"Beyond The Veil"
Note : 14/20
Le groupe espagnol Totengott était à l'origine un groupe de reprises de Celtic Frost, un détail qui a son importance tant l'influence de ce dernier s'entend dans musique. C'est donc son troisième album qui débarque cette année, "Beyond The Veil" de son petit nom, et on va vite comprendre que les différents groupes d'un certain Tom Gabriel Fischer ont pesé lourd dans la composition de ces sept nouveaux morceaux.
C'était déjà le cas sur les deux premiers albums et ça continue sur celui-ci, le groupe ne fait certes plus de reprises mais l'influence est tout de même flagrante et on peut même reconnaître les périodes concernées suivant les morceaux. "Inner Flame" qui ouvre l'album s'inspire du Celtic Frost des débuts avec un esprit frondeur, des riffs basiques et directs et un esprit presque punk qui suinte de cette envie de balancer une musique agressive et noire. On trouve aussi quelques accords dissonants qui ne sont pas sans rappeler un certain Voivod, le tout mélangé à des riffs qui sentent le thrash et le death metal à plein nez. "Sons Of The Serpent" enchaîne avec un tempo bien plus lourd, des relents de doom bien glauque et une ambiance poisseuse au possible. Là, pour le coup, c'est plus Triptykon qui vient à l'esprit avec ce chant partagé entre parties claires presque cérémonielles ou rituelles et d'autres parties plus typiques du chant extrême de Tom Gabriel Fischer (c'est presque une imitation à ce niveau d'ailleurs). Que ce soit à ce niveau ou au niveau des compositions en elles-mêmes, l'influence est flagrante et cela va en gêner certains, c'est garanti, parce qu'on aime quand même entendre un groupe développer sa propre personnalité. Et il faut avouer que si celle-ci s'entend dans certains passages, cela reste tout de même rare et Totengott, s'il n'est plus un groupe de reprises, continue tout de même à bien suivre les traces laissées par les Suisses. Cela dit, on ne peut pas nier le plaisir d'écouter un album assez primitif par moments, bien noir et doté d'une agressivité à l'ancienne qui évite les blasts à outrance.
Ici, tout respire le old school ou presque et Totengott ne fait pas beaucoup de concessions à la modernité. L'ambiance noire et malsaine s'exprime tout aussi fortement sur "The Architect" qui prend des teintes funèbres avec un tempo de mammouth et des mélodies d'une noirceur de jais. Là encore, c'est Triptykon qui vient à l'esprit tant la filiation est évidente et rappelle les morceaux les plus lourds et les plus noirs. Mais une fois de plus, si l'influence est aisément reconnaissable, le morceau est très bon et l'ambiance très bien rendue. On plonge donc dans les abysses avec un plaisir masochiste et on pardonne au groupe ces influences qui ne se cachent jamais. D'ailleurs, le dernier morceau de l'album est un pavé de plus de treize minutes conceptuellement divisé en trois parties, là encore comme un certain groupe suisse. Mais là encore, c'est un énorme bloc de charbon aux ambiances malsaines et terriblement oppressantes. Cette conclusion a tout d'une messe noire avec ces passages scandés en chant clair et presque cérémoniels une fois de plus, ces chœurs solennels aux allures de rituel et ces riffs dissonants et très sales. On peut être gêné par moments par cette influence vraiment flagrante des projets du maître suisse, mais la qualité des morceaux nous permet d'apprécier "Beyond The Veil" et de profiter de son ambiance malsaine et oppressante. Parce qu'il faut avouer que même si Totengott est sous influence, il est plutôt doué pour jouer ce style de metal extrême très noir.
On retrouve donc un troisième album dans lignée de ses prédécesseurs qui rappelle toujours autant Celtic Frost et Triptykon mais qui balance du coup de bons morceaux agressifs, brutaux et très noirs. "Beyond The Veil" ne peut cacher la source de son inspiration mais si vous arrivez à mettre ça de côté, vous aurez de quoi vous faire plaisir et garnir vos enceintes d'une petite dose de suie qui leur ira très bien au teint.
