La review

THERION + IMPERIAL AGE + NULL POSITIV + MIDNIGHT ETERNAL
Le Ninkasi Kao - Lyon (69)
18/02/18


Review rédigée par Zemurion
Photos prises par Chart


Après plusieurs années d'absence, THERION est de retour en tournée pour présenter sa dernière sortie : un opéra-rock de trois heures nommé "Beloved Antichrist". Pour célébrer cet avènement, les grands maîtres du metal lyrique se sont entourés de trois autres groupes moins connus : les Américains de MIDNIGHT ETERNAL, les Allemands de NULL POSITIV et les Russes d'IMPERIAL AGE. Une soirée chargée et cosmopolite qui s'annonce riche en découvertes !



C'est à 18h30 que les Américains de MIDNIGHT ETERNAL entrent sur scène pour lancer le coup d'envoi de cette soirée. Menés par la chanteuse Raine Hilai, le groupe se compose de Richard Fischer à la guitare, Greg Manning à la basse, Dan Prestup à la batterie, et Boris Zaks au clavier. Formés en 2014, ils nous proposent un power metal assez classique fortement influencé par Nightwish et Sonata Arctica. La seule originalité vient du chant presque "miaulé" de la chanteuse. Son timbre de voix particulier peine à convaincre les spectateurs sauf, peut-être, lorsqu'elle use d'un registre plus lyrique. On apprécie davantage les quelques chœurs masculins du guitariste et du bassiste et on regrette qu'ils ne chantent pas plus sur les morceaux. Malgré cette voix dérangeante et son manque d'originalité, MIDNIGHT ETERNAL nous montre tout de même des qualités indéniables. Les morceaux mettent en avant la très bonne maîtrise de chaque musicien, avec notamment de nombreux soli de clavier et de guitare brillamment interprétés. Le groupe assure bien la communication avec les spectateurs déjà nombreux dans la salle et instaure une bonne ambiance pour ce début de concert. On espère tout de même que les autres formations se montreront plus convaincantes.



Deux grands drapeaux noirs sont installés des deux côtés de la scène tandis que NULL POSITIV s'apprête à entrer en scène. Les musiciens arrivent maquillés de noir dans le style peintures de guerre. Habillés en noir et rouge avec des vêtements déchirés, ils semblent venir d'un futur post-apocalyptique à la Mad Max. Musicalement, NULL POSITIV évolue dans un style assez particulier à la frontière entre l'indus, le doom et le djent. Le groupe propose un metal lent, sombre et très lourd aux rythmes déstructurés de la batterie, de la basse six cordes et de la guitare sous-accordées. Un style qui a de quoi nous laisser perplexe dans cette soirée dédié au metal lyrique. Cependant, les Allemands peuvent miser sur leur incroyable chanteuse, Elli Berlin, pour capter l'attention des spectateurs. Bâtie comme une armoire à glace, la frontwoman nous balance un growl abyssal avec une prestance extraordinaire digne d'une Angela Gossow (ex-Arch Enemy). Seulement, derrière la force et la fureur se cache aussi la fragilité d'un chant clair légèrement éraillé et saisissant d'émotion. Au milieu des riffs lourds de ses acolytes, la chanteuse nous renvoie l'image d'un animal blessé, luttant en vain face à un ennemi invisible avec un sentiment mélangé de rage et de douleur. Que ce soit au niveau de la maîtrise vocale, de l'attitude scénique ou de l'émotion, Elli nous offre un spectacle incroyable et bouleversant. Malgré un style musical assez austère, NULL POSITIV a clairement réussi à marquer les esprits des spectateurs.



A peine ai-je le temps d'aller saluer les Allemands à leur stand de merchandising que, déjà, IMPERIAL AGE fait son entrée en scène. A l'exception de leurs parures éclatantes, j'ai l'impression de voir une copie de THERION sur le plateau avec un batteur, un guitariste, un bassiste et trois vocalistes qui occupent le centre de la scène. D'ailleurs, il n'y a pas que dans l'aspect scénique que les Russes ressemblent à leurs aînés suédois ; leur influence se manifeste aussi énormément dans leur musique. Alternant, selon les morceaux, entre tempi lents, modérés ou rapides, IMPERIAL AGE nous offre des chansons aux mélodies variées avec de puissants refrains à plusieurs voix. Certes, le style paraît un peu copié, mais le travail est bien fait et très accrocheur. Sur le plan scénique, en revanche, les six musiciens ne semblent pas encore totalement à leur aise. Jouant le rôle de frontman, Alexander Osipov, la voix masculine du groupe, paraît un peu hésitant. De même, à l'intérieur de l'espace réduit qui leur est accordé, les déplacements des trois chanteurs sont souvent quelque peu maladroits. Malgré tout, nos amis russes assure la communication avec le public et on se laisse rapidement charmer par leur musique prenante sans voir le temps passer. A tel point que la fin de leur prestation nous laisse presque un sentiment de frustration. Au final, IMPERIAL AGE a mis la barre haut et on espère maintenant que la tête d'affiche saura se montrer à la hauteur de ses émules.

