Interview faite par Skype par Zemurion

Je suis aujourd'hui en interview avec Jérémy du groupe de metal instrumental Abysse.

Jérémy, est-ce que tu peux commencer par te présenter ?

Jérémy (basse ) Bonjour, je suis Jérémy d'ABYSSE et je joue la basse depuis le début du groupe. On a toujours été quatre et il n'y a jamais eu de changement dans le line-up. Tu veux que je présente les autres ?

Oui, tu peux présenter le groupe.
On a deux guitaristes, Vincent et Geoffrey, et le batteur, Sébastien. On est tous nés la même année, on a tous fait l'école en même temps et on a pas de chanteur, comme tu as pu l'entendre.

Le groupe existe depuis quand ?
On a commencé en 2004. Quand je dis "commencé", c'était vraiment le début où on jouait du Nirvana mal accordé. Les choses sérieuses ont plus débutées en 2007 / 2008.

Aujourd'hui on va parler de votre nouvel album, "I Am The Wolf". Est-ce que tu pourrais dire d'où vient le nom de l'album ?
Quand on a fini de composer l'album, on cherchait un concept. Et du coup, Vincent a trouvé un passage du jeu Max Payne - qui est sorti sur PC 2003 je crois – dans lequel un des boss crie plusieurs fois "I am the Wolf". On a nommé tous les titres de l'album selon ce que dit ce mec et on a appelé l'album "I Am The Wolf".

C'est de là qu'est extrait le sample qu'on entend au début de l'album ?
Voilà. On l'a édité et remis dans le sens qu'on voulait, mais c'est le boss qui parle dans Max Payne. C'est son monologue qu'on a pas mal coupé et dont on a gardé que les mots qui nous parlaient et qui sont devenus les titres de l'album.

Pour vous (ou pour toi), qu'est-ce ça exprime ce "I Am The Wolf" ?
Rien du tout ! C'est ça qui nous fait le plus rire ! Ça nous plaisait bien, ça sonnait bien, donc on s'est dit "go". Mais en fait, il n'y a rien derrière tout ça. On est un peu fainéants, mais surtout, on aime bien avoir l'avis des gens ; voir ce qu'ils arrivent à s'imaginer, quels concepts ils y mettent... Et c'est vrai qu'il y a un chroniqueur qui a trouvé pas mal de choses ! (rires) Beaucoup plus que nous, finalement. Il a, par exemple, relié l'histoire de Max Payne avec l'idée du voyage dans le temps... Chacun façonne comme il le veut l'image du concept. Pour nous, il n'y a aucune idée précise derrière, à part le fait que ça nous plaise bien. C'est l'avantage d'être en instrumental : vu qu'il n'y a pas de concept à suivre dans les paroles, on peut dire ce qu'on veut, même des conneries !



Il y a quand même un bel artwork qui accompagne l'album. Comment est-ce qu'il a été pensé ?
Notre batteur est graphiste, c'est donc lui qui s'occupe de tout l'univers graphique du groupe. On s'est dit : "L'album s'appelle "I Am The Wolf", on a qu'à mettre un loup ! Ça va faire un peu Johnny mais on va quand même mettre un loup". (rires) Et puis, de fil en aiguille, il a trouvé d'autres choses à mettre. Par exemple, il y a une momie à l'intérieur... Il a trouvé des éléments sympa, on a rajouté plein de petits détails. Mais ce sont juste des détails qui nous plaisent. Il n'y a pas vraiment de concept ou d'arrière-pensée derrière tout ça. Il y a plein de petits trucs qui ont été rajoutés et ça a fait l'artwork en entier. Vu que c'est un digipack avec quatre volets, il y a beaucoup de choses à voir dessus.

