Quand on voit un groupe qui s'appelle Walhalla et qu'on voit la pochette de son deuxième album "Release The Beast", on se dit qu'on va évidemment tomber sur du pagan / viking metal, sauf qu'en y regardant de plus près on voit que ça sort chez Great Dane Records ! En effet, ce groupe est constitué de membres de Soulgrind, Silentium et ex-Gloomy Grim entre autres (dont Agathon décédé en 2022 et qui était à la batterie sur cet album) et donne plutôt dans une sorte de black / death / thrash direct et frondeur. D'ailleurs, le groupe aura pris son temps puisque son premier album "Firereich" est sorti en 2000 !

"Through The shores Of Acheron" nous accueille et remet les pendules à l'heure de suite avec un mid-tempo groovy qui fait très vite disparaître les espoirs de tomber sur quelque chose de pagan / viking, on sent le black metal dans les leads froids en trémolo, le death metal dans la lourdeur des riffs et le thrash dans les riffs les plus tranchants et vicieux. "Ensemble To The Feast" embraie avec un rythme plus énergique et plus franchement thrash et un esprit clairement old school, ce qui s'entendra de toute façon sur tout l'album. Walhalla bénéficie d'un son puissant propre, clair et assez gros, donc d'une production actuelle mais c'est bien la seule concession qu'il accepte d'accorder à la modernité. Pour le reste, pensez aux vieux Destruction ou Kreator pour le thrash et à Unleashed pour les passages plus groovy ou les plus lourds. Au milieu de tout ça se glisse une petite touche de black dans le chant surtout et dans quelques leads ou ambiances plus froides, mais globalement "Release The Beast" mise sur du up ou du mid-tempo et le groupe cherche plus à faire taper du pied et headbanguer qu'à noyer sous la brutalité frontale. On ne se prend pas la tête par ici, on se contente de brancher le matos et d'envoyer la sauce à l'ancienne. D'ailleurs, comme sur "Firereich", une reprise décalée se cache en fin d'album, cette fois c'est le "Devil In Disguise" d'Elvis là où le premier album faisait entendre une version bien allumée du "Runaway" de Bon Jovi. On aimerait parfois que le rythme s'emballe un peu plus puisque le mid-tempo se taille quand même la part du lion mais il faut reconnaître que c'est plutôt efficace dans le genre.

Les membres de Walhalla connaissent clairement leurs classiques et on sent le plaisir qu'ils ont pris à enregistrer ce deuxième album. "Demons Voer Nordland" accélère un peu le rythme justement à la limite du blast, un petit coup de boost en milieu d'album qui fait du bien et remet un peu de patate là-dedans. Les passages mid-tempo qui débarquent de temps en temps n'en sont que plus destructeurs et le contraste entre les deux est toujours aussi efficace. Une preuve de plus que les vieilles recettes ont toujours du goût quand elles sont bien faites. Vous n'allez évidemment rien trouver de novateur par ici, les influences de Walhalla ne dépassent pas le début des années 90 gros maximum et son metal est old school jusqu'au bout des ongles et mise tout sur l'efficacité et les riffs les plus directs possibles. On a aussi droit à ces bons vieux soli sauvages à grands coups de vibrato, là encore un héritage du death et du thrash qui en a fait usage plus d'une fois. "Sinner" se permet même une ambiance plus glauque et malsaine avec là encore un mid-tempo écrasant qui envoie des riffs aux allures de bulldozer avant d'envoyer quelques blasts histoire d'être sûr de bien vous avoir massé les cervicales. Pareil pour "Morningstar Above" qui balance pas mal de blasts aussi et des passages lourds très efficaces à grands renforts de double grosse caisse. La fin d'album se fait d'ailleurs plus virulente que la première partie puisque le dernier morceau "Goat For Kirill" est lui aussi plus frontal et agressif. Finalement, malgré les vingt trois ans qui séparent les deux albums, le groupe n'a pas changé son fusil d'épaule et garde la même ligne directrice.

"Release The Beast" met donc fin à un long hiatus et nous fait entendre que Walhalla a toujours le même goût pour le thrash, les morceaux directs et les riffs tranchants. Pas de violence outrancière par ici mais un groove efficace et une envie de se faire plaisir qui devient communicative.