Le groupe
Biographie :

Wormwood est un groupe de black metal mélodique suédois formé en 2014 et actuellement composé de : J.Engström (guitare / Withershin, ex-Abrania, T.Rydsheim (guitare / ex-Depraved), Nine (chant / Withershin, Myrkertidh) et Oscar Tornborg (basse / Withershin). Wormwood sort son premier album, "Ghostlands - Wounds From A Bleeding Earth", en Mars 2017 chez Non Serviam Records, suivi de "Nattarvet" en Juillet 2019 chez Black Lodge Records, de "Arkivet" en Août 2021, et de "The Star" en Mai 2024.

Discographie :

2015 : "The Void: Stories From The Whispering Well" (EP)
2017 : "Ghostlands - Wounds From A Bleeding Earth"
2019 : "Nattarvet"
2021 : "Arkivet"
2024 : "The Star"


Les chroniques


"The Star"
Note : 17/20

Si "The Star" est le quatrième album de Wormwood, c'est aussi le dernier volet d'une trilogie axée sur la mort qui évoque cette fois la fin de l'univers, carrément. Le black metal mélodique du groupe ne risque donc pas de se faire moins mélancolique ou moins froid. Et si la recette semble connue, Wormwood l'applique de manière personnelle et trouve à chaque album le moyen de la faire sonner d'une façon différente.

Le désespoir se fait sentir très vite sur "Stjärnfall" qui ouvre l'album et les mélodies arrivent à retranscrire cette impression de fin imminente. On retrouve le Wormwood que l'on connaît bien et le groupe propose donc toujours un black metal mélodique, qui se fait souvent mid-tempo et fait passer une mélancolie poignante à travers ses mélodies. Même quand des blasts furieux débarquent ces dernières continuent à frapper en plein cœur et on se dit que décidément ils sont peu nombreux ceux qui peuvent nous secouer aussi fort ! C'est le véritable talent de ces Suédois qui arrivent à créer poignante loin des clichés du black metal, avec toujours ces passages plus planants très Floydiens. "A Distant Glow", quant à lui, nous rappelle ces bons vieux Katatonia par moments, une influence parmi tant d'autres probablement puisque pour produire quelque chose d'aussi prenant et atypique les membres de Wormwood écoutent pas mal de choses différentes que je n'identifie pas forcément. En tout cas, ils sont toujours aussi inspirés et si la formule est connue maintenant, ils continuent à l'appliquer avec un talent fou et "The Star" délivre sa dose de mélodies poignantes et d'ambiances mélancoliques voire désespérées. L'idée de fin de l'univers, de la mort imminente de toute forme de vie est parfaitement retranscrite et au lieu de verser dans un black metal glacial, Wormwood préfère afficher une certaine résignation. On sent dans les mélodies que déploie l'album une forme d'apathie, comme si la race humaine acceptait sa mort prochaine et décidait de regarder sa fin en face.

Dans les faits, cela donne donc un black metal qui ne plaira clairement pas aux puristes, ni à ceux qui veulent un minimum de violence puisque les blasts sont assez rares et les mélodies bien présentes. Il y a une résignation, une tendance à l'introspection aussi qui font que le black metal de Wormwood se démarque facilement du reste. Le désespoir, la mélancolie, le caractère froid de l'ensemble sont des points que l'on retrouve souvent dans cette musique mais jamais exploitée de la même façon que chez ces Suédois qui ont une façon bien à eux de développer ce type d'ambiances. Une fois encore, cela doit venir d'influences différentes, de goûts peut-être plus larges de la part des membres et d'une bonne dose de talent aussi, soyons honnêtes. Ou une ambition plus vaste aussi, une envie de ne pas se limiter aux codes classiques du genre. En tout cas, le résultat est là et "The Star" est une fois de plus excellent, ne souffrant d'aucun temps mort ni d'aucune baisse de régime malgré un rythme centré sur le mid-tempo la majeure partie du temps. Quelques accélérations amènent une petite tension de temps en temps mais c'est globalement assez posé comme d'habitude, ce qui fait que les habitués de la maison s'y retrouveront très vite. Maintenant que cette trilogie conceptuelle est terminée, il sera intéressant d'entendre ce que le groupe va proposer à l'avenir, avec éventuellement un changement dans les ambiances crées. Vu le talent de Wormwood pour les mélodies et la composition en général, il n'y a pas trop de soucis à se faire. La production de l'album est comme d'habitude bien plus propre que ce que le black metal metal laisse entendre la plupart du temps, le propos n'est pas le même et le groupe mise donc sur un son puissant et clair.

