"Sarkhral Lumænor - La Lueur Contre Les Fléaux"
Note : 17/20
Si ce soleil qui s'éternise vous démoralise, le quatrième album des français de Wyrms devrait vous remettre un peu de glace au cœur. "Sarkhral Lumænor - La Lueur Contre Les Fléaux" de son petit nom poursuit sur la lancée de ses prédécesseurs et délivre une fois de plus un black metal proche de la tradition du grand Nord donc froid, mélodique et intense.
Intense parce que Wyrms ne lésine pas sur les blasts et que ceux-ci occupent une bonne partie de l'espace sonore, ce qui n'empêche pas la présence d'ambiances très travaillées et toujours marquantes. Quelques claviers nous accueillent pour une ambiance de suite glaciale au début de "La Messe De L'Epée" qui ouvre ce nouvel album, les leads venant ensuite ajouter une couche mélancolique sur cette banquise sonore. Ce sont ensuite ces fameux blasts qui prennent le relais pour un black metal qui va se faire rageur et mélodique, presque épique et guerrier par moments. Les morceaux sont d'ailleurs assez longs et tournent en général autour des six minutes, voire même dix minutes pour "Dans L'Hiver Et Dans La Nuit" qui clôture l'album. Même si la musique de Wyrms est intense et ne lésine pas sur la violence, celle-ci ne tombe jamais dans la brutalité facile et stérile, la mélodie et la mélancolie se font régulièrement une place et les morceaux sont suffisamment dynamiques pour ne pas lasser. En fait, la plupart des morceaux semblent plus courts qu'ils ne le sont réellement, ce qui est toujours le signe que le groupe a réussi à nous embarquer dans son univers. Donc oui, les amateurs de blasts seront heureux puisque "Sarkhral Lumænor - La Lueur Contre Les Fléaux" en envoie beaucoup comme ses prédécesseurs, mais ceux qui aiment les ambiances évocatrices et le souffle épique du grand Nord seront tout aussi comblés. "Fort Blanc Et Bêtes Noires" affiche même un début presque accrocheur avec toujours cette forte puissance d'évocation dans les leads et les mélodies. La mélancolie se fait entendre là aussi et ce deuxième morceau développe quelque chose de tragique au milieu de cette ambiance belliqueuse, comme l'impression d'avoir le point de vue d'un guerrier observant les monceaux de cadavres à la fin d'une bataille et voyant l'absurdité de ce qu'il a contribué à déployer.
La production est elle aussi proche du black metal traditionnel avec ces guitares tranchantes et même si le son est globalement puissant et propre, il y a ce petit zeste de crasse qui vous lacère les tympans et qui colle diablement bien à ce type de black metal. La biographie du groupe cite entre autres Sühnopfer et effectivement dans l'esprit on retrouve cette volonté de proposer un black metal aussi violent que mélodique proche des origines et qui ne s'aventure pas dans les terrains plus modernes. Même si les trois quarts d'heure de l'album passent vite et que la mélodie est omniprésente, son intensité met tout de même à genoux et on ressort de l'écoute de "Sarkhral Lumænor - La Lueur Contre Les Fléaux" totalement lessivé, ce qui n'est pas du tout un reproche d'ailleurs. Ce nouvel album allie comme d'habitude la puissance émotionnelle à celle qui découle de l'usage de la violence avec toutes ces rafales de blasts qui nous tombent dessus. Seul le dernier morceau de l'album lève un peu le pied et propose quelque chose de plus posé mais tout aussi évocateur. Comme Sühnopfer, comme Darkenhöld cité lui aussi par la biographie, Wyrms confirme que la scène française à tout un vivier de groupes très doués pour pratiquer ce black incisif, mélodique et intense dans tous les sens du terme. D'ailleurs, la puissance de ses ambiances permettent au groupe d'afficher une personnalité bien appuyée et de se faire une belle place aux côté de ses confrères de la scène tout en se démarquant suffisamment.
Voilà une fois de plus un groupe qui ne déçoit jamais, qui envoie des mélodies et des ambiances prenantes et qui arrive à la fois à coller aux codes d'un type précis de black metal tout en prenant suffisamment ses distances pour proposer quelque chose de personnel. Que demander de plus finalement ? "Sarkhral Lumænor - La Lueur Contre Les Fléaux" est un excellent album donc si le nom de Wyrms vous est encore inconnu, voilà une occasion parfaite de réparer cet affront !
