La review

UGLY KID JOE + STONE BROKEN
Le Bataclan - Paris
05/05/18


Review rédigée par Candice


Quelle soirée événement pour les fans d'UGLY KID JOE ! Huit ans auparavant, la reformation du groupe après treize ans de silence avait provoqué une vague d’engouement et d’excitation chez les fans de la formation californienne. Ces retrouvailles ont entraîné la réalisation d’un nouvel album, ainsi que des tournées assez régulières. Cependant, en ce mois de Mai 2018, c’est un show très spécial qui s’annonce : UGLY KID JOE fêtera les vingt-cinq ans de "America’s Least Wanted", l’album qui les a propulsés au rang de groupe international. Les souvenirs et la nostalgie du bon vieux temps seront donc les maîtres-mots de ce soir, et nous pouvons d’ailleurs le remarquer à la vue du public présent, dont la majorité devait être dans la fleur de l’âge lors de la sortie de ce légendaire opus. Il va sans dire que les attentes sont placées très haut !



Il va cependant falloir patienter un peu pour danser sur le heavy groove d'UGLY KID JOE, STONE BROKEN se charge de préparer le terrain. Le groupe anglais, pourtant formé en 2013, n’était jusque-là pas vraiment sous les feux de la rampe, et fête ce soir sa seconde apparition en France. Étonnant car ce qu’il nous propose est plutôt sympathique, le premier morceau de la soirée, "Heartbeat Away", nous met dans de bonnes dispositions et ne tarde pas à annoncer la couleur. STONE BROKEN joue du rock pur et dur, dans la veine de Nickelback, Three Doors Down et autres. Une simple et grosse rythmique, une voix éraillée et puissante, des refrains chaloupés, c’est le cocktail explosif de "I Believe", "Doesn’t Matter" ou encore "Worth Fighting For", tous trois issus du dernier album "Ain’t Always Easy". Sur scène, STONE BROKEN délivre une énergie rare, comme si chaque concert était leur dernier. Leur prestance n’est pas étrangère au succès qu’ils récoltent ce soir, en rendant chacun de leurs morceaux terriblement vivant et pétillant. La palme revient tout de même à la batteuse Robyn Haycock, dont le sourire et la bonne humeur sont à la hauteur de son jeu ! Le temps passe vite quand on est en bonne compagnie ! Le groupe tient son public en haleine en diversifiant son set avec quelques compositions de son premier album, nous retenons la teintée pop "Better", en contraste avec "Stay All Night" aux influences heavy rock, et pour conclure cette performance déjà bien réussie, un petit "Not Your Enemy" qui transporte le public dans une ultime déferlante. Leur musique n’est certes pas innovante ni révolutionnaire, cependant STONE BROKEN ont assuré comme des chefs, et c’est un régal tant pour les yeux que pour les oreilles !



L’heure est venue de laisser place aux sales gosses aux shorts trop grands d'UGLY KID JOE ! Les gamins ont bien grandi depuis mais leur âme est toujours aussi jeune, et tous débarquent sur scène fringués comme le jour d’une sortie à la plage après une session au skatepark. Sans plus de bonnes manières, ils nous plongent immédiatement dans le bain avec "Neighbor", morceau d’ouverture de "America’s Least Wanted". C’est un titre aussi bon à écouter en disque qu’à voir sur scène, le groupe est bien là et plus fort que jamais.
"Madman" qui le suit met carrément le feu, les riffs rythmés tant que le chant nasillard de Whitfield Crane n’ont pas pris une ride. En parlant de ride, ce n’est certainement pas notre frontman qui va s’en faire ! Celui-ci ne se départit quasiment pas de son air pince-sans-rire, à tel point qu’il paraît s’ennuyer à mourir et faire son travail avec l’automatisme d’un robot. Ses compères semblent en revanche plus enjoués et blagueurs, et dissipent la légère froideur régnant sur la scène. La ravageuse "Jesus Rode A Harley" parvient cependant à me faire oublier ma gêne, et emporte le public avec elle sans aucune difficulté. Il est d’ailleurs plaisant de constater qu'UGLY KID JOE ne se borne pas à interpréter les morceaux de son album phare dans l’ordre et en continu, mais diversifie sa setlist en piochant dans les différents opus de sa discographie pour n’en ressortir que le meilleur. Ainsi, "No One Survives", "Devil’s Paradise" sont de la partie malgré leurs dissemblances musicales avec les œuvres d’antan, elles n’en sont pas moins très bonnes et bien reçues par tous. "I’m Alright" fait également son effet, et le groupe semble vraiment s’éclater ! Cependant il serait mentir de dire que ce sont ces morceaux qui ont fait l’unanimité. En effet, ce sera l’enchaînement "So Damn Cool" / "Cats In The Cradle" qui pour le moment remporte la palme, et le public, les étoiles plein les yeux, chante en chœur avec le groupe tout aussi enchanté. On note d’ailleurs une nette amélioration dans l’humeur de Sieur Crane, qui se révèle finalement être un personnage à l’humour cynique et décapant, et terriblement bavard. Il consacrera une bonne partie de son temps à plaisanter avec le public et ses camarades de jeu, tout en restant très professionnel. Un professionnalisme qui pourtant sera mis à mal par les – trop – nombreux slams des fans qui finiront par perturber le chanteur pendant sa performance, et je lui tire mon chapeau pour le calme dont il a fait preuve. Excepté ce manque de subtilité de la part de certains, c’est dans une atmosphère bon enfant que se poursuit le show, où les pépites se multiplient. On retient notamment la sympathique "Mr. Recordman" chantée par le timide guitariste Klaus Eichstadt, ainsi que la ultra-funky "Same Side" où s’ensuit un jam entre les musiciens qui n’a fait que les monter un peu plus dans mon estime. Le set se termine sans grande surprise par "Goddamn Devil" qui est toujours aussi agréable à écouter !
Mais vous vous doutez bien qu'UGLY KID JOE n’allaient pas partir comme des voleurs, pas après une soirée aussi grisante et déjantée ! Le groupe ne jouera pas moins de quatre morceaux de rappel, dont le légendaire "Ace Of Spades" - inutile d’être un grand fan pour deviner l’amour qu’il porte à Motörhead ! – et en ultime position "Everything About You" qui a fait décoller les ventes de "America’s Least Wanted" et toujours aussi populaire aujourd’hui. L’engouement et l’excitation du public n’ont pas baissé un seul instant ce soir, les Californiens n’ont pas de souci à se faire quant à leur fans français. UGLY KID JOE est vingt-cinq ans après un groupe ayant toujours toutes ses qualités – tant artistiques qu’humaines -, et qu’il est bon de voir et revoir.