Les premières mesures de cet album nous plongent immédiatement dans un univers atmosphérique et profond. L'harmonie dégage un quelque chose entre A Perfect Circle et  Alice In Chains, et le pari est donc de pouvoir continuer sur cette lignée tout au long de l'opus. Dès l'arrivée du refrain, nous comprenons que la formation française compte bien relever le défi et nous propose ici du très bon rock, tout aussi puissant qu'envoûtant. "The Docker" donne sans conteste envie d'en entendre plus. "The Creep" révèle des aspects tout aussi intéressants et prouve que Vegg n'en est plus au stade de la recherche identitaire mais bien de son affirmation. Je ne connaissais pas ce groupe avant d'écouter "Joie De Vivre", et l'ensemble est cohérent et abouti, nous livrant de manière sincère un rock pur, franc et déchiré.

Ce qui est agréable, c'est que le groupe ne tombe pas dans le piège de la lassitude mélodique sombre et féroce à la fois, sachant dévier la facilité et se renouveler dans une énergie bénéfique, comme avec le titre suivant "The Faggot", qui présente, au sein de ses 6 minutes 35, une évolution de structure fort bien pensée. Les arpèges de guitare sont intelligemment amenés dans chacun des titres, et tout le reste de l'album conserve simultanément une énergie bien marquée "rock-indé" avec ce petit plus d'ambiances atmosphériques qui donnent à une formation toute cette vigueur que chacun recherche : un pouvoir identitaire proprement affirmé. Le grain de voix offre une certaine fragilité à cette fureur presque juvénile et tous ces contraires s'assemblent comme il se doit. Parfois la magie ne semble pas fonctionner, sans que l'on puisse expliquer pourquoi. Il semble qu'ici le mélange porte ses fruits, sans qu'on ne puisse y trouver plus d'explications rationnelles. Le dernier titre, "The Loner", est le plus long de l'album (7 minutes 05). Son introduction bluesy s'enchevêtre rapidement dans une tornade instrumentale hypnotique qui ne dure pas moins de la moitié de la chanson. L'arrivée du chant est cependant gérée avec parcimonie. Des cymbales retentissantes jusqu'à l'importance de la ligne de basse, le tout marque une progression finement animée, d'une ambiance sereine à un cri déchiré, tout comme le fait de manière globale l'album, de son premier à son dernier titre.

C'est donc un grand plaisir que de découvrir une nouvelle formation française proposant un opus – et plus généralement un rock - de qualité, et je vous invite donc à vous pencher sur ce groupe, surtout s'il devait passer par chez vous !