Interview faite par mail par Davidnonoise
Salut, commençons par une petite bio classique du groupe.
Naïwyn (chant / guitare) : AZGAAL est un projet qui a vu le jour au début des années 2000. J'ai commencé à travailler avec Ibuprophet. Nous avons fait un EP "Solitude & Wisdom", puis au début des sessions de "A Matter Of Death", nous avons arrêté de travailler ensemble. J'ai continué seul, signé avec Misantrof ANTIRecord, sorti mon travail, et "Vier" que tu as pu découvrir est le prolongement de tout ça. Aujourd'hui, je me suis entouré de musiciens, pour aller plus loin et surtout pour aller sur scène. Tu as donc Vind au poste de bassiste et Mesar pour la batterie.
Dissipons une chose une fois pour toute, le logo d’Azgaal ainsi que son nom sont carrément black metal, alors que musicalement, je ne retrouve que quelques traces du style, comment cela se fait-il ?
Naïwyn : Je n’en sais rien. Les classifications ne sont, pour moi, que des conventions de langage. C'est une manière générique de savoir de quelle "case" on parle. Le reste ne m'intéresse pas. AZGAAL, au départ, c'est pas du black metal, c'est pas du rock, c'est pas même du metal. AZGAAL, c'est du AZGAAL. J'avais trouvé une case pour ranger AZGAAL dedans. C'est le "black & roll". Donc disons que si AZGAAL devait être rangé dans une boîte, ce serait celle-là.
Ce n’est pas pour faire mon hipster que je réponds ça. C'est que vraiment, ce genre de considération, c'est le dernier de mes soucis. Limite, je te laisserais volontiers le soin, en qualité de chroniqueur, de trouver une appellation approprié pour AGAAL. Ce serait plus dans tes cordes que moi.
Vind (basse) : Ouais, comme le dit Naïwyn les classifications c’est vraiment pour caser les groupes histoire que tout le monde s’y retrouve plus ou moins. C’est un peu comme les fringues. Ça te permet d’appartenir à un groupe de personnes, ce genre de conneries. Comme ça tu peux, à tort ou à raison (l’habit n’a jamais fait le moine), remarquer rapidement qui a une chance d’être dans ton délire. Dans le metal, il y a une chiée de genres et de sous-genres. Et ces même sous-genres ont eux aussi des sous-genres… Selon tes critères il n’y a pas de black metal dans "Vier". Mais peut être que Robert, Paul et Jacques, pour eux, ce sera du black metal alterno progressif ou encore du dark rock stoner mékouillenski… Enfin tu t’en sors plus après. Donc ouais, en gros, ce qui définit le mieux AZGAAL dans son ensemble, c’est clairement le black’n'roll. Surtout avec "Vier" ! Mais si tu écoutes certaines des anciennes productions d’AZGAAL, tu te mets à chercher une forêt pour courir à poil dans la neige avec une torche à la main ! Après je ne dis pas que classer la musique est une mauvaise chose, on en a besoin de toute manière. Ne serait-ce que commercialement et comme dit plus haut, socialement… Mais je vais m’arrêter là sinon je vais faire chier tout le monde.
Le premier morceau me fait penser à deux choses, son début déjà avec le roulement de caisse claire me fait penser à "It’s So Easy" des Guns N' Roses, volontaire ou pas ?
Absolument pas volontaire, et pourtant... Le premier groupe de rock que j'ai écouté dans ma vie, c'est Guns N' Roses. Là, pour le coup, c'est les influences qui se manifestent inconsciemment...
Ensuite ce même morceau serait carrément dans la veine d’une bande originale de film d’horreur, un peu comme les Ramones et le film "Simetierre", avez-vous déjà pensé à ce fait et en êtes-vous conscients qu’il serait idéal pour un horror movie ?
Naïwyn : Alors là ! J'y aurais jamais pensé... Mais l'idée est vraiment cool. Si un réalisateur lit ceci, appelez-moi ! Je serais ravi de vous faire une B.O ! (ils ont des bonnes idées chez French Metal, putain)
Vind : J’avoue ! Rob, si tu nous lis !
Avant de poursuivre sur l’album, parlons de l’artwork, à qui devons-nous ce petit chef d’œuvre ? D’où vient l’idée originale ?