En attendant d'entendre ce que Wormwood proposera une fois sorti de ce concept en trois albums, "The Star" est une fois de plus un très bon cru à ne pas rater. Non seulement le black metal du groupe se démarque facilement du reste de la scène mais en plus le talent de celui-ci pour les mélodies est une fois de plus bluffant. Mêlant désespoir, résignation, introspection et colère, ce nouvel album est une nouvelle baffe à se prendre sans modération et tant pis pour les joues endolories.


Murderworks
Octobre 2021




"Arkivet"
Note : 17/20

Les Suédois de Wormwood nous livrent leur troisième album, "Arkivet", après deux très bons albums de black mélodique assez originaux. Le groupe mélange en effet ce black mélodique avec des sonorités folk et rock progressives avec un don pour les mélodies qui frappent en plein cœur. La musique de Wormwood est donc souvent mélancolique et ce n'est pas ce nouvel album qui va changer la donne.

Si le up-tempo est de mise sur "The Archive" qui ouvre l'album, on sent bien dans les mélodies cette fameuse mélancolie qui habite systématiquement les albums de Wormwood et qui fait mouche encore une fois. Un break fortement teinté de rock progressif aux légères senteurs Pink Floyd vient encore appuyer cette ambiance avec un solo tout en simplicité mais d'une beauté à tomber. Ces sept première minutes confirment le talent du groupe pour créer des ambiances poignantes et laissent deviner un visage encore plus désabusé cette fois. Le thème abordé s'y prête bien puisque "Arkivet" semble parler de la disparition de la race humaine suite à l'exploitation déraisonnée de sa planète. Si la mélancolie a toujours fait partie de l'univers de Wormwood, il y a ici quelque chose de plus désespéré, comme si le groupe avait réussi à mettre en musique l'acceptation d'une mort prochaine inéluctable. Il y a une sorte de contemplation qui vire à l'introspection, celle de la personne qui sait que son temps est venu et qui passe son existence en revue en essayant de chercher un sens à tout ça. En tout cas, que les ambiances soient plus sombres ou pas, ces Suédois ont décidément un don pour frapper en plein cœur et "Arkivet" est bouleversant de bout en bout. On reconnaît aisément la patte du groupe mais pourtant quelque chose a changé, le concept utilisé amène les mélodies à un autre niveau. Il concentre aussi son propos et part moins dans tous les sens que sur les deux précédents albums, cela leur allait très bien mais puisque "Arkivet" est un album concept, il fallait quelque chose de plus concis et direct. Le défi est réussi et ce troisième album ne souffre d'aucune faiblesse et fait preuve d'un impact constant que ce soit par son énergie ou ses mélodies.

Les blasts sont toujours là mais la violence n'a jamais été le propos de Wormwood, ils servent donc une fois de plus à apporter de l'énergie et de la rage mais ne prennent jamais le dessus sur les superbes mélodies que les deux guitaristes du groupe tissent avec leurs instruments. Les morceaux sont comme d'habitude assez longs mais ne souffrent d'aucun temps mort, le groupe laisse tellement de place aux émotions qu'il est impossible de s'ennuyer. On est constamment frappée par des mélodies sublimes, des accélérations qui sentent la colère du désespoir et un chant arraché qui n'exprime pas autre chose. Quelques sonorités folkloriques et traditionnelles refont leur apparition sur "My Northern Heart" et apportent une fois de plus une mélancolie qui vous saisit et ne vous lâche plus pendant plus de six minutes. On pourrait de toute façon résumer tout l'album comme ça tant chaque morceau frappe dans le mille et balance des ambiances aussi belles que désespérées. Comme d'habitude, le black metal de Wormwood ne s'adresse pas aux puristes bourrins et montre une sensibilité bien rare dans ce style de musique. Une patte qui lui a toujours permis de se démarquer et de proposer quelque chose de bien plus prenant et poignant que ses confrères. Cela demande un peu plus d'ouverture d'esprit que pour écouter un groupe de black metal traditionnel mais la beauté de l'ensemble saisira quiconque n'a pas un cœur de pierre. D'autant que, comme dit précédemment, "Arkivet" se montre plus concentré, a moins tendance à utiliser des sonorités différentes toutes les trente secondes et concentre son propos pour développer quelque chose de plus puissant émotionnellement.

