"The Demon Who Makes Trophies Of Men"
Note : 15/20
Après avoir tâté du concept en trois volumes, les fous furieux de The Monolith Deathcult reviennent avec un nouvel album nommé "The Demon Who Makes Trophies Of Men" (je ne sais pas vous mais ça me rappelle un certain Predator ça). Et vu la bio fournie avec l'album, on sent qu'ils n'ont pas perdu leur sens de l'humour depuis la dernière fois, ce qui nous changera de tous ces groupes qui ont l'air constipés depuis deux générations.
Notons de suite que l'on retrouve sur ce nouvel album deux titres de "III - Trivmvirate" réenregistrés, à savoir "Kindertodeslied" et "I Spew Thee Out Of My Mouth" que l'on retrouve dans des versions à la fois proches des originales et suffisamment réactualisées pour s'intégrer au répertoire actuel du groupe. Précisons aussi que la version CD est une édition en digipack format A5 et que ce genre d'objets est toujours sympa visuellement, donc si l'album vous tente n'hésitez pas à le choper pour profiter de sa pochette aux allures d'affiche de film rétro-futuriste. Mais revenons à des considérations plus purement musicales avec le morceau -itre qui démarre l'album sans prendre de gants, avec des riffs teintés de sonorités orientales et une brutalité assez frontale qui passe par des riffs surpuissants. C'est teigneux mais sacrément groovy en même temps et le headbanging est garanti, le côté martial étant toujours présent. Et le sample du "Get to the chopper" tiré de Predator en plus d'un des thèmes de la bande-son repris dans le morceau confirment ce que je pensais, on y entend même plusieurs extraits du film (en plus du sample cité, les cris et gloussements du Predator, la gatling qui tourne à vide à la fin du morceau etc...). Bref, c'est une fois de plus puissant, brutal, groovy et délicieusement débile. "Commander Encircled With Foes" ne change pas de registre avec là encore pas mal de samples, des rythmiques martiales et du gros riff qui tâche. Le groupe a certes laissé tomber le death metal brutal des débuts et opté pour un mélange de metal moderne et d'electro tout en gardant une certaine puissance.
On garde aussi l'habitude de faire des morceaux assez longs qui se placent entre six et huit minutes en gros. Pas de gros changements depuis les trois albums conceptuels puisqu'on retrouve un peu de tout ce qu'ils pouvaient proposer. Des riffs brutaux, une puissance bien marquée, des samples partout, des sonorités electro, et un groove martial qui matraque bien les os. D'ailleurs, en parlant de samples à la con, il y en a plusieurs tirés de Mortal Kombat sur "Gogmagog – The Bryansk Forest Re-visited", c'est vous dire à quel point The Monolith Deathcult se prend au sérieux. Un morceau d'ailleurs bien brutal qui ressort plus d'une fois les blasts et fonce dans le tas comme le groupe le faisait il y a encore quelques albums. Quant à "Matadorrr", c'est clairement à Morbid Angel que le morceau renvoie plus d'une fois, avec ces tapis de double grosse caisse sur fond de riffs rampants et malsains. Même le phrasé du chant reprend celui de David Vincent avec cette façon presque hachée de placer ses lignes, comme pour mieux découper chaque syllabe. Il y aurait encore un clin d'oeil et une blague foireuse planquée derrière tout ça que ça ne m'étonnerait pas. Et les deux anciens morceaux réenregistrés amènent une petite dose de brutalité supplémentaire dans tout ça, avec la bonne rasade de blasts que les derniers albums ont un peu délaissés. Cela crée du coup un bon équilibre sur l'album entre brutalité frontale et puissance plus lourde et groovy. Tout ça est enrobé dans une production énorme qui donne toute la puissance nécessaire à ces riffs de bûcheron, donc ça sonne gros et puissant comme d'habitude.
On retrouve donc en gros le The Monolith Deathcult que l'on a connu sur les trois précédents albums, avec un peu moins de bourrinage et plus de gros riffs de bûcheron et de rythmiques martiales. C'est toujours aussi efficace et toujours aussi drôle, le groupe ne se prend toujours pas au sérieux et nous gratifie de pas mal de samples tous plus décalés les uns que les autres. Bref, ceux qui ont un placard à balais coincé dans le cul vont détester, les habitués, eux, y trouveront leurs marques sans problème.
