, je ne souffrirai pas trop. "I Killed My Man" ouvre l’opus sur son côté pop. Une batterie carrée, une guitare clean et une voix digne d’un clip de Cstar un samedi matin. Petit à petit cette voix lisse se dégrade, s’éraille, suivie par la musique et ses cordes plus crunchy, jusqu’à cette putain d’explosion. Okay j’ai joui. En un seul titre, Karoline Rose m’a complètement happé dans son univers. Impossible de ne pas accrocher, c’est juste fantastique. La (bonne) surprise passée, je n’ai qu’une hâte, c’est de découvrir la suite avec, déjà, l’appréhension que ça va être trop court. Plus rentre-dedans, plus brutal, "Fast Car" assure parfaitement le rôle de second titre en faisant en sorte que la tension ne retombe pas. C’est sûrement le morceau le plus explicite quand on parle du style du duo, la voix de Karoline étant tout aussi juste dans les parties claires que violentes. Plus rythmé et toujours aussi séduisant, "Higher Fire" enchaîne, cohérent, puissant, dynamique, dynamite. Bordel plus qu’un seul titre et c’est déjà la fin. J’ai envie de les insulter tellement c’est frustrant et en même temps tellement malin. Dernier tour de force avant de rendre les enceintes, "Enemy" achève le travail. Celui d’une démonstration de style unique, efficace et incroyablement séduisant. En vrac, j’ai envie de parler, de pop évidemment, mais aussi de rock, de metal, de grunge, de poésie, de hurlements, de sérénité, de troubles psychiatriques. D’ailleurs, leurs clips ne sont pas en reste, tout aussi inspirés et léchés que la musique. On y retrouve d’ailleurs ici un univers bien plus pop, qui pourrait, en exagérant, rappeler les univers de Gwen Stefani ou Katy Perry, en tout cas c’est ce que ça m’évoque, sans être expert sur le sujet.

Sun, c’est ta meuf qui te gueule dessus parce qu’elle t’aime, pire, celle qui a envie de te tuer pour que tu ne la quitte jamais. C’est le diable caché dans un corps de pom-pom girl, c’est tout et son contraire. C’est prendre du plaisir à se cogner la tête contre les murs.