Wormwood continue sur sa lignée en faisant cette fois de "Arkivet" un album concept et en montrant un visage plus contrôlé, plus poignant encore que précédemment et qui frappe d'autant plus vite et fort au but. Il y a une beauté, une fragilité et une sensibilité inhabituelle pour du black metal ici, mais c'est justement ce qui permet à ce nouvel album d'être aussi touchant et mémorable.


Murderworks
Octobre 2021




"Nattarvet"
Note : 17/20

Après s'être fait remarquer avec son premier album, Wormwood est de retour avec "Nattarvet", un deuxième album à la thématique plus sombre que celle de son grand frère. A voir si tout ça va se répercuter sur les ambiances de ce groupe qui nous avait proposé un sacré mélange de black metal, de black'n'roll et de pagan.

On voit en tout cas très vite que la durée des morceaux s'est allongée puisque pour une durée similaire à "Ghostlands - Wounds From A Bleeding Earth", il n'y que sept pistes contre douze précédemment. Malgré ça, "Av Lie Och Börda" qui ouvre l'album nous permet de retrouver nos repères assez vite même si l'ambiance est effectivement plus solennelle. On y retrouve évidemment le black metal mais aussi ces mélodies pagan limites folk par moments, mais bien moins dansantes que sur certains morceaux de "Ghostlands". Ce premier morceau est clairement emprunt de mélancolie et ses mélodies sont aussi froides que belles, notamment en fin de morceau avec de discrets claviers qui appuient encore cette ambiance hivernale. Le groupe colle donc à son concept, l'histoire de la suède au 19ème siècle avec mort, famine et maladies au menu, mais ne change pas son fusil d'épaule pour autant et reprend les éléments qui ont fait sa personnalité sur "Ghostlands". Pour reprendre cette bonne vieille comparaison culinaire c'est la même recette mais avec des dosages différents. En tout cas, le groupe a toujours le don de balancer des mélodies prenantes et de passer d'une ambiance à l'autre au sein d'un même morceau sans sourciller. Comme ce break planant en chant clair qui débarque sur "I Bottenlös Ävja" après une entame bien black mid-tempo à l'ancienne. Comme pour le premier album, les amateurs de violence brute et de black metal haineux en seront pour leurs frais, Wormwood travaille ses ambiances et ne fait appel à l'agressivité que lorsque le morceau l'exige. Et même quand les blasts se font entendre, par exemple sur "Arctic Light", la mélodie n'est jamais loin derrière et les ambiances se taillent la part du lion.

Le chant féminin que l'on entendait à plusieurs reprises sur "Ghostlands" est encore présent lui aussi mais là encore de façon bien moins régulière, en plus d'être cette fois assuré par Moa Sjölander et non plus Alexandra Moqvist. Tout comme le côté rock qui perd un peu de terrain, en tout cas sous la forme purement rock'n'roll énergique que l'on pouvait entendre sur le premier album. Ici, les passages connotés rock sont bien plus atmosphériques et planants, je n'ose sortir le mot progressif mais dans l'idée on y est presque. Ce mélange des genres et des ambiances donne une âme à la musique de Wormwood et si on peut reconnaître les influences de certaines scènes en particulier, ces Suédois arrivent à s'en démarquer pour proposer leur propre univers. Un don certain pour poser des ambiances prenantes et poignantes les aide aussi à créer ce monde musical sur mesure, de quoi assurer une bonne durée de vie à l'album qui va de toute façon vous demander plusieurs écoutes. Pas que la musique du groupe soit particulièrement complexe, mais la richesse des éléments mélangés ici font que l'on y découvre encore des choses après s'être passé ces cinquante-quatre minutes plusieurs fois. "The Isolationist" est d'ailleurs un excellent moyen de fermer l'album en beauté avec ses douze minutes au compteur et ses ambiances là encore très fortes et mélancoliques. Typiquement le genre de morceau qui vous pousse à relancer l'album une deuxième fois dans la foulée, ce qui est plutôt bon signe et la preuve que le groupe a travaillé sa musique (et son tracklisting).

