Après avoir sorti un premier album bien sympathique en 2018 ("In The Land Of The Dead Turtles") fortement ancré dans un stoner gras et groovy, les Français de Wizard Must Die reviennent avec "L'Or Des Fous". Et cette fois ils apportent quelques touches supplémentaires à leur musique tout en gardant cette base stoner et rock.

"The Breach" ouvre l'album de manière feutrée et très marquée par les 70's avant de faire venir les guitares qui sont une fois de plus ancrées dans le rock bien gras et groovy. On sent aussi une ambiance plus sombre, plus introspective aussi peut-être. "The Disappearance Of Camille Saint-Saëns" avec près de douze minutes au compteur fait entendre quelque chose de plus mélodique et mélancolique que ce que le groupe proposait sur son premier album, délaissant par moments ce groove ravageur typique du rock et du stoner. Les racines sont toujours là mais Wizard Must Die y explore d'autres voies, faisant le grand écart entre le côté groovy et accrocheur et une profondeur plus appuyée avec des émotions plus présentes. On a même du piano qui débarque en plein milieu du morceau pour un passage très beau et assez poignant d'ailleurs, de quoi trancher avec l'esprit fun qui régnait par le passé dans la musique du groupe. "Flight 19" combine lui aussi le groove et le gras du stoner avec des ambiances plus sombres, quelque chose de plus tendu et de plus profond. Les mélodies sont souvent teintées de mélancolie et Wizard Must Die se fait clairement plus varié et plus personnel sur ce nouvel album. Aucun reniement pour autant, la base est toujours là et le groupe y a ajouté pas mal de chose pour rendre sa musique plus riche et se détacher de certaines influences qui s'entendaient encore pas mal par le passé. Cette fois le groupe trace son propre chemin et prouve qu'il n'a aucune envie de se reposer sur ses lauriers, il explore, tente de nouvelles choses, incorpore de nouvelles sonorités et ce la lui réussit plutôt bien.

Pour la première fois, le groupe tente aussi les paroles en français sur le morceau-titre, un morceau d'ailleurs lui aussi posé et assez lourd avec un chant plus aérien et des mélodies assez douces mélangées à des riffs presque dissonants. Ce qui crée un contraste intéressant et peut éventuellement rappeler ce que fait un certain Mars Red Sky dans l'esprit avec ce côté planant presque cosmique. Le dernier morceau de l'album "Clouds Are Not Spheres" se permet quelques petites folies avec de discrètes cassures rythmiques, un solo de saxophone qui amènent une petite touche de sonorités orientales avant de partir en pétage de plombs presque bruitiste. Le tout pour terminer ce titre final sur une ambiance bien plus mélancolique, contemplative et posée. Bref, Wizard Must Die surprend avec "L'Or Des Fous" et se détache des influences purement stoner et rock pour créer une musique plus personnelle, plus introspective, plus sombre aussi même si les racines sont toujours là. Les riffs gras se font encore entendre, le groove aussi et les guitares gardent ce côté un peu gras et baveux. Les habitués risquent tout de même d'être un désarçonnés à la première écoute, mais une fois la surprise passée vous allez vite vous rendre compte que le groupe est monté d'un cran à tous les niveaux et qu'il a réussi à enrichir sa musique sans trahir ses origines. Une évolution dans la continuité comme on dit même si Wizard Must Die a monté deux ou trois marches d'un coup au lieu d'une seule. Une telle évolution sur un deuxième album laisse rêveur pour la suite, on sait déjà que le groupe aura d'autres surprises à nous livrer et qu'il n'a pas l'intention de rester statique.

"L'Or Des Fous" marque donc une belle évolution pour la musique de Wizard Must Die qui garde sa base stoner / rock mais va chasser aussi sur d'autres terres plus mélodiques, plus sombres aussi. Sa musique se fait plus fine, plus riche et plus profonde tout en gardant un groove typique de ses racines. Des ajouts qui rendent ce nouvel album plus personnel et qui lui permettent de se détacher d'influences qui s'entendaient encore sur son prédécesseur.