Jeune groupe grec formé en 2018, Wothrosch nous livre son premier album "Odium" en ce début d'année avec comme ambition de proposer un metal aux frontières du black et du death qui proposerait des ambiances épiques ou apocalyptiques et une brutalité débridée. Les influences annoncées vont de Rotting Christ à Septicflesh en passant par Anaal Nathrakh.
Les ambiances amenées par "Child" qui ouvre l'album rappellent effectivement le Rotting Christ des trois derniers albums avec un tempo bien plus lourd et des mélodies plus noires. La violence est bien présente avec quelques blasts évidemment mais aussi et surtout par cette volonté d'agresser les tympans avec des couches de sons qui attaquent de partout. Même quand les riffs sont lourds et directs, il y a des arrangements plus bruitistes, des choeurs, des sons d'ambiance en fond, bref il y a toujours des couches de sons qui se superposent aux riffs pour créer quelque chose de chaotique. La saturation que l'on entend aussi sur certaines parties de chant rappelle justement Anaal Nathrakh qui adore utiliser ce procédé et cela rajoute une couche de chaos supplémentaire à la musique de Wothrosch qui aime visiblement torturer ses auditeurs de multiples façons. "Tumor" enchaîne avec des riffs plus death metal et une approche bien plus directe et brutale qui m'a presque rappelé le "Occasus" de The Amenta sans les sonorités electro ou indus, même le son et le jeu de batterie s'en rapprochent ! On retrouve même les noms de morceaux qui tiennent en un seul mot là encore comme sur "Occasus", hasard ou véritable influence ? En tout cas, après cette parenthèse plus brutale, le groupe enchaîne quatre morceaux plus lourds et plus longs qui atteignent quasiment tous les huit minutes. Le premier d'entre eux est "Disease" et là encore si le tempo est lourd, le groupe ne faiblit pas pour autant, l'ambiance est oppressante et les tapis de double grosse caisse ne loupent pas une occasion de se faire entendre. Quelques arpèges plus black metal et donc plus froids s'infiltrent aussi au milieu de ce metal extrême pesant qui avance inexorablement vers vous avec des intentions qui n'ont pas l'air amicales.
Quelques mélodies plus proches de Septicflesh se font aussi discrètement entendre et on sent à ces moments-là cette fameuse personnalité qu'ont les groupes de metal grecs et qui les démarque instantanément du reste de la scène. Les explosions de violence à grands coups de blasts sont d'autant plus percutantes qu'elles sont rares, Wothrosch ne mise pas sur la brutalité frontale et ne s'en sert que lorsqu'elle sert son propos. "Sinner" continue sur cette voie pesante avec là encore un tempo lourd et des mélodies qui se font plus mélancoliques et apportent un peu d'air au sein d'un album intense et majoritairement étouffant. Là encore, le repos est de courte durée et le soufre fait bien vite son retour pour nous chatouiller les narines et nous enlever le peu d'oxygène auquel le groupe nous avait fait brièvement goûter. Si le nom d'Anaal Nathrakh est apparu plus haut, c'est principalement à cause des effets de saturation sur certaines parties de chant, ne vous attendez pas à retrouver chez Wothrosch l'utraviolence dont peut faire preuve le duo britannique. La biographie nous annonce que le groupe veut créer un chaos sonore mais cela passe bien plus comme dit plus haut par la multiplication des couches de sons, pas mal de hurlements et cris déchirés et par des ambiances apocalyptiques que par une brutalité soutenue. En parlant de cris et hurlements, on retrouve Kvarforth de Shining en guest sur "Mass" pour en rajouter encore une couche, il faut dire que le bougre s'y connaît. Même si j'avoue avoir du mal maintenant avec sa voix à force de l'avoir entendu chez tout le monde pendant une bonne paire d'années. On n'échappe pas à quelques longueurs notamment sur le morceau titre qui s'étale un peu trop avec huit minutes assez répétitives, mais globalement le groupe arrive à produire des ambiances intéressantes.
Wothrosch frappe donc assez fort avec "Odium" qui propose des ambiances fortes et se démarque du reste de la scène extrême actuelle par son tempo assez lourd et ses rares explosions de violence. Les plus bourrins n'y trouveront pas leur compte mais le groupe a autre chose à proposer et si les ambiances apocalyptiques et les riffs écrasants vous parlent, soyez curieux et jetez y une oreille.
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