RAMMSTEIN
Halle Tony Garnier - Lyon (69)
24/04/2013
Review rédigée par Alexandra
Rares sont les passages en France, et surtout dans cette belle ville de Lyon, de ces gros groupes étrangers aux shows toujours plus impressionnants les uns que les autres tels que RAMMSTEIN sait si bien le faire. En effet, après leur dernier passage à Lyon en 2009, les Teutons de RAMMSTEIN sont de retour quatre ans après à la Halle Tony Garnier, dans le cadre de la fin de tournée du "Made In Germany Tour". Autant dire un concert à ne pas rater, les fans aussi bien que les non initiés à la musique du groupe sont donc conviés à venir assister au show, ne serait ce que pour le visuel scénique et le spectacle proposé par le combo. La file d’attente devant l’entrée de la Halle est déjà bien longue à mon arrivée vers 19h, certains fans de la première heure devant certainement déjà être sur place dès la matinée, pour être sûrs d’accéder aux premiers rangs pour le concert.
La salle se remplit peu à peu, la première partie arrive sur scène dès 20h. Et surprise, c’est à un DJ dont nous avons droit en ouverture de RAMMSTEIN, et plus exactement le dénommé DJ Joe Letz, batteur du combo de metal electro-industriel Combichrist, groupe ayant déjà lui-même joué en tant que première partie des Teutons auparavant. Et pendant une demi-heure, le DJ nous fera une démonstration de ses talents aux platines à travers de multiples titres remixés de… RAMMSTEIN !! Oui oui, vous avez bien lu, en attendant le concert de RAMMSTEIN, nous avons droit pour nous faire patienter à du RAMMSTEIN remixé. C’est parti pour une demi-heure d’ambiance "boîte de nuit", aux allures de "rave party" tant cela ressemble à de la "trance", nos oreilles en prennent pour leurs grades, sortez les bouchons !! Et les premiers morceaux passés, une certaine lassitude du public se fait déjà ressentir dans la salle, le public commence à trouver le temps long et s’impatiente de voir enfin arriver le groupe sur scène, attendant calmement que le DJ termine son boulot. Finalement, au bout d’un certain temps, à défaut de capter l’attention du public, ce dernier demande (enfin) au public s’il en a marre de lui et s’il veut qu’il se barre de la scène, achevant sa veine tentative de chauffer la salle par un "Vous voulez Rammstein ? Alors criez avec moi : Fuck the DJ, we want Rammstein !!", avant de finalement quitter la scène. Non sans un certain soulagement du public, encore dubitatif devant la première partie à laquelle ils viennent d’assister. On aurait effectivement grandement préféré assister à un concert d’un vrai groupe dans la veine de la musique des Teutons, plutôt qu’à une pâle reprise de leurs morceaux d’un goût plus que douteux et il faut l‘avouer, assez dénué d‘intérêt ici.
Le public se montre désormais de plus en plus impatient et appelle RAMMSTEIN, dans l’espoir que celui-ci ne finisse par pointer le bout de son nez. Et après pas moins d’une bonne vingtaine de minutes d‘attente, les voici planqués derrière un immense rideau masquant la scène, les premières notes de "Ich Tu Dir Weh" se font enfin entendre, l’ombre de nos chers Teutons planant non loin, dissimulés derrière le rideau sous des éclairages et quelques coups de batterie rythmés par (déjà) les premiers effets de pyrotechnie de la soirée. Lorsque le rideau tombe, c’est un Till (chant) aux cheveux blonds peroxydés et en veste à poils rose que l’on découvre sur scène sur "Ich Tu Dir Weh", tiré de leur dernier album "Liebe Ist Fur Alle Da" (ou "L.I.F.A.D" pour les initiés). Les titres s’enchaînent et les tubes défilent. Et chez RAMMSTEIN, autant dire qu’il y en a des tubes, la quasi-totalité de leur discographie en regorge à hauteur de plusieurs par albums. La setlist de ce soir se veut d’ailleurs de qualité et très variée, et pas seulement centrée sur leur dernier opus. En effet, malgré certains incontournables qui seront mis de côté ce soir ("Engel", "Mutter", "Reise Reise", etc), au détriment de certains aficionados qui attendaient de (re)découvrir ces morceaux sur scène ce soir, on retrouve des titres assez récents, et d’autres plus anciens. Ainsi, nous n’échapperons pas aux traditionnels "Sehnsucht", "Asche Zu Asche" et "Feuer Frei", ces derniers mettant littéralement le feu à la salle à coups de lance flammes et les musiciens jouant les cracheurs de feu, masques spéciaux aux visages pour cracher des flammes plus vraies que nature. Effet garanti, il fait une chaleur du diable, depuis le pit photo aux premiers rangs en passant par une partie de la fosse, à se demander comment le groupe fait pour tenir 1h30 sur scène en côtoyant de si près les flammes et la chaleur émanant des effets pyrotechniques.