Setlist : "The Awakening", "The Legacy Of Atlantis", "The Escape", "Domini Canes (March Of The Holy Inquisition)", "The Monastery", "Death Guard", "Aryavarta", "Anthem Of Valour", "And I Shall Find My Home".



Après ces trois bonnes petites mise en bouche, il est temps d'aborder le plat principal de cette soirée. Disons le tout de suite, THERION est un groupe qui a bercé mon adolescence et dont je connais la discographie quasiment sur le bout de doigts. Or, après dix ans passés sans les avoir vus sur scène, je dois dire que je ne sais vraiment pas à quoi m'attendre dans la prestation de ce soir. Combien y aura-t-il de chanteurs ? De musiciens ? Faut-il s'attendre à une mise en scène particulière pour la présentation du nouvel opéra ? Face à toutes ces questions formulées dans mon esprit, une seule réponse m'apparaît clairement : nous verrons bien. Et, en effet, nous avons vu.
Dans un décors finalement très dépouillé, les Suédois entrent en scène sur le morceau "Theme Of Antichrist" qui clôture le nouvel opéra. Avec ses fameuses lunettes de soleil et son haut de forme vissé sur la tête, nous voyons tout d'abord apparaître le maestro Christofer Johnsson accompagné de Christian Vidal à la deuxième guitare, Nalle Påhlsson à la basse et Johan Koleberg à la batterie. Le soliste et le bassiste assurent le chant sur le premier couplet avant que n'entre le fidèle Thomas Vikström, qui est rejoint successivement par la cantatrice Chiara Malvestiti puis, par sa propre fille, la fougueuse Linnéa Vikström. Ce soir, le groupe évolue donc dans une configuration très classique avec quatre instrumentistes et trois chanteurs qui se partagent les partitions vocales des différents morceaux. En ce qui concerne le choix des chansons, la bande de Christofer Johnsson nous présente, au total, cinq petits extraits du nouvel opéra au milieu d'une setlist qui pioche dans les meilleurs morceaux du groupe depuis 1996 ("Theli") jusqu'à aujourd'hui. On échappe, sans regrets, aux reprises controversés présentées dans "Les Épaves" et "Les Fleurs Du Mal" et on se délecte des excellents titres tels que "The Blood Of Kingu", "Typhon", "An Arrow From The Sun", "Lemuria", "Cults Of Shadow" et bien d'autres... Bien sûr, il y aurait bien des choses à redire dans la performance des Norvégiens : un jeu de scène et des costumes toujours très kitch, quelques menues imperfections dans l'exécution des morceaux, l'attitude scénique du guitariste Christian Vidal qui fait mine de s'emmerder pendant le concert... Mais, au final, THERION nous présente une musique tellement personnelle et unique en son genre que j'en oublie tous les aspects négatifs de cette prestation tant je suis heureux de pouvoir revoir ces morceaux interprétés sur scène. D'ailleurs, malgré presque deux heures de concert avec, en rappel, les mythiques "The Rise Of Sodom And Gomorrah" et "To Mega Therion", le show des Suédois nous a paru bien trop court car nombreux sont les morceaux qu'on aurait encore voulu entendre ce soir. Cependant, même les meilleures choses ont une fin. Après cette superbe conclusion, il est enfin temps de rentrer chez soi, la tête pleine de souvenirs, d'émotions et de belles mélodies.

Setlist : "Theme Of Antichrist", "Blood Of Kingu", "Din", "Bring Her Home", "Night Reborn", "Nifelheim", "Ginnungagap", "Typhon", "Temple Of New Jerusalem", "An Arrow From The Sun", "Wine Of Aluqah", "Lemuria", "Cults Of The Shadow", "The Khlysti Evangelist", "My Voyage Carries On", "The Invicible", "Der Mitternarchtslöwe", "Son Of The Staves of Time".
Rappel : "The Rise Of Sodom And Gomorrah", "To Mega Therion".

Photos tirées de : www.facebook.com/chartlivephotography