"V3 - Vernedering: Connect The Goddamn Dots"
Note : 15/20
La dernière fois que nous avions parlé de The Monolith Deathcult par ici remonte à la sortie de "Tetragrammaton" en 2013. Depuis, le groupe a sorti l'EP "Bloodcvlts" qui contient des réenregistrements de morceaux du premier album "The Apotheosis" et s'est ensuite attelé à une trilogie conceptuelle, rien que ça ! Une trilogie entamée en 2017 avec "V1 - Versus: It Will Burn Us Without Leaving Ash" et qui s'est poursuivie en 2018 avec "V2 - Vergelding: Dawn Of The Planet Of The Ashes". Il aura donc fallu attendre 2021 pour que le groupe termine ce concept avec l'album qui nous occupe aujourd'hui, "V3 - Vernedering: Connect The Goddamn Dots".
Et là, vous vous demandez de quoi parle le concept de cette trilogie. Eh bien des racines occultes du nazisme. Bon, comme d'habitude, le groupe fait preuve d'un humour très décalé et on sent dans plusieurs détails qu'il s'amuse surtout à tourner en dérision les conspirationnistes de tous poils qui voient des reptiliens / aliens / nazis / franc-maçons tenir le monde. D'ailleurs, je vous invite à écouter l'album entier et jusqu'à la dernière seconde, la dernière piste cache un petit délire avec un personnage qui essaie désespérément de prononcer correctement le "Vernedering" de l'album et qui nous livre des détails croustillants sur sa vision du monde (et d'Hillary Clinton en particulier). Mais revenons-en à la musique, si le premier volet de la trilogie s'était fait assez frontal et violent, le deuxième montrait une facette plus lourde et plus axée sur les sonorités industrielles. Après une intro toute en dérision une fois de plus, c'est "Connect The Goddamn Dots" qui ouvre l'album sur un rythme très martial et empreint d'industriel une fois de plus. Pour tout dire, ce n'est pas loin de me rappeler un certain KMFDM dans l'esprit même si pour le coup le groupe se fait plus froid et plus méchant ici. Rien que la présence de growls ne les fait pas jouer dans la même cour, mais pour le reste le côté martial et indus est très marqué encore une fois sur ce premier morceau. En tout cas, dans le genre, c'est très efficace et The Monolith Deathcult se fait bien puissant et écrasant, de gros beats electro viennent d'ailleurs booster tout ça en milieu de morceau et démontent tout sur leur passage. D'ailleurs, le groupe s'étale comme d'habitude et la plupart des morceaux tournent autour des six ou sept minutes.
Pourtant, on ne peut pas pointer de longueurs ou de ventre mou, The Monolith Deathcult maîtrise son sujet et garde une pression constante, sans jamais avoir besoin de blaster comme un porc. C'est d'ailleurs assez surprenant de les entendre aussi écrasants, eux qui avaient auparavant l'habitude de foncer dans le tas comme des bourrins. Bon, on a quand même "Gone Sour, Doomed" qui blaste bien et nous refait entendre le groupe que l'on connaissait sur les anciens albums avec ce death brutal teinté d'electro destructeur. Ce nouvel album est en quelque sorte un mélange des deux premiers, on a la fois la brutalité de "V1" et la lourdeur industrielle de "V2". C'est si on compare ces derniers aux précédents albums que l'on remarque une orientation globalement plus lourde et plus puissante que franchement violente. Rien qui puisse adoucir la musique de The Monolith Deathcult en tout cas, elle se fait peut -être plus nuancée sur cette trilogie mais reste brutale et les riffs présents sur ce nouvel album vont briser des nuques par paquets de douze. Le morceau-titre nous ramène d'ailleurs ces fameux choeurs guerriers, ces orchestrations et ce feeling épique typique des précédents albums. En parlant de feeling épique, le groupe clôt l'album, et cette trilogie, par un bon gros pavé rampant et quasiment cérémoniel d'une dizaine de minutes (treize affichées, mais ça compte le délire contenu en fin d'album évoqué plus haut). On y entend de l'orgue, des choeurs, des délires aux claviers qui rappellent les bruits de soucoupes volantes des films de science-fiction des années 50 (et vu les thèmes abordés et la dérision affichée, je pense que c'est exactement l'effet voulu), et des riffs répétitifs qui virent à l'hypnotique.
