Alors que le groupe n’avait donné que très peu de signe de vie depuis 2012, The Bishop Of
Hexen sort à nouveau des ténèbres. Créé en 1994 en Israël sous le nom de Bishop Of
Hexen, le groupe sort deux albums avant de changer de nom en 2012, pour la sortie de son
deuxième EP. Aujourd’hui composé de Lord Koder (chant / batterie), Ariel Eshcar (guitare),
Avicious (guitare / basse) et Dimrost (claviers), c’est "The Death Masquerade" que les
Israéliens nous offrent.
Quatorze ans après son dernier album (“seulement” huit depuis leur dernier EP), le groupe
revient avec huit titres grandioses profondément ancrés dans un black metal symphonique
oppressant, comme le prouve "Catacumba Essentia", le sample introductif. Le son est
malsain, l’agression est réelle, et les riffs de "A Witch King Reborn" nous le confirment. La
production est soignée, permettant au groupe d’aligner une rythmique sombre et massive,
tout en la conjuguant avec des influences majestueuses. Les orchestrations prennent une
place importante dans le mix sans écraser les autres instruments, et on retrouve même du
chant clair. Même constat pour "Of Shuttering Harps & Shadow Hounds", avec un chant
maléfique, plaintif et éthéré. Le morceau est mystique, empruntant une part de beauté
candide à un chant féminin, tout en assénant des riffs noirs surmontés d’orchestrations qui
donnent la chair de poule. Quelques influences venues du Moyen-Orient s’invitent sur "Death
Masks", un titre introduit par une voix effrayante. Et l’impression de terreur qu’elle laisse ne
part réellement jamais, peuplant les riffs de la formation et laissant ces miasmes de violence
éthérée en permanence.
Un nouveau voile de noirceur et de lourdeur s’empare immédiatement de "All Sins Lead To
Glory", un titre tout bonnement époustouflant. J’ai beau m’être habitué à l’univers de la
formation, cette introduction qui explose d’un seul coup est incroyable, et elle nous projette
en plein dans cette musique violente, prenante et impie. Entre chant clair, hurlements,
paroles sorties d’un film épique… Et après ce qui semble n’être qu’un instant, "The Jester’s
Demise" prend la suite, introduite par un sample évoquant une bataille, une capture, puis une
torture. Et c’est de là que le titre tire sa férocité, sa violence et sa pureté. Oui, j’ai osé écrire
pureté, car ce morceau est clairement différent des autres lorsque l’on prend le temps de
l’écouter réellement. "A Thousand Shades Of Slaughter" me fait penser à une pièce de théâtre
dans laquelle mort, désolation et brutalité règnent en maîtres au côté de ces sonorités
épiques, légères et magiques. Ce contraste est puissant, et il amène le groupe à briser la
rythmique avec ingéniosité pour mieux la reprendre. Dernier titre, "Sine Nomine" a la lourde
charge de nous faire redescendre grâce à des orchestrations et percussions qui suivent la
ligne directrice de l’album : le titre est prenant, majestueux et ce chant… ce chant… ce n’est
plus du metal, c’est de l’opéra.
Pour être honnête, je ne connaissais pas The Bishop Of Hexen avant cette écoute. Et
pourtant, le groupe possède une personnalité que "The Death Masquerade" révèle à
merveille. Alors que l’on croit savoir ce qui va arriver ensuite, les Israéliens nous surprennent
en permanence, alliant des orchestrations majestueuses à des riffs efficaces, rapides et
tranchants. C’est un coup de maître, ni plus ni moins.
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