Naïwyn : J'avais cette idée de diablesse dominant l’apocalypse. J'ai eu un coup de bol monstrueux de tomber sur une image sur le net qui y répondait pile poil. Un petit coup du destin ? J'ai tenté de la sourcer, je n’ai pas trouvé le mec qui a fait ça. J'ai pris le partie de la prendre quand même. Que le responsable de cette image se manifeste !
Revenons à "Vier", le chant sur l’album me fait un peu penser à du Mike Muir dans l’approche, est-ce une influence le frontman de Suicidal Tendencies ?
Naïwyn : Pas du tout. J'aime bien Suicidal Tendencies, mais ça n'a jamais été une référence majeure pour moi.
Vind : Nick Muire ? Mais vite mec, faut le cueillir ! *poum tchak*
"Vier" c’est du heavy rock puissant, et en fait chaque morceau est un "hit" en puissance, un vrai régal en gros, comment est-il né cet album ? A-t-il été long à enfanter ?
Naïwyn : Écrire de la musique est un processus naturel et pas du tout complexe pour moi. Je passe mon temps à en écrire. Ca me rappelle une discussion avec les frangins du groupe Symbiosys. Frank, comme moi, compose beaucoup, tout le temps. L’appellation qu'on avait trouvée c'était : "créateur compulsif". Rare sont les périodes de pause, tout m'inspire, tout le temps. Et j'ai toujours un riff qui traîne dans la tête. Si je devais écrire absolument tout ce que j'avais en stock, je passerais ma vie enfermé. Cet album est donc né aussi naturellement que mon inspiration me le permet.
En termes de temps, vu que je suis dans un flux constant d'écriture, ça ne fait pas sens pour moi de bloquer un moment pour faire un album. Pour te répondre franchement, si je voulais en sortir un autre demain, je pourrais le faire. Par contre, au moment où j'ai envie de mettre mon travail au grand jour, je passe en revue les compositions afin de choisir celles qui me touchent le plus. En revanche, je passe beaucoup de temps à soigner le son. Je veux qu'il soit de qualité. Qu'on l'aime ou pas, c'est une chose, mais je tiens à ce qu'il soit bon et identifiable. A peu de chose près, dans le metal, tout le monde a le même son aujourd'hui. Mis à part des Satyricon, des Darkthrone ou autre qui vont chercher à personnifier leur travail, tout le monde sonne pareil. Et moi, ça ne me parle pas.
La prod' est elle aussi énorme, tous les instruments sont bien mis en avant, sa sonorité a-t-elle été un casse-tête afin que chaque membres du groupe soit satisfait du résultat ? Y a-t-il eu des galères particulières lors de l’enregistrement ?
Naïwyn : Non, heureusement pour "Vier" tout s'est très bien passé. Ce qui ne fut pas le cas pour l'album précédent "A Matter Of Death". Il y a eu le départ d'Ibuprohet, donc il a fallu refaire les voix, puis ensuite, crash disc... Donc... refaire l'album en entier ! Un vrai bonheur... Mais pour "Vier", tout s'est très bien passé.
Abordons le sujet des textes, serait-il possible d’en savoir plus sur leurs inspirations et surtout de quoi ils traitent ?
Le style musical emprunté par AZGAAL depuis sa création a pour but de créer un terrain favorable à l'expression des parts bestialed de l'homme, mais de manières constructives. C'est à dire, les extirper de soi afin de leur donner une forme artistique pour les rendre vivantes et appréciables. La colère, la violence, la soif de sang, l'instinct de survie etc... Autant de choses qui, socialement, sont tacitement proscrites. Moi je veux les faire vivre car elles sont une partie de ce que nous sommes, et à ce titre, elles ont le droit d'être entendues. C'est de la sublimation. Voilà de quoi parlent les textes d'AZGAAL.
Parlons des retombées actuelles sur l’album, il faudrait être difficile pour ne pas l’apprécier, alors comment sont ces critiques actuellement ?
Naïwyn : Il n'y a pas de critiques fondamentalement négatives. Nous avons des retours positifs plus qu'autre chose.