La mise en scène a une place également assez importante dans les concerts de RAMMSTEIN. En témoigne "Du Riechst So Gut" et ses lancers de flèches enflammées d’un côté et de l’autre de la scène de la part des musiciens armés d’arcs, ou encore "Buck Dich" (qui démarre après une fausse intro sur "Rammstein") et sa mise en scène mettant en avant Flake (claviers) agenouillé dos à Till, à la disposition de ce dernier simulant des jets d’une certaine semence pendant qu’il entonne le titre sous des airs dominants face au claviériste, en position de soumission. Le toujours tant attendu et apprécié "Du Hast" fait son petit effet, repris en chœur par le public, avec son superbe lancer de fusée de feu d’artifice depuis la scène, faisant un aller retour vers le fond de la salle et revenant vers les musiciens pour achever son "explosion" sur scène. Le magnifique "Ohne Dich", sous les airs attentifs du public qui reprend le refrain en chœur, a des allures de nostalgie. Sans oublier "Mein Teil", qui s’inspire de l’histoire vraie d’un cannibale en Allemagne, ou "Links 2, 3, 4" à la cadence rythmique quasi-militaire, Flake avançant en rythme sur un tapis de course à grandes enjambées, le pauvre a dû en faire des kms de sur-place ce soir derrière son clavier, évoluant sur son tapis tout au long de la soirée. Il est 22h10, voici venu déjà le dernier titre de la soirée avant que RAMMSTEIN ne quitte la scène : "Ich Will", titre efficace qui nous plonge plus encore dans l’ambiance du groupe. Sous les cris du public qui en redemande encore et scande le nom du groupe, devant une heure si avancée pour une fin de concert, les voilà de retour pour quelques titres rappels. Flake apparaît, seul sur scène, assis derrière un piano, l’intro de "Mein Herz Brennt" démarre, puis Till entre en scène, pour une version au piano / voix de ce titre, tout en douceur et efficacité. La voix de Till est bien mise en valeur par le piano, Flake quant à lui nous démontre toute l’étendue de ses talents de pianiste le temps d’un morceau, un pur régal pour les oreilles. Le titre "Sonne" résonne ensuite dans la salle, sous un halo de lumières aux teintes jaunes orangées, éclairant la scène tel un soleil ("sonne" en allemand). Le concert s’achève sur le coup des 22h30 tapantes avec le délirant Pussy, un canon à neige est disposé au bord de la scène, Till la traversant tout de son large projetant de la mousse émanant de celui-ci dans le public, achevant le concert en beauté sous un déluge de mousse et de confettis en papier comme tombés du ciel sur le public, sous une ambiance de folie.
En ce qui concerne le son, celui-ci n’a jamais vraiment été d’excellente qualité à la Halle Tony Garnier, constat que j’ai pu faire lors des divers concerts auxquels j’ai pu assister auparavant dans cette salle, et cela se confirme encore ce soir. Il reste toutefois d’assez bonne qualité dans l’ensemble. On pourrait cependant relever un léger décalage entre la rythmique de certains morceaux et le chant, perceptible depuis la fosse notamment sur le titre "Links 2, 3, 4" où les musiciens semblent avoir quelque peu perdu le fil du morceau et du rythme le temps d’une ou deux secondes, si ce n‘est peut être un défaut de retour du son dans les enceintes depuis le public. Mais cela reste quasi imperceptible heureusement. Pour le reste, la scène est mise en valeur par un mur de gros spots de forme hexagonale installés au fond de la scène, et agrémentée d’éclairages aux couleurs variées, mettant en valeur chacun des morceaux par des lumières et couleurs spécifiques à chacun d’eux.
Un concert de RAMMSTEIN n’a bien sûr pas lieu d’être sans son lot d’effets visuels et pyrotechniques, et on en prend plein les yeux tout au long du concert, entre lancer de flammes, explosion de pétards et de fusées en l’air (plus de détails dans les paragraphes précédents), on en prend pour notre grade, pour le plus grand plaisir de nos yeux. Quant au groupe lui-même, il sait faire le show et ça se voit, quitte à mettre de côté la communication avec le public et établir ainsi une certaine distance avec celui, mais ça fait partie du jeu, les teutons ne sont pas là pour les grands discours mais pour nous en mettre plein la vue (et les oreilles), et au final, on ne s’en plaint pas trop. Ainsi, Till possède un certain charisme et en impose sur scène de par sa carrure et sa voix particulière entre autres. Les tout aussi charismatiques Richard Kruspe et Paul Landers (guitares) se montrent discrets mais efficaces et possèdent une bonne prestance sur scène. Christoph "Doom" Schneider est très bon derrière ses fûts et ajoute de la puissance à l‘ensemble, dominant la scène, un peu en hauteur derrière sa batterie. Flake, en retrait de la scène tout comme Oliver Riedel (basse), sur son tapis roulant de gym et derrière son clavier mobile, se montre toujours aussi plein d’humour et n’hésite pas à se déplacer un peu partout sur scène et y faire des pitreries. On pourrait toutefois regretter le temps de set d’à peine 1h30, on en aurait bien redemandé un petit quart d‘heure supplémentaire, car terminer un concert de ce genre à 22h30, rappels compris, ça fait quand même court à dire vrai.
Bref, hormis le détail concernant la durée du concert, détaillé dans les lignes précédentes, RAMMSTEIN nous a prouvé qu’il assurait toujours aussi bien en live et savait faire le show. On en ressort les yeux pleins d’étoiles, devant tant d’effets visuels et un concert de cette qualité. Quoiqu’on en dise sur la musique et le style du groupe, qu’on aime ou qu’on n’aime pas, RAMMSTEIN en concert, c’est tout simplement à voir au moins une fois dans sa vie, ne serait ce que par curiosité, pour le spectacle visuel. Un show grandiose, un concert exceptionnel, où près de 14 000 personnes ont répondues présentes ce soir je dirais. Merci à Corida d’avoir organisé cette tournée et de nous avoir permis de (re)voir RAMMSTEIN dans notre région, ainsi qu’à Laurent des Derniers Couchés.
Setlist : "Ich Tu Dir Weh", "Wollt Ihr Das Bett In Flammen Sehen ?", "Keine Lust", "Sehnsucht", "Asche Zu Asche", "Feuer Frei !", "Mein Teil", "Ohne Dich", "Wiener Blut", "Du Riechst So Gut", "Benzin", "Links 2, 3, 4", "Du Hast", "Buck Dich" ("Rammstein" Intro), "Ich Will".
Rappel : "Mein Herz Brennt" (piano version), "Sonne".