"Time II"
Note : 19/20
Il a fallu douze ans à Wintersun pour nous offrir la suite de son album phare. 2024 est une
année importante pour Jari Mäenpää (guitare / chant, ex-Ensiferum), Kai Hahto (batterie,
Darkwoods My Betrothed, Nightwish, ex-Rotten Sound, ex-Swallow The Sun), Teemu
Mäntysaari (guitare, Megadeth) et Jukka Koskinen (basse, Nightwish, Crownshift,
ex-Norther), qui dévoilent enfin "Time II", chez Nuclear Blast. L’album est, comme le premier
opus, illustré par Cameron Gray.
"Fields Of Snow" ouvre cette nouvelle pièce de l’histoire du groupe avec des sonorités d’abord
très calmes, puis qui deviennent plus vives et enfin enivrantes, mêlant approche
symphonique avec des influences folk enjouées pour rejoindre "The Way Of The Fire". Une
mélodie assez simple pour débuter, puis c’est la fureur qui s’empare des musiciens, d’abord
au niveau de la rythmique effrénée avant que les parties vocales ne se joignent à la charge
épique, que ce soit avec des hurlements ou un chant clair vindicatif sur les refrains. Le
groupe nous a habitués à ses longues parties leads travaillées, et elles sont de retour sur ce
morceau, mettant en avant les prouesses des guitaristes avant un final explosif qui mène à
"One With The Shadows" et sa lourdeur initiale, complétée par la suite de riffs solides où le
vocaliste nous montre ses capacités.
On notera une approche plus lente et minimaliste lors
des solos, puis le groupe nous offre un moment de répit avec "Ominous Clouds", un interlude
instrumental captivant aux influences classiques sur fond d’averse avant que "Storm" ne
prenne la suite, laissant le tonnerre gronder pour sonner l’embrasement de la rythmique. La
chorale renforce les interventions du vocaliste, qui n’hésite pas à se lancer dans de grandes
envolées épiques pendant que ses camarades assurent une base aussi belle que
dévastatrice qu’il complète à merveille, mais le break viendra à nouveau apaiser les esprits
avant que les guitares ne se libèrent, et nous conduisent vers la fin de cette pluie torrentielle,
puis vers "Silver Leaves" qui nous accueille avec ses notes hypnotiques. On sent que
l’atmosphère s’intensifie, et la saturation ne tardera pas à rejoindre la marche lancinante en
profitant de la lenteur pour devenir saccadée et majestueuse, permettant à la voix claire de
nous guider à travers les différents paysages sonores et de nous émerveiller à chaque
instant, pour finalement laisser la nature nous aider à reprendre nos esprits.
L’attente fut longue pour les fans de Wintersun, mais elle en valait la peine. Avec "Time II",
les Finlandais nous offrent à la fois une épopée et une délivrance, portant leur death metal
mélodique et symphonique à son apogée.
"The Forest Seasons"
Note : 16/20
Après un album éponyme devenu culte et un projet "Time" toujours en suspend, Wintersun nous fait la surprise de sortir un nouvel album d'une heure sobrement intitulé "The Forest Seasons". Avec quatre morceaux pour quatre saisons, le concept est clair et prend même des allures d'exercice de style.
Vu la direction prise sur le première partie de "Time", on pouvait s'attendre à un album très bucolique avec une surabondance d'éléments folkloriques ou symphoniques. Or, si on retrouve bien ce genre d'éléments auxquels s'ajoutent même quelques bruits de vent et d'animaux, la dimension orchestrale n'est pas mise en avant outre mesure dans le mixage de cet album.
Le premier morceau, "Awaken From The Dark Slumber (Spring)", évoque l'éveil de la forêt par une longue cavalcade qui s'intensifie de plus en plus après le calme de l'introduction. La dimension vraiment lumineuse du printemps n'apparaît vraiment qu'à la deuxième moitié du morceau avec des mélodies plus enjouées. Le chant est majoritairement typé black / death avec des chœurs épiques masculins qui apparaissent vers la fin. Au final, on a là une progression bien réussie pour ce premier quart d'heure de musique.
On passe à l'été avec "The Forest That Weeps". Après la fougueuse cavalcade printanière, le rythme se ralentit pour laisser place à un univers plus aride introduit au son de la guitare sèche. Comme sur le titre précédent, on bascule dans une énergie plus joyeuse sur la deuxième moitié du morceau suite à un interlude aux accents à la fois orientaux et amérindiens. Après une autre pause au son des cuivres et des chœurs épiques, le morceau finit par doucement retomber vers le thème de guitare sèche qui l'avait introduit.
Le troisième morceau de cet album est clairement le plus surprenant. En effet, l'automne y est ici figuré dans un style black metal à la fois sombre et violent. Entre blast beat écrasant, guitares vicieuses et orchestrations malsaines, ce morceau nous évoque plus une scène d'apocalypse que des feuilles jaunes tombant des arbres... Au milieu du vacarme, on a droit à un solo très technique et original qui nous rappelle la virtuosité des premiers morceaux du groupe. Certes, l'approche est singulière mais le rendu semble tout de même un peu excessif.
