Interview faite par Pascal Beaumont à Paris.
Benighted fait figure de vétérans de la scène française death metal , une véritable référence en quelque sorte, les bouges ayant derrière eux un long parcours qui a débuté en 1998, de quoi donner le tournis. Le chemin a été long et sinueux mais le gang n'a jamais renoncé malgré de nombreuses turpitudes. Baignant dans un turn over de musiciens impressionnant, seul Julien Truchan a échappé au marasme imposé par le temps, Olivier Gabriel, le guitariste, un des membres fondateurs, ayant décidé de quitter le navire en 2017. Heureusement, l'arrivée en 2014 d'Emmanuel Dalle au poste de guitariste a été déterminant et leur a permis de revenir au premier plan avec "Necrobreed" ! S'en est suivi de nombreux concerts à travers le monde pour défendre cette galette de haute volée avec notamment une longue tournée au pays de l'oncle Sam. Deux an après, les voilà de retour avec "Obscene Repressed", leur nouveau méfait, qui, s'il reste bien ancré dans l'esprit "Necrobreed" en apportant un flot de violence musicale pur ,apporte une nouvelle dimension au gang notamment grâce aux voix hardcore et à un groove omniprésent sur plusieurs morceaux ! Comme à leur habitude, nos lascars ont su s'entourer d'une pléiade d'invités : Sebastian Grihm (Cytotoxin) sur "The Starving Beast'", Jamey Jasta (Hatebreed) sur "Implore The Negative" et Karsten Jäger (Disbelief) sur "Mom, I Love You The Wrong Way", histoire de pimenter un peu le sujet. Une belle réussite qui devrait leur permettre de franchir une nouvelle étape et de rester une icône du brutal death. C'est avec Emmanuel Dale, le sympathique guitariste de Benighted, que French Metal a pu s'entretenir ! Une interview placée sous le signe de la jovialité et de la convivialité avec celui qui composé entièrement ce nouvel opus basé sur un concept issu tout droit des méandres alambiqués du monde psychiatrique. Apprêtez-vous à plonger tout droit dans un monde d'effroi et de terreur via un concept alambiqué sorti tout droit de l'imagination fertile de Julien Truchan. Magnéto, Emmanuel, c'est à toi !
Quels souvenirs gardez-vous de vos deux derniers concerts le 1er Février à Zurich et le 18 Janvier à Vienne ?
Emmanuel Dalle (guitare) : C'était un peu comme de concerts de rentrée, ça faisait quelque mois que l'on avait pas joué à Zurich. On y revenait dans le cadre d'un gros festival, le Meh Suff! Festival, ils font tous les ans une édition d'hiver en intérieur, cette année il y avait Paradise Lost, Grave. C'était l'occasion de tester notre nouvel ingé son, on a un petit peu remanié l'équipe technique. C'est un mec qui bosse pour Dying Fetus et At The Gates, ça professionnalise un peu le truc. C'était un peu une date d'essai mais l'ambiance était cool et le concert était sold out. Pour Vienne, c'était surtout un show pour l'anniversaire de notre manager, c'était une sorte de concert privé. Il y avait beaucoup de monde aussi et une super ambiance grindcore, une petite salle avec des gens bien échaudés. On a fait une after de cochon juste derrière (rires) ! Il y avait open bar pour les groupes , on s'est servi, on a fait n'importe quoi. On a branché les téléphones sur la sono, on a fait une playlist des années 90. Il y avait une grosse bonne humeur.
Est-ce que vous en avez profité pour jouer des nouveaux titres sur scène ?
Toujours pas. La difficulté, c'est que l'on habite tous très loin les uns des autres et on n'a pas souvent l'occasion de répéter. Donc à part pour la nouvelle tournée, ils ne sont pas encore prêts pour le live.
Comment allez-vous préparer cette nouvelle tournée ?