"Morcar Satoric - Les VI Chemins Du Crépuscule"
Note : 16/20
Un black metal on ne peut plus traditionnel au niveau du visuel car on retrouve aisément ce qui dirigeait les codes visuels de ce style dans les années 90's, et notamment la scène plutôt "black légions" pour ce qui est de la France, ainsi que la norvégienne traditionnelle.
En effet, la back cover étant tellement dans la veine de ce que l'ont pouvait trouver chez les Mutiilation et consorts pour ne citer qu'eux, avec une police d'écriture gothique si typique de ce mouvement conjoncturel qu'on s'y perdrait en confusion.
Dans ce booklet dont on saluera la noirceur et le côté très gris de l'artwork et de ses illustrations qui sont signés Tedd lui-même, auteur et compositeur de Wyrms, où l'on se fera ramener évidemment chez les Satyricon d'antan, où les pochettes de Burzum et autres old Ulver et Empyrium pour le côté norvégien montagnard à tendance "bilzzardeuse" régnaient en impératrices du mal absolu sans aucun prétendant au trône.
Donc une fois le décor bien planté sur un terrain connu au niveau du panorama, on peut alors plonger dans ces huit titres où se déroulera un black metal traditionnellement sobre, mais empli de mélodies intéressantes ainsi que de passages plus ou moins planants afin de poser quelques atmosphères ténébreuses, laissant ainsi à l'auditeur le temps de reprendre ses esprits entre quelques passages très violents.
Il s'agit ici d'un album qui ne va pas chercher dans la singularité en essayant d'aller créer des tentatives expérimentales pour se démarquer d'une scène dans le but d'attirer le plus de monde. Non il semble que Wyrms veuille juste remplir son office en composant des titres carrés, prenants, sans prétention mais efficaces. Déjà parce que d'une longueur similaire sur la majorité des titres avoisinant les six minutes, Wyrms développe sa mélodie de manière évolutive. Son black metal est malsain grâce aux vocaux black dépressif, mais Wyrms conserve constamment un fil conducteur mélodique qui dirige comme un chef d'orchestre tous les chemins qui mènent vers ce crépuscule tant attendu comme le joueur de flûte de Hamelin dirigeait les rats hors de la ville.
Ainsi le premier chemin nous permet de découvrir la tonalité de l'album à savoir annonçant dans ce même titre ses volontés de placer des passages plus acoustiques qui se marieront à merveille avec les leads sauvages mais toujours mélodiques, des passages les plus agressifs.
On se rend compte de l'efficacité des morceaux car lorsque la violence fait rage, Wyrms se garde d'avancer trop dans cette voie pour redonner à son black son aspect plus rythmiquement traditionnel en le lissant par des mélodies captivantes.
De manière intelligente, les titres se suivent dans une alternance de longueur pour la première partie de l'album, jusqu'à l'interlude "Native Art Supremacy" où les quatre morceaux suivants conserveront une longueur plutôt homogène pour déverser leur haine.
Il est à noter que la production est plutôt bien maîtrisée dans le sens où il ne faut pas sortir d'une école d'ingé son pour constater avec satisfaction que la batterie est parfaitement audible, autant sur la caisse claire, que les cymbales qui sont cristallines, mais surtout la grosse caisse qui est génialement bien mixée.
Quelques nappes de claviers viennent pointer le bout de leur nez un peu plus que sur le reste où elles restent assez discrètes, sur un titre comme "Voyage Intérieur" qui prend des airs beaucoup plus folk, comme Windir pouvait le faire à son époque ou encore Godkiller sur "The Rebirth Of The Middle Ages", mais en version beaucoup plus propre niveau production.
Il semble bien effectivement qu'une comparaison avec le vieux Godkiller pourrait être une des plus représentatives sur les intentions musicales de Wyrms.
Des intentions musicales variées puisque l'interlude "Native Art Supremacy" fait office de charnière en offrant à l'auditeur un moment savoureusement acoustique. Morceau indispensable servant de ciment au contenu de ce "Morcar Satoric - Les VI Chemins Du Crépuscule" si plaisant sur la durée.
Le reste de l'album se déroule de manière envoûtante puisque le quatrième chemin faisant huit minutes et la moitié d'une, propose des ambiances tantôt black et folk, tantôt mélodiques et aériennes le tout sur un lit progressif bien amené.
C'est pour cela que Wyrms ne révolutionnant aucun critère, ne bouleversant aucune référence, s'amuse à produire un plat de haute qualité dans ce que l'on connaît et plaît à l'amateur de black mélodique norvégien.