On termine avec le morceau le plus calme de cet album. "Loneliness" nous évoque la mélancolie de l'hiver à travers une musique aussi belle que touchante. Le chant clair est très présent, appuyé par un chant extrême très bien dosé. On retrouve ici la magie des meilleurs morceaux du groupe sans qu'on ait l'impression d'avoir à faire à une recette réchauffée. Pour moi, il s'agit clairement du meilleur titre de l'album.
"The Forest Seasons" est finalement un album qui cherche à nous surprendre tout en explorant une thématique pourtant assez convenue. Le défi est bien relevé car le groupe signe là un opus de qualité avec un final digne de ses meilleurs œuvres.
"Time I"
Note : 12/20
Le très attendu "Time I" de Wintersun est enfin sorti !
En effet, après 8 ans d'attente depuis le précédent et excellent opus au titre éponyme "Wintersun" sorti en 2004, Jari Mäenpää et ses compères reviennent avec cet album en 2 parties, l'autre étant prevue pour 2013.
Le death mélodique à tendance folk s'est transformé en metal épique.
"Time I" ressemble plus à une demo avec seulement 5 titres.
Une introduction "When Time Fades Away" ouvre l'écoute,
assez jolie et originale avec des sonorités rappelant le Japon, on se croirait dans un film romantique.
Mais voilà, 4 minutes c'est une éternité quand on attend la suite avec impatience !
"Son Of Winter And Stars" (qui se divise en 4 parties) enchaîne sur la continuation du premier titre, et enfin les guitares entrent !
Le chant clair magnifique, les chorus dont certains lyriques et les growls plus rageurs qui donnent du peps mais trop rarement, se partagent les taches.
Les orchestrations comme promis sont grandiloquentes mais recouvrent tout le reste.
Ce qui crée un certain fouillis avec pas mal de choses noyés en arrière-plan,
on perd alors l'énergie du morceau.
Il est très difficile de comprendre ce titre de plus de 13 minutes, sachant qu'il part dans tous les sens et que rien ne s'en dégage vraiment, ce qui fait perdre toute cohérence.
Une grosse galette avec un maximum d’ingrédients formant un résultat plutôt indigeste.
Attention, il y a quand même des choses agréables, comme un passage plus minimaliste de 2 minutes vers le milieu du titre, avec lequel on ressent enfin de l'émotion.
Ensuite, "Land Of Snow And Sorrow" sonne plus électrique, ce qui fait plaisir.
Ce titre est hélas trop gentil et vraiment mou avec un rythme très lent et des riffs plutôt soporifiques.
Cependant la structure est plus claire et la direction musicale plus évidente, ce qui donne un effet propre.
Au final, un morceau sympathique mais qui n'a rien d'exceptionnel.
Puis après un interlude spatial et aérien, "Darkness And Frost", on enchaîne déjà avec le dernier titre "Time".
Et là, on se dit : "c'est le titre de l'album, cela va être extra !".
Bien en effet c'est le meilleur morceau, mais extra reste un grand mot !
Il est un peu plus dynamique et comprend plus de growls,
le chant clair ressort mieux ici et le contraire aurait été dommage tellement il est expressif et beau !
Un bon titre.
La déception est au rendez-vous...
et il y a une bonne liste de points négatifs.
Tout d'abord la durée de cet opus qui est trop court, 40 minutes et qui ne comporte que 3 vrai titres...
Est ce Nuclear Blast qui a voulu faire du profit avec deux fois plus de ventes de CDs, étant donné que le groupe n'est pas très productif avec seulement 2 albums en plus de 8 ans ?
Espérons que "Time II" comporte plus de titres !
Ensuite les orchestrations, bien que splendides, ressortent beaucoup trop et écrasent les instruments metal et les chants.
On a une impression de bazar parfois, comme s'ils avaient voulu trop en faire et qu'au final cela ne sonne pas.
Puis quand on repense au premier album, on ne peut que déplorer ici un grand manque de technique !
En effet, où sont passés les solos qui nous hérissaient le poil et autres passages de guitares qui nous prenaient aux tripes ?
Ici rien de spécial ne ressort et l'on regrette les magnifiques envolées électriques de "Wintersun" !
On le regrette tout court même...
En effet, l’énergie metal, la profondeur, et l'émotion si percutante ont disparu, ce qui est bien triste...
L'attente n'est pas récompensée avec "Time I".
Depuis le temps que l'on nous le promettait, avec toute la pub autour et surtout le niveau du précédent album, on s'imaginait un truc énorme, l’excellence ou même l'album de la rentrée !
Mais voilà, ce n'est pas le cas, certes cela reste un bon moment de musique et un pas trop mauvais album, mais il n'est pas à la hauteur des espérances...
Après l'écoute, on reste sur notre faim et un sentiment de frustration se fait ressentir.
Il y a de bons moments mais rien ne ressort du lot et on est loin de la grosse claque !