"The Abyss"
Note : 14/20
Les Espagnols de Totengott reviennent avec second opus, "The Abyss", après "Doppelgänger" en 201,
et une chose est sûre, ça reste compliqué de les cerner !
Parfois, c'est une bonne chose et une vraie qualité que de ne pas pouvoir mettre une étiquette à un groupe, mais d'autres fois cale devient gênant.
C'est le cas ici, cet album n'est composé que de quatre morceaux et, par exemple, l'un deux, "Ceremony II : The Way Of Sin", est totalement à part !
Trop même, car on a l'impression qu'il ne s'agit pas du même groupe, en nous emmenant vers une musique thrash.
Le seul lien que l'on puisse trouver entre ce titre et le reste, c'est les similitudes avec les Suisses de Tryptikon,
car en effet il y en a beaucoup !
Même beaucoup trop une nouvelle fois.
Ici, on a l'impression que Totengott ne se contente pas d'être inspiré par un autre groupe car il y a pas mal de passages où l'on a vraiment l'illusion qu'il s'agit de Tryptikon !
C'est surtout le cas dans "The Spell",
entre le chant et la musique, pas de doute, c'est du Tryptikon et c'est dérangeant car nous on veut du Totengott !
Après, ça reste bien sûr un bon titre, pesant et sinistre.
Dans la dernière et colossale piste de 22 minutes, "Doppelgänger II : The Abyss", il n'y a que le chant (assez peu présent au fial) qui nous rappelLE fortement Tryptikon.
Le reste du morceau est plus original avec de longs passages ambiants
et c'est certainement LE point fort du groupe.
En effet, dès l'introduction du premier titre, "Ceremony I : Sic Transit Gloria Mundi", on est transporté par ce côté reposant et spirituel.
Et tout au long de l'écoute, on a comme ça des moments de "pause" plus atmosphériques qui ont un vrai intérêt.
Du coup, il est assez difficile de juger cet opus,
il y a de très bon points avec un bon niveau mais des incohérences, comme le morceau totalement thrash en plein milieu, sans transitions ou subtilités, pour l'intégrer au reste.
Et puis, bien évidemement, le presque copier-coller à certains moments sur Tryptikon est tellement dommage
car on sent que Totengott a de quoi nous faire profiter de sa propre personnalité.
Il n'y a pas de mauvais titres titres mais des maladresses,
on espere retrouver les Espagnols avec du Totengott à 100% la prochaine fois !
"Doppelgänger"
Note : 13/20
Après une démo en 2016, les Espagnols de Totengott nous présentent "Doppelgänger", leur premier opus.
Il se compose de trois morceaux durant respectivement 8, 14 et... 21 minutes tout de même !
Le groupe a un style assez particulier mélangeant le doom / death au thrash avec quelques influences gothiques, black ou même ambient.
Oui, cela fait beaucoup et c'est assez surprenant d'avoir une musique qui combine le doom et le thrash mais ça marche plutôt bien, surtout dans "Delusion Of Negation", même si cela reste assez étrange de prime abord.
Après une introduction assez sympa nous plongeant dans une atmosphère de vieux film d'horreur, le doom / death bien gras à la Hooded Menace arrive ensuite avec de nombreuses interventions thrash.
C'est dynamique, avec un chant qui colle bien avec les parties thrash et les riffs doom sont vraiment accrocheurs.
Dans le morceau suivant, "Satan Beside You", le thrash a bizarrement disparu et on se retrouve avec un doom bien moins passionnant qui ne nous laisse de marre pendant 14 longues minutes.
Les riffs sont ainsi bien trop bateau et la composition manque cruellement de relief et d'aération.
"Doppelgänger", le troisième et dernier titre, revient sur un doom / thrash avec des arrangements gothiques un peu décalés.
Ce morceau est plus varié, avec de la matière, mais 21 minutes... c'est hyper hyper long et ça tourne assez vite en rond.
On se demande pourquoi les membres du groupe ont choisi de faire traîner de cette façon ce dernier morceau alors qu'une version plus courte aurait été bien plus agréable.
Au final, ce premier opus de Totengott n'est pas mauvais, loin de là.
Le groupe a cependant du chemin à faire pour que sa musique soit plus aboutie et ses compositions plus ordonnées.
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