The Monolith Deathcult termine donc enfin sa trilogie conceptuelle et délirante avec un album qui mixe à la fois l'approche brutale du premier volet et l'optique plus lourde et industrielle du deuxième. On retrouve un groupe qui continue à expérimenter tranquillement et qui n'a pas perdu sa patte, même s'il se fait un peu moins frontal cette fois.
"Tetragrammaton"
Note : 15/20
Les dingues sont de retour, la Hollande vient en effet de relâcher les membres de The Monolith Deathcult qui en ont profité pour pondre "Tetragrammaton" leur nouveau méfait ! Le précédent album "Triumvirate" avait fait parler de lui en montrant une évolution assez étonnante et encore plus décalée qu'auparavant, je n'en dirais pas de même pour celui-ci.
On va faire simple cette fois presque rien n'a changé, The Monolith Deathcult nous ressert plus ou moins la même recette que sur "Triumvirate". Ce qu'il peut se permettre puisque les groupes de death sonnant de la même façon ne sont pas légion, à savoir un mélange de brutalité typiquement death metal, des arrangements orchestraux, des petites bidouilles electro et pour ce nouvel album des passages narrés par Optimus Prime et des sifflets sur "Drugs, Thugs And Machetes" ! Je vous l'avais dit, ces types ne font rien comme tout le monde, ce qui n'est pas un mal en soi c'est juste que cette fois l'effet de surprise passé risque d'en faire déchanter quelques uns. A priori, il n'y a aucune raison de ne pas aimer cette galette si on a apprécié "Triumvirate" en dehors du fait que c'en est la suite logique, ceux qui s'attendaient à ce que le groupe évolue encore se sentiront donc lésés c'est sûr.
En dehors de cette impression de répétition, il faut avouer que c'est toujours efficace, ça déboîte bien comme il faut, ça ne blaste pas continuellement et les Bataves savent aérer leurs morceaux avec des passages plus lourds histoire d'écraser littéralement toute résistance. On retrouve aussi un clin d'oeil à Nile, auxquels The Monolith Deathcult ont souvent été comparés, sur le dernier morceau que ce soit musicalement ou dans son titre, jugez plutôt : "Aslimu !!! All Slain Those Who Bring Down Our Highly Respected Symbols To The Lower Status of the Barren Earth ". On retrouve même, comme précédemment, un ou deux morceaux typés death indus, aux riffs écrasants surmontés de beats electro, tout comme on retrouve une fois de plus le chant allemand qui fait son apparition traditionnelle.
Alors certains pourront se dire que puisque le groupe ne fait que reprendre ce qu'il avait déjà commencé sur "Triumvirate" ce nouvel album devient inutile, avis que je ne partage pas puisque même si effectivement ce "Tetragrammaton" n'apporte rien de bien neuf, les morceaux qui le constituent sont de qualité. Et puis The Monolith Deathcult a déjà prouvé qu'il était capable de mettre un coup de pied dans la fourmilière, on peut bien lui accorder le droit de ne pas se renouveler entièrement à chaque album. Il suffit de prendre celui-ci pour ce qu'il est, un bon album de death bien foutu, brutal, efficace, relativement varié et qui tape là où ça fait mal ! Alors certes j'espère moi aussi que le groupe réussira encore à se renouveler à l'avenir, mais pour cette fois ça passe puisque ce nouveau méfait a plutôt bien fait son boulot. D'ailleurs il y a une autre habitude que le groupe a tenu à garder cette fois encore, ce nouvel album sort chez Season Of Mist, ce qui fait que depuis le début aucun album n'est sorti sur le même label !
Au final, nous voilà donc avec un nouvel album qui n'est justement qu'un nouvel album, à chacun de voir ce qu'il attend de The Monolith Deathcult. Pour ceux qui voulaient de l'innovation ça risque de ne pas suffire, et pour ceux qui ont aimé "Triumvirate" et qui peuvent se contenter d'un autre bon album ce "Tetragrammaton" fera amplement l'affaire !
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