Le groupe
Biographie :

Vulvodynia est un groupe de deathcore / brutal death metal sud-africain formé en 2014 et actuellement composé de : Luke Haarhoff (guitare / Corps Fleur, Human Error, ex-Engorging The Autopsy, ex-Chainsaw Disembowelment, ex-Dropped In The Lake), Duncan Bentley (chant / Nervectomy, Vomit Cake, Harvest Misery, Sinners, The Elite Five, XavlegbmaofffassssitimiwoamndutroabcwapwaeiippohfffX, ex-Wormhole, ex-Acrimonious Anatomization), Kris Xenopoulos (guitare / Contrast The Water, Nervectomy, Vomit Cake, Grim Lake, Technopath, XavlegbmaofffassssitimiwoamndutroabcwapwaeiippohfffX, Xenopoulos, ex-Carnage Carnival), Chris van der Walt (basse / Boargazm, Sinners), Thomas Hughes (batterie / ex-All Forlorn, Bong And Haggis, Fuzigish, Solvia, Technopath) et Lwandile Prusent (guitare / Cryoplegia, Crayon, Glamaticus, Technopath, XavlegbmaofffassssitimiwoamndutroabcwapwaeiippohfffX). Vulvodynia sort son premier album, "Cognizant Castigation", en Octobre 2014 chez Morbid Generation Records, suivi de "Psychosadistic Design" en Juin 2016 chez Lacerated Enemy Records, de "Mob Justice" en Juin 2019, et de "Praenuntius Infiniti" en Septembre 2021 chez Unique Leader Records.

Discographie :

2014 : "Lord Of Plagues" (EP)
2014 : "Cognizant Castigation"
2015 : "Finis Omnium Ignorantiam" (EP)
2016 : "Psychosadistic Design"
2019 : "Anthropophagus" (EP)
2019 : "Mob Justice"
2021 : "Praenuntius Infiniti"


La chronique


Qui aurait cru que ce groupe de jeunes sud-africains serait aujourd’hui le fer de lance de tout un mouvement qui utilise la base du slam death et du beatdown pour porter cette musique plus loin encore ? En effet, Vulvodynia, c’est, en 8 ans d’existence, un groupe qui s’est construit petit à petit, qui a évolué stratégiquement sans trahir ses fondements, sans minimiser la brutalité de ses compositions ni le côté entraînant, et qui parvient à incorporer du neuf dans un style qui, assez souvent, reste bien fermé sur lui-même. Très actif sur les réseaux, et avec un merch' de qualité proposant de multiples artworks tous plus stylés les uns que les autres, le quintette, aujourd’hui sextette, démontre également qu’il est loin d’être un branquignole dans les affaires. Ils ont tout compris les p’tits gars, ils ont le look, l’attitude, le son, la technique, les compositions, la mascotte (Bob), le merch’ et forcément, la notoriété qui va avec. Musicalement, depuis "Mob Justice" sorti en 2019, on sent que le combo cherche à sortir du lot, et ce, sans se trahir. Il y a en effet des éléments plus peaufinés, une prod’ plus actuelle, un riffing plus digeste, des solos djenty, et "Praenuntius Infiniti", dernier album en date, est la preuve indéniable que cette orientation artistique s’affirme. Ce qui intéressant, c’est que Vulvodynia ne s’est pas encore cristallisé, il continue son évolution lentement mais sûrement, pour notre plus grand plaisir, ou pas...

En effet, un truc qui saute aux oreilles dès le début de l’album et qui se confirme au gré de l’écoute, c’est l’orientation plus "technical", comme si Vulvo’ voulait sensiblement empiéter sur les plates bandes d’Inferi, d’Archspire ou Equipoise. Il n’en perd pas pour autant son sens aiguisé du riffing bien rentre-dedans, le son des guitares est largement plus pesant que celui des formations précitées (en même temps, avec trois gratteux, c’est dur de sonner petit zizi à ce niveau-là) et le chant de notre ami Duncan est toujours aussi guttural, limpide et puissant. Quelques touches de synthé viennent ajouter de l’atmosphère à l’ensemble et les solos de guitares, dont certains ont un son très djenty, sont en adéquation avec ce qui se fait de plus actuel, du coup, ces choix renforcent l’aspect mélodique de l’ensemble, faisant ainsi perdre un peu le gras et la dégueulasserie dont Vulvodynia nous avait depuis le départ habitués. Après tout, à la base, avec un nom pareil, ceux que je considérais comme les rejetons modernes de Devourment s’émancipent par rapport à leur père spirituel. Plus deathcore que jamais sur certains riffs, notamment lorsque le chant part dans les screams, et plus rarement breakdown, dans le sens où le groupe a carrément décidé de limiter ce cliché de genre, nous sommes ici plus que jamais face à une formation qui a décidé de privilégier le climat et la complexité sonore, et limiter la surcharge riffesque. Tout se fait dans l’efficacité, dans une forme de simplicité de composition.

