Si l’on en croît la bible moderne, j’ai nommé Wikimachin, la Tarasque est un monstre légendaire qui hante les marécages de la région de Tarascon. Mélange de plusieurs animaux n’ayant aucun rapport, le résultat visuel est clairement flippant. J’invite tous ceux qui n’ont plus fait de cauchemars depuis longtemps à accrocher un poster de ce truc face à leur lit.
Bref, ici on va parler musique et essayer de trouver ce qui a poussé ces jeunes hommes a appeler leur groupe de la sorte. Il aurait d’ailleurs été bien trop facile d’apposer sur l’artwork la gueule de cet animal à tête de lion, aux oreilles de lapin et au visage de vieux monsieur. Non, le groupe a choisi quelque chose de tout aussi perturbé, un spectre à forme humanoïde, enfermé, comme essayant d’extérioriser quelque chose. Le groupe ne va pas nous remonter le moral, les indices sont clairs.
Les compositions sont lourdes comme le pas de l’animal à six pattes auquel le groupe fait référence. Lourdes mais pas que, parfois la bête vous galope après. C’est tout aussi effrayant mais un poil plus fatiguant, d’autant plus avec cette voix monstrueuse qui vous agresse à la moindre syllabe. Reste que le groupe sait aussi nous envoyer des mélopées enivrantes, limite psychédéliques, qui vous font décoller les deux pieds du sol, ou le cul du canap’ le cas échéant.
On peut faire les jeux de mots pourris qu’on veut mais les Allemands nous traÏnent dans des contrées marécageuses, malsaines, humides, froides. L’équilibre entre les mélodies et les agressions est assez juste pour être touchant. Pour soutenir ces ambiances oppressantes, le son joue un rôle majeur, puissant sans exagération, lourd sans être étouffant, saturé sans être criard, bref tous les éléments sont réunis pour vous faire voyager au milieu des marais en solitaire.
Je vous vois déjà venir, avec vos remarques désobligeantes du genre "Il y en a déjà 50 des groupes comme ça", "C’est du déjà entendu", "Ça reste moins bon que machin et machin". Oui, je suis d’accord, c’est toujours moins bon que machin et machin parce que c’est très subjectif. Non, ces mecs n’inventent rien, et sautent, même, les deux pieds dans les plats respectifs des styles qu’ils explorent. Mais putain qu’ils le font bien. La qualité de l’enregistrement est au rendez-vous, les compositions bien senties, et l’interprétation juste. Délectons-nous simplement de ces perles quand il y en a. On le sait tous, les meilleurs plaisirs de la vie sont les plus simples.
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