Là, en l'occurrence, on va faire une résidence pour la tournée du Warm-Up Hellfest qui aura lieu fin Mars. Mais on ne répète que lorsque l'on a une nouvelle setlist à préparer ou des nouveaux morceaux à bosser. On le fait la veille de partir en tournée ou de donner un concert. On réunit tout le monde et on bosse pendant quelques heures. Mais le plus gros du travail est fait chez nous. On a tout ce qu'il faut pour travailler à la maison, tout le monde est sérieux. On a des bons musiciens, c'est assez solide, du coup on se réunit pour mettre tout ça en place et puis tout roule tout seul.
Est-ce que vous avez choisi les nouveaux morceaux que vous allez interpréter sur la prochaine tournée ?
Il y aura plusieurs setlists. Ce que je peux te dire pour l'instant à propos de celle de la tournée du Hellfest, c'est qu'il y aura "Brutus" qui est sorti en avant-première, il y aura aussi "Nails" que l'on va sortir en clip le 9 Mars, "The Starving Beast" qui est un titre avec Sebastian Grihm (Cytotoxin) et le quatrième, je ne sais plus. Mais la setlist n'est pas encore définitive, par contre pour ces trois-là c'est certain que nous les jouerons.
Comment faites-vous pour établir la liste des nouveaux titres que vous allez jouer ?
On va faire en sorte d'interpréter les morceaux que les gens connaîtront. On va sortir l'album le 10 Aril et juste après on enchaîne sur la tournée. Les gens n'auront pas le temps de s'imprégner de l'album, ils ne connaîtront pas les morceaux. Du coup, le plus judicieux c'est de jouer les morceaux qui seront sortis avant. En l'occurrence, "Brutus" et "Nails" plus un autre qui servira d'exclusivité sur la setlist.
Du 21 Mars au 30 Avril 2019, vous avez effectué une longue tournée aux USA, quels souvenirs gardes-tu de toutes ces dates ?
Ca s'est passé beaucoup mieux que l'on pensait parce que on est très potes avec Aborted. Lorsque l'on a tourné avec eux, ils nous ont dit de faire attention car les USA, selon eux, c'était très différent de l'Europe, pour eux les conditions c'était de la merde, le public pareil. Ils nous avaient vraiment mis en garde , ils nous avait dit de ne pas s'attendre à un truc de fou. Sauf que lorsque l'on est arrivé là-bas dès Chicago, notre deuxième show, c'était sold out. Au final, c'était une très bonne expérience et on a été très bien reçu.
Vous n'aviez jamais tourné aux USA auparavant ?
On peut dire que c'est la première fois. On a participé aux 70 000 Tons Of Metal mais ça ne compte pas vraiment. On a aussi fait une tournée au Canada en 2015 mais ce n'était pas les mêmes conditions, pour le coup là c'était vraiment cool.
Qu'est-ce qui t'a le plus surpris aux USA ?
La réaction du public est la même. Je m'attendais à quelque chose de différent mais au final non, les gens se cassent la gueule dans la fosse (rires) ! C'est parfait. Ils connaissent les titres des chansons, c'est encourageant, ça prouve qu'ils nous connaissent déjà. On était attendus, ça fait 15 ans qu'on nous demande de jouer là-bas. Il y avait une certaine attente de créée donc ça s'est bien passé du coup. Mais il n'y a pas de réelle différence à part les paysages. C'était très cool, on étaient dans des bonnes conditions, on pouvait dormir la nuit, ils appellent ça des Harvey, c'est comme un camping car mais en plus gros, c'est un peu un mini tour bus. Il y a tout ce qu'il faut à l'intérieur, une chambre, des lits, une douche, des toilettes, un frigo. Le seul problème, c'est qu'il fallait conduire nous-mêmes. On avait pas de chauffeur attitré comme sur les tournées européennes où tu as un gros tour bus et où tu ne fais rien, juste la fête tous les soirs. Là, ce n'était pas pareil, il fallait être sobre pour pouvoir conduire donc c'était moins rock'n'roll mais pour une première fois c'était vraiment cool.
Comment décrirais-tu le groupe sur scène ?