La majorité des morceaux ont une structure plus définie, avec intro, couplet, refrain, développement, solo, etc. On se repère plus aisément au sein des compos qui de se fait, en étant plus identifiables, sont ainsi plus digestes. La production ne fait pas semblant non plus, et même si j’y trouve un petit côté trop large, moins compressé qu’à l’accoutumé, notamment avec des guitares un peu lointaines alors qu’il y en a trois, faut pas oublier, le son possède globalement une bonne cohérence au profit de l’impact et de l’accroche. Le chant y possède une place centrale, cela confirme l’idée que le groupe est réellement dans l’initiative de construction, de raconter quelque chose, de créer un univers sonore bien à lui. En même temps, à l’instar de pas mal de groupes de slam deathcore, "Praenuntius Infiniti" raconte une histoire avec des Dieux, un multivers et tout le bordel. Comme à l’accoutumé dans ce genre musical, les invités venus prêter main forte au cromi sont légion, Jon Huber (Pathology, Bludgeone), Matti Way (Disgorge, Pathology et 1000 autres trucs), Olivier Rae Aleron (Archspire), Jamie Graham (Viscera) et Jordan James (Disemtomb) viennent participer à la gueulerie collective, et comme à l’accoutumé, cela n’ajoute vraiment pas grand-chose tant le type de voix n’est pas clairement identifiable, mais bon, ça confirme l’effet "crew". Pendant 57 minutes pour 14 tracks, Vulvodynia viole nos pauvres petites oreilles à grand renfort de sonorités assez insolites, le tout posé sur un socle rythmique dont les musiciens ont posé les premiers jalons au tout début de leur carrière.

En effet, et c’est un point important à souligner juste avant de conclure, Vulvodynia ne se trahit pas. Le sextette a juste développé d’autres facettes de son univers sonore sans occulter ce qu’ils ont créé jusque là. Certes, il y a pas mal de nappes et d’ambiances sonores, et un côté plus mélodique emprunt à des formations officiant dans le genre technical, tout cela un peu trop à mon goût, mais ça c’est personnel. Ok, le son de la gratte solo de Kris Xenopoulos est un peu trop djenty, du genre "sweat shirt rose manga capuche oreilles de chat", mais un truc qu’on ne peut pas leur reprocher, c’est d’être des ersatz de Krosis, Humanity Last Breath, Distant et consorts. Là où bon nombre de groupes étalent dans leurs réalisations clichés sur clichés, Vulvo’, lui, se démarque de la masse, évolue, s’embarque dans des territoires métalliques peu explorés et ça, c’est une force. Selon moi, il va se dessiner un avant et un après "Praenuntius Infiniti". De "Cognizant Castigation" à "Mob Justice", on a un pré-Vulvodynia, mais le véritable visage du groupe se dévoile aujourd’hui, plus moderne et évolutif que jamais, d’ailleurs, la signature chez Unique Leader, qui depuis quelques années fait du clonage, n’y est-elle pas pour quelque chose ? Ainsi, je pense qu’une certaine partie du public va s’éloigner du groupe, car mine de rien, la recette va attirer la génération au look Pyrorca qui aime écouter des génériques d’anime au piano, vers les frontières de la musique bestiale. Est-ce un mal ? Je ne sais pas mais effectivement, la fracture entre le vieux monde et le monde moderne est en marche chez Vulvodynia, le metal n’a pas fini d’écrire son histoire.


Trrha’l
Mars 2022


Conclusion
Note : 18,5/20

Le site officiel : www.facebook.com/blazemthband