Le cinquième chemin étant une pure merveille de mélodie dirigée par des guitares surprenantes d'harmonie.
Wyrms construit parfaitement bien ses compositions avec parcimonie dans la mélodie, dans la violence et dans la noirceur c'est d'ailleurs ce qui fait sa force.
Moralité, les quelques cinquante minutes se développeront de manière captivante dans nos oreilles pour ne laisser planer aucun doute quant à la capacité de cet album à être considéré comme un excellent album de black metal.
Alors si vous en doutez encore, il vous suffit juste d'un peu de curiosité et d'aller constater vous-mêmes. Et si la mauvaise foi ne vous dirige pas l'esprit, vous en conviendrez totalement...
"Aashanstys - Rêves Et Peines D'Un Misanthrope"
Note : 18/20
Dans la série, mettez vos préjugez aux oubliettes et laissez une chance au black metal Français, je vous présente Wyrms, jeune formation Française qui m’a foutu une de ces claques comme je n’en ai pas prise depuis trop longtemps.
"Wyrms est destiné à tous ceux pour qui le temps s’est arrêté, ceux qui sont confinés dans leur imagination, et harcelés par leur souvenirs". Cette citation tirée du livret de l’album "Aashanstys - Rêves Et Peines D'Un Misanthrope" caractérise plutôt bien l’atmosphère parfois onirique qui en émane. Le temps s’arrête à chaque passage dans le lecteur, impossible de faire autre chose que d’écouter cet album d’un bout à l’autre. En termes de black metal symphonique cela fait bien longtemps que je ne m’étais pas autant arrêté sur un groupe. Le dernier en date devait être Maleficentia et son album "Revelation From The Ancestral Whisper" sorti en 2008. Me voilà donc face à une nouvelle formation Française bourrée de talent mais laissez moi vous en dire plus sur cet album.
Chaque titre semble compter sa propre histoire et nous emmène vers des contrées et émotions toujours plus intenses. Les clés du succès ? Un clavier magique, des riffs accrocheurs et mélodiques, une batterie rapide et organique, le mix idéal pour produire cette alliance magique qui mêle tristesse, mélancolie et énergie. Tiens en parlant de ça, "Les Abysses De La Mélancolie" est pour moi le titre le plus abouti de l’album. Je ne peux que rester de marbre à l’écoute d’un passage aussi féérique que celui à 2min40 ou encore à 7min40. Ce voyage en pleine montagne au milieu de paysages fabuleux est tout simplement magnifique. Cet album est définitivement une pure merveille du black metal symphonique comme je n’en avais pas entendue depuis… Windir… "La Résurrection De Wyrms" nous ramène définitivement vers une époque disparue et c’est franchement bienvenu. "La Chute d’Aashantys" s’ouvre sur une guitare sèche avant de nous plonger dans la colère fulgurante du Wyrms enfoui. Le summum de ce titre se situe à 3min17. Une fois de plus c’est ce son de guitare si aiguisé qui me laisse difficilement insensible. Le chant écorché renforce encore plus cette douleur profonde, quoiqu’ils en remettent une couche à 5min18. "Payasage Ephèmère" nous assène de breaks à s’en tordre le coup et la furie qui émane de ce titre est juste jouissive.
Si la référence aux mythiques Norvégiens est indéniable et évidente sur certains passages, la force de Wyrms réside dans cette volonté à diversifier son art, en y installant une ambiance plus lourde, et plus martiale comme sur "Martyr Du Temps". Wyrms nous ravit également de passages plus folkloriques à la guitare sèche. Sur "Racine Arrachée", les guitares se font aussi stridentes qu’une lame bien aiguisée, le tout est très torturé mais on se laisse une fois de plus emporté par la vélocité du batteur et des guitaristes qui ne nous laissent pas une minute de répit. Il faut attendre le dernier morceau de l’album pour pouvoir jouir de la tranquillité de la montagne où les nappes de clavier prennent toute leur importance.
"Aashanstys - Rêves Et Peines D'Un Misanthrope" est comme une ascension pleine d’excitation. On ne peut s’empêcher d’être attiré par la beauté de cette montagne sauvage que l’on découvre pour la première fois. Plus on avance, plus la pression monte et la difficulté s’accentue. En haut de l’ascension on se retrouve seul avec soi-même… Le temps de faire le vide autour de soi et de comprendre qui l’on est.
|
|