D'un point de vue général, est-ce qu'il y a quelque chose en particulier que vous essayez d'exprimer à travers votre musique ? Quelle énergie vous cherchez à dégager ?
La seule chose qu'on cherche à faire c'est prendre du plaisir. On fait des trucs qui nous plaisent et ça s'arrête là. Pour ceux qui ont suivi notre discographie - notre premier EP date de 2008, ça commence à faire un petit bout – au début on était plus ambiants, le premier album était un peu plus rentre-dedans et le deuxième l'est encore beaucoup plus avec un changement d'accordage. Il y a une évolution qui est très naturelle. On fait juste ce qu'on aime. Si ça se trouve, dans la prochaine sortie, il y aura du chant parce qu'on aura envie de mettre du chant. Il n'y a pas de règles. Ce qu'on veut, c'est faire de la musique ensemble, point barre. C'est très égoïste mais c'est comme ça. On est des potes, avant tout. J'ai rencontré Vincent quand j'étais au CP, ça fait plus de vingt ans. On est là avant tout pour s'amuser. On arrive à en faire de la musique et à aller en studio pour sortir des albums mais, à la base, quand on vient en répèt' c'est juste pour boire des bières et faire simplement de la musique. On a un fonctionnement de groupe de garage ! (rires) On est un groupe du dimanche !

Est-ce que ça a été un choix dès le début de ne pas avoir de chanteur ?
Au début non, on en cherchait un. On était au lycée donc on se disait : "Quand même, faut du chant". Et puis, finalement, ça marchait bien quand même. Les chroniques de notre première démo, sortie en 2007, avaient été très favorables. Pourtant, niveau prod, c'était un peu pourri ce qu'on avait fait. Finalement, on a continué comme ça et c'est devenu notre marque de fabrique. Maintenant on cherche plus de chanteur. Ça fait très longtemps qu'on en cherche plus. Peut-être qu'il y en aura un plus tard ; les choses ne sont pas fermées. Mais déjà, nous on sait pas chanter donc ce sera pas nous ! (rires) Et rajouter un membre à un groupe qui est déjà très soudé et qui se connaît depuis longtemps ce serait compliqué. Ça s'est fait comme ça, naturellement. On a pas de chanteur donc il n'y a pas de chant et on continue comme ça.

Aujourd'hui, en quoi est-ce que ça pourrait être un atout pour vous de ne pas avoir de chanteur ?
Il y a autant de côtés négatifs que positifs. Le côté positif c'est qu'on arrive à sortir du lot assez facilement. Dans le sens où il n'y a pas énormément de groupes instrumentaux et, dans ces groupes instrumentaux, il y a en a une bonne moitié qui sont très techniques, très "branlage de manche"... c'est pas trop notre truc. Dans l'autre moitié, ce sont plus des groupes ambiants, un peu comme nous, ou avec des riffs plus rentre-dedans. Mais, dans l'ensemble, il y a très peu de groupes donc on sort assez facilement du lot. C'est assez cool. En terme de promo aussi ; les médias reçoivent assez peu d'albums dans ce genre donc on est plutôt bien reçu à ce niveau-là. On peut aussi plaire à beaucoup de gens qui n'aiment pas forcement le metal parce que le chant les rebute. Là, il n'y a que la musique et les gens qui sont moins accès metal sont plus réceptifs. Après, le côté négatif, c'est que ceux qui sont habitués à entendre du chant et qui ne sont pas habitués à l'instumental n'aiment pas forcement. Ils nous disent : "Ah c'est bien, mais faudrait un chanteur !". Ça, on l'entend souvent. Mais on s'en fout. Il y a du plus et du moins mais c'est quand même très gratifiant d'être sur un créneau qui n'est pas très fréquenté.