Etant moi-même sur scène c'est dur de s'autojuger (rires) ! Ce que j'entends souvent dire de la part des gens, c'est "grosse bagarre" et "violence", "calottes dans la gueule". Les gens sont étonnés de la violence que cela dégage, c'est de l'énergie en fait. C'est ce qui ressort souvent des chroniques et du retour du public.
Alors pour toi en tant que guitariste, qu'est-ce qu'un bon show ?
En tant que musicien déjà on pense aux conditions scéniques, quand je m'entends jouer (rires) ! C'est vraiment pas le cas partout. Souvent, tu tombes sur des retours merdiques, il y a très souvent des problèmes techniques plus que ce que les gens peuvent penser parce qu'on fait semblant que tout va bien sur scène mais des fois c'est juste l'enfer. Lorsque les conditions techniques sont cool et que tu as un public qui se savate juste devant ta gueule, là c'est parfait (rires) ! Lorsque tu as des gens qui investissent la scène, c'est aller au-delà de son petit confort de musicien qui aime bien avoir un bon son. Si le public se défonce la gueule, moi ça me suffit, c'est super cool ! Je veux qu'il y ait de la violence dans le public tout simplement.
Le 22 Juin 2018 vous avez joué au Hellfest sur la scène Altar, c'est un bon souvenir ?
Oui, c'était énorme, la salle était remplie, ça dégueulait de partout, au fond les gens étaient derrière des écrans géants pendant le concert pour regarder. On ne pensait pas avoir autant de monde, autant de succès au Hellfest par rapport à la qualité des formations qu'il y a là-bas. C'était très cool, on a eu de très bons retours. La fosse était juste dingue, il y avait des dizaines de milliers de personnes qui se savataient la gueule (rires) ! Tout était cool, les conditions sur scène étaient royales, des concerts comme ça si on pouvait en faire tous les jours ça serait le rêve.
Vous allez jouer pour deux dates au Japon dans le cadre du Warm-Up Hellfest !
Oui, on fait Tokyo et Osaka sur une semaine, on aura le temps de faire un petit peu les touristes. Ca sera notre première fois là-bas et dans de très bonnes conditions. Sans rien demander de plus, le Japon pour la première fois dans de grosses salles avec des conditions professionnelles, c'est juste royal !
Que t'inspire le pays du soleil levant ?
La folie et la sagesse. Ca m'évoque des gens très sages, très carrés dans la vie de tous les jours mais une fois qu'ils ne sont plus au boulot, ils font juste n'importe quoi. C'est un peu ce que j'attends de voir dans le public, des files d'attente très sages et une fois qu'ils sont dans la fosse, des gens surexcités. J'ai eu cette impression lorsque l'on a fait notre tournée en Asie en 2017, lorsque l'on a joué au Vietnam, des gens très très polis, très respectueux et une fois la salle remplie et le début du concert, c'était juste une des plus grosses boucheries que j'ai vues. C'était sold out et des gens rentraient par les fenêtres, c'était complètement dingue. Je ne sais pas si tu as vu le clip de "Asylum Cave" mais c'est clairement la meilleure définition du concert grindcore qui puisse exister. Je me souviens avoir joué au milieu de la fosse où les gens s'éclataient la gueule et passaient par les fenêtres (rires) ! Une fois le concert terminé, tout le monde était super sage, il n'y avait plus aucun bruit. Il y a un contraste entre leur passion et leur vie de tous les jours, c'est incroyable. Je m'attends un petit peu à retrouver ce sentiment-là au Japon.
Comment s'est déroulé le processus de composition de ce nouvel album ? Avez-vous travaillé d'une manière identique à "Necrobreed" ?
