Ils ont beau être australiens, les membres de Voyager sont réglés comme une horloge suisse, tous les trois ou quatre ans un nouvel album arrive et nous ne sommes donc pas surpris de l'arrivée de "Fearless In Love" qui nous promet son lot de tubes metal à chanter sous la douche. Parce que le groupe s'est quand même produit à l'Eurovision avec son morceau "Promise" présent sur ce même album et qui n'avait même pas été composé pour l'occasion ! C'est dire à quel point la pop est ancrée dans l'ADN du groupe malgré ses racines progressives.

Des sonorités pop que l'on entendait déjà de manière flagrante sur le précédent album "Colours In The Sun" et qui, au lieu de rendre la musique du groupe plus fade et moins profonde, appuyait en fait d'autant plus les émotions que Voyager a toujours mis en avant. Parce que oui le problème avec les groupes qui flirtent avec la pop c'est qu'ils perdent souvent leur personnalité et la profondeur de leur musique au passage pour produire une espèce de soupe passe-partout en espérant décrocher la timbale. Ce n'est pas du tout ce que fait Voyager, on sent que ces sonorités font partie de ses influences et si elles ont tardé à se mettre aussi en avant, ce n'est que parce que la musique du groupe a évolué progressivement et que ce dernier a pris le temps de s'émanciper. Elles s'intègrent donc très bien au metal progressif du groupe qui a toujours laissé beaucoup de place aux émotions, à l'accroche mélodique et à une certaine sensibilité. "The Best Intentions" nous accueille donc avec d'entrée de jeu des sonorités electro et une accroche mélodique immédiate avec des lignes de chant très mélodiques avant de sortir les grosses guitares et des riffs plus connotés metal progressif. Une fois de plus, on ressent une certaine sensibilité, un peu de mélancolie aussi au milieu de ces riffs plus puissants et de ce groove imparable. Voyager fait une fois de plus des étincelles et nous prouve que le mariage de deux mondes à priori opposés peut fonctionner quand il fait sincèrement et avec un certain talent de composition. Daniel Estrin ne cesse de nous répéter qu'il a les meilleures intentions et les émotions qu'il arrive à faire passer à travers sa voix ne laissent aucun doute sur sa sincérité.

"Prince Of Fire" flirte quant à lui avec le djent, là aussi une influence qu'avait déjà laissé entendre Voyager et qui ne surprendra donc pas ceux qui suivent le groupe. Un morceau d'ailleurs très efficace une fois de plus, ce qui pourrait de toute façon être dit de chaque titre de ce nouvel album tant "Fearless In Love" est direct. C'est là que le groupe fait fort d'ailleurs, il arrive à rester accrocheur et direct sans perdre en profondeur et sans jamais que sa musique ne devienne fade. Les émotions sont bien là, le groove aussi, la puissance du metal se fait entendre à travers plusieurs riffs plus puissants et plus méchants et l'honnêteté de la démarche transpire à chaque seconde. Oui, le groupe est passé à l'Eurovision et pour pas mal de métalleux c'est un sacrilège, sauf que même si je me fous de ce concours personnellement l'accusation de compromission ne tient pas une seconde pour Voyager. Ce groupe fait ce qu'il a réellement envie de faire et cela s'entend, "Fearless In Love" est l'oeuvre d'un groupe qui se fait plaisir et arrive à nous le transmettre par la même occasion. Difficile de ne pas se bouger sur "Ultraviolet" par exemple, tout chevelu bourrin que vous êtes ce morceau va vous embarquer avec lui et toute résistance est inutile. Les gros riffs, les mélodies accrocheuses, le groove brutal, les growls de Sean Harmanis de Make The Suffer, tout est là et ça fonctionne terriblement bien ! Et si ça ne suffit pas, "Dreamer" enchaîne avec son beat imparable et ses petites sonorités electro pas loin du chiptune 8 bits, là encore un tube metal / pop / electro qui va sûrement défriser les puristes et les bourrins. "The Lamenting" est aussi beau qu'accrocheur et prend à la gorge avec ses mélodies et ses lignes de chant poignantes. Bref, tout ça pour dire que le groupe poursuit sur la lignée de "Colours In The Sun" et que cela lui va plutôt bien.

"Fearless In Love" pousse peut-être le bouchon encore un peu plus loin que son prédécesseur mais on reconnaît bien le Voyager que l'on y entendait, un metal progressif moderne qui emprunte de plus en plus à la pop et se fait de plus en plus mélodique et accrocheur. On n'oublie pas la puissance pour autant et le groove issu du metal moderne fait toujours son effet via des riffs puissants et bien groovy. Voyager frappe fort une fois de plus avec un nouvel album aussi immédiat que poignant et blindé d'émotions, donc si un peu de douceur dans votre musique de brute ne vous fait pas peur, vous pouvez y aller les yeux fermés et les oreilles bien ouvertes !