Auprès de quels genre de groupes cherchez-vous à vous produire sur scène ? Est-ce que vous cherchez à partager l'affiche avec d'autres groupes instrumentaux ?
Ça dépend. Vu qu'il n'y a pas beaucoup de groupes instrumentaux, on a rarement l'occasion de faire des soirées cent pour cent groupes instrumentales. On s'allie par exemple très bien à des groupes de death parce que c'est un genre dans lequel le riffing est très travaillé et on aime beaucoup ça. On adore le death et on aime bien travailler nos riffs. Ça créé une similitude qui fonctionne. On peut faire aussi des soirées plus stoner... Nous on s'en fout, à partir du moment où on joue. Peu importe avec quels groupes ; tant qu'ils jouent bien, qu'ils sont cool et qu'ils boivent des bières, ce sont nos potes ! On est pas très racistes là-dessus ! (rires) On s'en fout. C'est comme pour la composition, on cherche juste à se faire plaisir. Donc peu importe de quelle famille musicale viennent les groupes tant qu'on prend plaisir à jouer. On ne cherche pas forcement à avoir un autre groupe instrumental dans le même genre que nous pour tourner. On aime bien le mélange. On est assez ouvert, je pense.

Est-ce qu'il n'y aurait pas quand même UN groupe avec lequel tu rêverais de partager l'affiche ?
Personnellement, c'est vrai que j'aimerais bien jouer avec Tool. Mais bon, c'est pas quelque chose qui est envisageable, tout le monde le sait ! (rires) Sinon, on aime bien Russian Circle ; un groupe instrumental qui joue pas mal sur les ambiances mais aussi beaucoup sur le riffing. C'est un groupe assez efficace et qui est pas chiant. On reproche souvent aux groupes instrumentaux d'être chiants parce que c'est souvent de longues plages un peu ambiantes. Et là, Russian Circle, c'est vraiment un bon exemple de la musique instrumentale qu'on aime bien. Donc c'est vrai que j'aimerais bien jouer en concert avec eux. Ou même simplement les voir en live ; je les ai ratés au Hellfest l'année dernière. Ça, ce serait plus dans l'ordre du possible. Pour les tournées avec Metallica, Tool et Iron Maiden, on verra plus tard !

Quels sont les principaux événements à venir après la sortie de votre album ?
On a fait deux dates un peu release party a Paris et à Nantes parce qu'on est un peu éparpillés entre Paris et l'Ouest. C'était vraiment très cool, pour marquer la sortie. Après, pour l'instant, il n'y a pas grand chose de prévu. Comme on est éparpillés, c'est un peu compliqué de tourner. On va essayer de remettre un coup sur l'été mais on est un groupe du dimanche et on a les disponibilités qui vont avec. C'est vrai qu'on aimerait bien tourner tout le temps mais ça impliquerait d'avoir un taf un peu précaire, ou alors, assez indépendant pour que tu puisses travailler d'où tu veux. C'est assez compliqué de trouver des disponibilités. Pourtant, on adore tourner, c'est pas le problème mais on peut pas. Donc là on a fait deux dates. J'espère qu'on a bu autant de bière que si on avait tourné quinze jours ! (rires) On a tout concentré d'un coup ! En parlant d'événement, j'espère qu'on aura assez d'argent pour faire un clip. Même si on est un groupe du dimanche, on aime bien soigner ce qu'on fait ; autant visuellement que dans la musique en elle-même. Donc on aimerait bien refaire un clip mais, pour ça, il faut de l'argent.

On arrive à la fin de cette interview. On va conclure par une question un peu rituelle : qu'est-ce que tu aurais envie qu'on te souhaite pour la suite ?
Bonne question...Tu me poses une colle ! Je sais pas, on fait ça maintenant depuis dix ans donc, qu'on continue... Qu'on boive des bières ! C'est la meilleure chose que tu puisses nous souhaiter !

Un message que tu aimerais faire passer aux lecteurs ?
Achetez nos CDs parce qu'on a besoin d'argent, s'il vous plaît ! (rires) Non. Restez ouverts. Essayez de découvrir des trucs... Faites ce qui vous plaît ! Voilà ! Faîtes ce qui vous plaît ! Nous on fait ce qui nous plaît. Si vous avez envie de découvrir un groupe, faites-le. Si vous avez pas envie, c'est pas grave... Faîtes ce qui vous plaît. Je pense que c'est une bonne façon d'être.


Le site officiel : www.abysse.bandcamp.com