En fait le processus d'écriture a pas mal changé chez BENIGHTED à travers le temps. A l'époque, on fonctionnait comme n'importe quel autre groupe old school, on composait en répétition, chacun arrivait avec son riff et on mettait tout ça en place. Par la suite, il y a eu pas mal de soucis de line-up. Je suis arrivé en 2014 dans la formation, j'ai composé "Necrobreed" et à partir de ce moment on a changé de méthode. On s'est retrouvé avec un line-up complètement éclaté avec des gars au quatre coins de la France donc pour venir composer en répétition, c'était galère. Je me suis retrouvé à composer les titres tout seul chez moi. Depuis le précédent album, je fais tous les instruments à la maison, les deux guitares, la basse, la batterie. Ensuite, lorsque j'ai une compo, je l'enregistre chez moi. Puis je l'envoie aux autres en conversation privée sur Facebook, ils me donnent leur avis et si tout le monde valide on garde le morceau. Si on le garde quelques temps plus tard, Julien, notre chanteur, vient à la maison et ensemble on retravaille un peu les structures de sorte que ça colle le mieux possible avec les lignes de chant qu'il a trouvées pour que le morceau soit le plus efficace possible. On travaille à deux Julien et moi depuis "Necrobreed".
Que penses-tu avoir apporté à Benighted depuis ton arrivée ?
En fait le processus d'écriture a pas mal changé chez BENIGHTED à travers le temps. A l'époque, on fonctionnait comme n'importe quel autre groupe old school, on composait en répétition, chacun arrivait avec son riff et on mettait tout ça en place. Par la suite, il y a eu pas mal de soucis de line-up. Je suis arrivé en 2014 dans la formation, j'ai composé "Necrobreed" et à partir de ce moment on a changé de méthode. On s'est retrouvé avec un line-up complètement éclaté avec des gars au quatre coins de la France donc pour venir composer en répétition, c'était galère. Je me suis retrouvé à composer les titres tout seul chez moi. Depuis le précédent album, je fais tous les instruments à la maison, les deux guitares, la basse, la batterie. Ensuite, lorsque j'ai une compo, je l'enregistre chez moi. Puis je l'envoie aux autres en conversation privée sur Facebook, ils me donnent leur avis et si tout le monde valide on garde le morceau. Si on le garde quelques temps plus tard, Julien, notre chanteur, vient à la maison et ensemble on retravaille un peu les structures de sorte que ça colle le mieux possible avec les lignes de chant qu'il a trouvées pour que le morceau soit le plus efficace possible. On travaille à deux Julien et moi depuis "Necrobreed".
Est-ce que ça a été facile de s'intégrer dans une formation qui existe depuis aussi longtemps ?
Il y a deux points distincts, humainement c'était très facile parce que ce sont les mecs les plus gentils du monde. Franchement, au bout de trois jours je faisais partie de la famille. Après, au niveau du boulot, c'est là que ça se complique. Toi, tu arrives, tu es nouveau, le groupe existe depuis 17 ans et on te demande d'écrire un album avec tes influences, là tu te chies un peu dessus. Tu te dis que si tu écris un opus de merde, tu flingues la carrière d'un groupe qui existe depuis 17 ans. Tu as toute cette pression, heureusement "Necrobreed" a été très bien reçu, du coup ça m'a redonné confiance en moi parce qu'au début je n'étais pas bien, j'avais limite peur de leur envoyer mes compos et qu'ils me disent que c'est de la merde. J'osais pas trop parce que j'ai pas de background. Je suis arrivé dans BENIGHTED mais je sors de nulle part. En fait, j'ai passé une audition et ils m'ont pris. Donc voilà, j'avais un peu peur de ça. Après, j'ai pris confiance parce que j'ai vu que les chroniques étaient bonnes, j'ai continué dans cette direction pour faire un suivi sur l'EP "Dogs Always Bite Harder Than Their Master" où on a eu aussi de bonnes chroniques. Tout ça aide à mettre en confiance, mais au début c'était vraiment pas facile. C'est très dur d'injecter tes influences personnelles dans un combo qui existe déjà depuis longtemps et qui a déjà une fan base assez hardcore. Je me souviens que lorsque je suis arrivé, il y avait pas mal de commentaires du genre : "Fait chier qu'il n'y ait plus l'autre guitariste, je préférais avant". Ensuite, tu sors un album et les gens sont contents et ils se la ferment un petit peu. Au début, tu te fais un peu dénigrer parce que tu es nouveau et ensuite il faut faire tes preuves, une fois que tu les a faites, tu es reçu et tu deviens un membre à part entière, accepté aussi par les fans, c'est ça le plus dur en fait. Depuis cet album, tout roule.
