La review

COMITY + FATE + INMATE + DAUGHTERS
La Petite Loco - Paris
17/09/2004


Review rédigée par Pécos


Vendredi 17 Septembre, la petite Loco acceuille une affiche alléchante de brutalité. Jugez plutôt : les marseillais d'INMATE, FATE et COMITY de Paris, plus les extravagants américains de DAUGHTERS.
Hardcore style pour cette soirée à l'horaire inhabituelle, puisque prévue pour 17h30. Ce n'est pas sur la scène même de la Loco qu'à lieu ce concert, mais dans une salle au sous sol agancé de manière gothico-dark. Chaînes aux lustres, mur rocailleux, déco chelou, éclairage sombre, on se croirait presque dans le château de Dracula à un show de Cradle. La scène est juste une plate forme en haut de 4 marches, ce qui donne une proximité appréciable autant pour le public que pour les groupes.

A 18h30, INMATE nous ramène à la réalité : on n'est pas venu pour du black-metal mais bel et bien pour du death. Les 4 marseillais envoient un death core bien carré devant la cinquantaine de personnes présente. Un chant bien hurlé, soutenu par les grognements death de l'immense gratteux, sur lesquelles vient se poser une musique agressive plutôt basique. A défaut d'une grande originalité, INMATE impose son style avec force pendant 30 minutes à un public curieux.

Après à peine 15 min de roulement, c'est au tour de FATE de venir se frotter au public, plutôt clairsemé, de la Loco. La surprise (pour moi qui ne connaissait pas) vient du bassiste. Un grand type maigre avec des lunettes, au style classique, genre tout droit sorti de math sup' mais qui braille comme un putois. D'apparence "gendre idéal", il se révêle être en possession d'un bien bel organe. Un chant bien death, guttural à souhait s'accordant étrangement bien avec la musique plus hardcore du groupe. Le batteur Tony (excellent) donne un souffle frais à leur musique et l'éloigne des clichés du genre, un jeu chaotique, déstructuré, qui dynamise le tout. Un hardcore pouvant rappeller Converge (par moments), servi par une voix death : un mélange original qui enlève à la lourdeur habituelle du death. Une très bonne surprise.

Après une 1ère partie de soirée plutôt conventionelle (pas dans le sens péjoratif du terme), la suite peinera à entrer dans les cloisons de la musique actuelle. Explications. Vers 20h00 les parisiens de COMITY entrent en scène. Très lookés parigot style (coupe de veuch, futes bas mais pas trop large, ceinture sur le côté...), les 5 de COMITY sont pourtant tout sauf ancrés dans les normes de la musique business. Nous avons eu le droit ce soir à 5 morceaux (quoi que ça ?!), pour 50 min de show (...?!). Et oui chez COMITY le format couplet-refrain-couplet est dépassé depuis belle lurette au profit de chansons complexes et imprévisibles. Des morceaux de 10 min alternant passages atmosphériques des plus envoûtants, aux passages hardcore chaotique des plus violents. Une musique originale, personnelle que peu de groupes peuvent se vanter de pratiquer. Un chant alliant hurlements façon screamo primitif, au death grind bien méchant (un peu trop nombreux à titre extrêmement perso). Une attitude scénique que l'on sent travaillée, à savoir : deux gratteux face au public pendant que le bassiste et le chanteur sont tournés. le chanteur ne sera pratiquement jamais de face, adoptant une pose très courbée pour mieux hurler. Un show intense quelque peu "dédramatisé" par le batteur loquace apparemment fort comique. COMITY nous offre les 2 titres composant leur EP à sortir "incessament sous peu" (dixit COMITY himself), et un inédit de leur prochain album. Un concert captivant pour un groupe qu'on ne risque pas d'entendre sur Europe 2 (et c'est tant mieux).

DAUGHTERS ponctue cette soirée de manière... expéditive dirons nous. A l'opposé totale de COMITY, les membres de DAUGHTERS ne s'embarrassent pas de détails et nous balancent une quinzaine de titres en 15 min. Leur 1er album "Canada Songs" dure 1/4 d'heure pour 14 morceaux, et bien sur scène c'est là même en couleur : rapidité, sauvagerie et efficacité. Entre grind et emo, un hardcore torturé, totalement destructuré et totalement imprévisible pour un résultat presque jouissif. Le chanteur, grand type aux cheveux longs, paraît défoncé et peine à articuler entre les "chansons" (le terme "offensive sonique de très courte durée" me paraît plus adapté). Par contre il se roule à terre, se perche un peu partout et envoie le pâté dés qu'il s'agit de brailler. Une musique pouvant rappeller The Dillinger Escape Plan par moment. Le batteur quand à lui doit mesuré 1m60 mais est une brute hyper rapide. Une technicité à la hauteur de leur sauvagerie. La centaine de personnes massées devant les marches ne s'y trompent pas : on a là à faire à un groupe hors normes. 15 min et puis s'en vont, certains crieront au foutage de geule mais tout l'album fut joué (comme en plus c'est le 1er). Un manque de communication et d'explication de la part du groupe qui confirmera une fois de plus le vieil adage franchouillard mais malheureusement si souvent exact : "ah putain ces groupes américains". Une fin de concert un peu en queue de poisson, mais qui aura le mérite de donner envie d'approfondir le sujet DAUGHTERS.

Une soirée atypique mais fortement appréciable par sa diversité. On peut juste déplorer le peu de monde présent ce soir, mais on ne peut pas demander à une telle musique de fédérer autant de monde que le néo ou le punk (et puis il faut reconnaître que le jour où DAUGHTERS remplira Bercy on tirera un peu le tronche). Une musique de sauvage pour un public spécialisé et averti. Pour finir, bravo à la Loco d'être maintenant le temple, que dis-je la mecque, parisienne du grind, death, thrash et autres réjouissances, après le club Dunois il y a encore quelque temps.