Vind : On a fait un choix, c’est de ne pas sortir l’album en physique pour le moment. A cause de ça on a eu beaucoup de refus. Il y a peu de structures qui acceptent de chroniquer des albums sans un support physique. A l’heure d’Internet version 21.0, à l’heure où tout le monde ne communique plus que par texto, à l’heure de Spotify ou de Deezer, à l’heure où les personnes qui foutent un CD dans leur lecteur pour l’écouter doivent être aussi rares que de voir une vieille taper un sprint en déambulateur…Bah ça me troue le cul. Enfin, quelque part je peux comprendre qu’ils aient peur que ce soit Joe le Rigolo qui leur envoie une maquette de son concerto de flatulences…
L’idée d’un clip pour soutenir "Vier" vous effleure-t’elle l’esprit ou est-ce définitivement trop de pognon à dépenser ? Si un clip doit voir le jour, quel titre de l’album sera choisi ?
Naïwyn : Oui, on aimerait le faire mais on ne trouve pas de lieu pour. Et comme je suis perfectionniste, je préfère ne pas faire de clip plutôt que de faire un clip de merde. Je pense par ailleurs qu'on va y arriver à un moment donné. Mais ma méthode de travail c'est "doucement mais sûrement". Donc ça ne presse pas. Si de l'aide peut naître de cette interview, vous pouvez nous contacter !
Vind : On a une idée de ce qu’on veut faire, et c’est vrai que le lieu de tournage qu’on souhaiterait pour la mettre en place est un peu particulier. Pour le morceau choisi ? Ça sera la surprise ! héhé
"Vier" est musicalement très dense, il y a beaucoup d’arrangements, tout en restant assez direct dans l’écoute, est-ce un souci pour vous de ne composer que des morceaux directs et accrocheurs, ou est-ce quelque chose qui se fait naturellement ?
Naïwyn : Là encore, c'est naturel. Mais ce naturel découle d'une multitude d'influences acquises. Je suis un fan des chansons qui touchent. Ceci fait que dès que j'écris, je travaille dans le but de toucher la sensibilité des gens.
Vind : Avec Mesar on est arrivé un peu après la fin de l’écriture de l’album. Donc perso, je n’ai pas touché grand-chose. Par contre pour le live, j’ai fait quelques petits arrangements à ma sauce, vous me direz ce que vous en pensez quand vous viendrez nous voir en live !
Avez-vous des concerts de prévus pour les semaines à venir ? Et avez-vous déjà eu l’occasion de tester en live ces nouveaux morceaux ?
Naïwyn : Pour le moment nous répétons pour 2015. Mais la logistique est complexe. Nous sommes des musiciens qui avons fait leur preuve dans des projets ultérieurs. On veut éviter les dates de merde où on est pris pour des cons soit par les organisateurs, soit par les gars qui gèrent le lieu. Aussi, AZGAAL préfère jouer peu, mais jouer dans de bonnes conditions pour nous et pour les fans. Ça ne m'intéresse pas de me montrer pour me montrer. J'ai plus le temps pour ça. Donc nous cherchons à rencontrer des gens pro (groupes, tourneurs) pour mettre ça en place. Il y a déjà des pistes, mais je ne peux pas encore en parler.
Vind : On préfère produire de la qualité à la quantité. On veut offrir un vrai show, sur une scène, dans les meilleurs conditions possibles, pour que le public en ait pour son argent. C’est un choix, ça passe ou ça casse. Mais nous on sait que ça peut passer.
Ce sera tout pour moi, à vous la conclusion sur cet excellent album que je recommande vivement !
Naïwyn : Déjà merci pour ton travail. Puis je dirais simplement une chose, si vous aimez, faites tourner l'info. Partager sur vos réseaux. La musique c'est fait pour voyager. Donc propagez AZGAAL si sa musique vous parle...
Vind : Yep merci Davidnonoise d’avoir pris le risque de peut-être tomber sur un concerto pour chiotte en ré mineur. Merci à celle et ceux qui ont lu toute l’interview, c’est cool. On vous invite à venir écouter AZGAAL si vous ne nous connaissez pas. On est sur pas mal de sites de téléchargement légal. Si vous êtes plutôt du genre illégal, ne vous fatiguez pas : sur le site du label vous pouvez trouver les deux derniers albums en téléchargement libre. N’hésitez pas à nous rejoindre sur les réseaux sociaux pour nous dire ce que vous pensez de notre musique. Et si vous l’aimez, partager là et parler d’AZGAAL ! Merci, et à bientôt en live !
Le site officiel :
www.azgaal.com
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