Après un premier album, "Le Noir Se Fait" en 2020 qui faisait entendre du rock chanté en français qui sentait parfois le Noir Désir au niveau du chant, le groupe Undervoid revient avec son deuxième album "La Mécanique Du Vide" chez la Klonosphere. Et si le rock est bien évidemment toujours là, la musique d'Undervoid se fait cette fois plus atmosphérique, plus sombre et plus introspective.
On le remarque très vite avec "À Manquer d'Oxygène" qui ouvre l'album car même si le rock s'entend bien dans les riffs, on a aussi droit à une ambiance plus développée et plus pesante. Les riffs eux-mêmes sont un peu plus durs et agressifs tout en gardant ce groove et cette accroche typiques du rock. Une accroche que garde aussi "Revenir De Si Loin" qui n'atteint même pas les trois minutes et se fait donc assez énergique même si là aussi la deuxième partie du morceau fait entendre quelque chose de plus sombre. Undervoid garde son identité et ne renie pas le style de son précédent album, au contraire, il le développe plus encore en lui apportant une profondeur supplémentaire. "L'Or De Nos Cages" se fait quant à lui bien plus lourd avec un tempo bien plus écrasant et des riffs puissants qui posent là aussi un groove indéniable. Le break plus aérien et mélodique en plein centre du morceau lui apporte une ambiance différente et amène là aussi un peu plus de profondeur à une musique qui se faisait plus directe sur "Le Noir Se Fait". Undervoid prend les mêmes éléments mais y ajoute d'autres dimensions, quelques influences extérieures qui permettent d'appuyer le propos et rendre le tout plus évocateur. C'est toujours aussi direct et efficace mais cette fois il y a quelques fêlures qui se font entendre, les émotions se font une plus grande place et la rage partage la scène avec une forme de découragement ou de fatalité. Il y a pourtant toujours un espoir qui traverse "La Mécanique Du Vide", ne serait-ce que par cette énergie rock justement qui pousse à nous réveiller et à nous bouger le cul pour changer les choses au lieu de se contenter de se rouler dans la fange en regardant le décor s'effondrer.
Il y a aussi quelques moments touchants, à fleur de peau et empreints d'une certaine poésie, comme "Des Terres Impossibles" tout en finesse et doté d'une mélancolie et d'une sincérité qui touchent en plein cœur. Des riffs presque doom débarquent dans la deuxième partie du morceau et amplifient encore cette ambiance plus triste et teintée d'amertume. Le contraste avec "Quand Bien Même" est d'autant plus saisissant, ce dernier se faisant bien plus rageur autant musicalement que textuellement. Là, le groupe ne s'emmerde pas et balance ce qu'il a sur la patate avec un gros rock puissant et énervé qui balance là aussi des riffs lourds et épais. Et comme si ça en suffisait pas, "Les Rêves Que L'On Écroule" nous prend une fois de plus à contre-pied avec une ambiance plus propice à l'introspection et une mélancolie là aussi tout en finesse. Un très bon solo de guitare nous cueille vers la fin du morceau, une petite surprise très agréable qui ajoute encore du feeling à un morceau déjà prenant et qui donne là aussi l'impression que le groupe se livre totalement et sans artifices. En gros, ce deuxième album nous fait entendre du rock pur et dur, un poil heavy / doom/rock, des touches bluesy aussi avec par exemple "Qui Erre", bref des styles de musique qui véhiculent une forme de noirceur et qui laissent de la place aux émotions. Même la pochette reflète cette approche plus dure, plus sombre et plus introspective. Certes les métalleux purs et durs risquent de ne pas trouver leur compte par ici, mais si vous avez l'esprit ouvert à quelque chose de plus rock, "La Mécanique Du Vide" propose quelque chose de suffisamment profond et sincère pour vous parler.
Une fois de plus, la Klonosphere nous amène un groupe avec une personnalité bien marquée et une envie de proposer une musique sincère sans se soucier d'une quelconque étiquette. Undervoid garde donc son identité avec "La Mécanique Du Vide" et la développe en lui ajoutant une dimension et une profondeur supplémentaires. Il ne faut pas vouloir se limiter au metal pur mais si vous êtes prêt à tendre l'oreille sur quelque chose de plus rock, vous avez là une belle occasion de le faire.
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