Un deuxième album qui confirme le potentiel de Wormwood et qui montre clairement que le groupe n'a pas du tout l'intention de proposer deux fois le même album. On y retrouve tout ce qu'on avait aimé précédemment mais avec des ambiances différentes, plus appropriées à ce concept plus sombre. Pas de raison de bouder ce très bon nouvel album et si "Ghostlands" vous avait plu, vous lui trouverez un très bon successeur ici.


Murderworks
Septembre 2019




"Ghostlands - Wounds From A Bleeding Earth"
Note : 17/20

Wormwood est un groupe suédois de... c’est une bonne question ça, tiens. Wormwood, ça évolue dans quel genre en particulier ? Eh bien, c’est un sacré mélange entre du black, du folk, du rock’n'roll... bref, un mix dont les groupes suédois ont souvent le secret et qui se révèlent très souvent étonnants. Je n’ai aucune idée à quoi m’attendre avec cet album, j’y vais donc en aveugle.

L’album s’ouvre sur "Gjallarhornet", référence mythologique évidente, et par l’utilisation d’une corne justement, et de choeurs presque mystiques fondus dans le rendu sonore. On peut déjà en conclure une chose : Wormwood va nous proposer un contenu très traditionnel, et très proche des racines scandinaves. La transition est parfaite entre cette courte introduction, et "The Universe Is Dying". Rien que le titre choisi est tout un programme, et ferait suer un climatosceptique. Avec "Under Hennes Vingslag", je commence à véritablement entrer dans l’album. Les vocaux sont agressifs, mais en adéquation avec ce que je qualifierais de standards dans le viking metal. Et c’est là que je me suis fait la réflexion qui va guider mon écoute de l’album : Wormwood ne s’appréhende pas dès la première écoute, plusieurs retours sur l’album seront sans doute nécessaires pour en découvrir toutes les facettes et les apprécier véritablement. Le contenu est riche. Extrêmement riche. Peut-être trop riche justement pour une première écoute. Mais une fois que la période d’initiation est passée, on ne peut que s’incliner devant le talent du groupe. Tout l’album sera marqué par ce côté épique et majestueux, mais qui n’oppressera jamais le côté black de la musique (et là je suis sûre que personne n’a rien compris à ce que je voulais dire). Wormwood évolue tout en harmonie, et avec une assurance qui se sent au travers de chacun des morceaux. Le titre le plus représentatif de cet état d’esprit est sans nul doute "Oceans". S’il y avait un titre à retenir de cet album, ça serait à mon sens celui-ci. Les morceaux sont partagés entre deux langues, l’anglais bien sûr mais aussi de jolies déviations vers la langue maternelle de Wormwood, le suédois. Ceux qui me connaissent sauront d’ores et déjà que ma préférence se porte vers le suédois qui apporte une réelle identité à la musique du groupe. Et puis merde, j’ai un point faible pour les voix claires qui chantent en scandinave (bon okay sauf en danois... mais ça reste discustable), et Wormwood nous offre de beaux moments de douceur avec par exemple "Silverdimmans Återksens". De façon générale, j’ai préféré les morceaux en suédois... plus tournés vers le folk traditionnel et qui représentent assez bien mon envie d’aller danser à moitié à poil dans une forêt en Scandinavie. Ne jugez pas mes envies, vous avez aussi les vôtres, j’en suis sûre.

Au final, Wormwood nous propose ici un album conséquent avec douze titres. Mais il n’y a pas vraiment de longueurs, juste l’appréhension d’un contenu vraiment riche qu’il faut réussir à digérer. Mais je pense vraiment que c’est un album qui a un incroyable potentiel, et ce potentiel ne cesse de grandir à chaque écoute. C’est donc une production qu’il faut savourer avec attention et qui propose de beaux moments de créativité et de voyage. Et franchement, c’est de la musique qui met de bonne humeur alors pourquoi s’en priver ?


Velgbortlivet
Juin 2017


Conclusion
L'interview : Nine

Le site officiel : www.facebook.com/wormwoodswe