Tu as joué dans d'autres formations avant d'être recruté par Benighted ?
Non, j'ai participé à des projets qui n'on mené à rien. J'ai monté des trucs, je trouvais pas de musiciens, ça fait très longtemps que je compose, que j'écris des trucs mais au final je n'ai jamais eu de projet sérieux. Là, c'était clairement le premier opus que j'écrivais. Pour rentrer dans la formation, ça a été un peu le grand plongeon. J'avais passé une audition et ensuite je n'ai plus eu de nouvelles et un beau jour j'ai un appel de Kevin Foley, c'était le batteur à l'époque et il me demande si je suis dispo demain. Je lui réponds "oui" en lui demandant pourquoi. Il m'a répondu qu'ils avaient un guitariste remplaçant mais qu'ils le viraient parce qu'il faisait chier. Il ajoute : "Tu vas tourner un DVD, est-ce que tu es chaud pour apprendre le set en une nuit" ?! (rires) Sans réfléchir j'ai dit oui mais après j'ai passé la pire nuit de ma vie, mais c'est ainsi que je suis rentré dans le groupe (rires) ! Toute la nuit j'ai bossé à l'oreille parce qu'il n'y avait pas de partitions, c'était affreux et c'est comme ça que j'ai donné mon tout premier concert avec eux. Et ce premier show est sorti en DVD. Je me suis retrouvé devant plus de 3000 personnes, filmé pour un DVD. (rires)Du coup je n'ai pas fait un seul headbang, j'étais ultra concentré, je me chiais dessus. Pour l'anecdote, mon tout premier concert est donc disponible en DVD (Ndlr : "Brutalive The Sick", CD+DVD live sorti en 2015), tout le monde peut l'acheter. C'est une bonne histoire à raconter.
L'album a été enregistré en Octobre / Novembre 2019 en Allemagne au Kohlekeller Studio, comment as-tu vécu l'enregistrement ?
Ce n'était pas tout à fait pareil. On était vraiment dans un rush pas possible, c'était le chaos. Déjà, au niveau de la composition et de la date limite pour rentrer en studio, il y avait un gros souci. Le studio était booké pour Octobre 2019 et en Juin je n'avais que deux ou trois morceaux de prêts de mon côté. J'ai contacté les autres pour savoir s'ils avaient écrit des morceaux et ils n'en avaient pas. Du coup, je me suis rendu compte qu'en Juin on n'avait que trois titres et j'ai passé tout l'été à écrire l'album. Il a été composé en trois mois à l'arrache. Pour gagner du temps au niveau du studio, j'ai enregistré les guitares chez moi. Par contre, la batterie, la basse et le chant ont été enregistrés sur deux semaines au Kohlekeller Studio et ensuite tout a été rassemblé là-bas. Je suis allé au studio pour superviser le truc puisque j'ai composé l'opus, je voulais voir ce que Julien allait faire dessus au niveau du chant. Je voulais aussi surveiller les prises de batterie parce qu'à la base je les avais écrites. Je voulais que ça corresponde à ce que j'avais composé au niveau des démos. J'y suis donc allé un peu pour superviser sans faire mon chef ou quoi que ce soit. C'était juste pour m'assurer que tout correspondait bien, pour aider et aussi pour donner de nouvelles idées. Mais j'ai été présent tout le long de la production.
Cette fois-ci il y a trois invités : Sebastian Grihm (Cytotoxin), Jamey Jasta (Hatebreed) et Karsten Jäger (Disbelief), c'est devenu une tradition chez vous d'avoir des invités sur chaque album ?
Oui, c'est exactement ça. C'est une tradition, si on remonte dans le temps, il y a au moins un guest sur tous les vieux albums de BENIGHTED depuis 2003. Comme tu le dis, c'est une tradition à chaque fois, on fait venir des potes et là pour le coup c'est Sebastian Grihm et et Karsten Jäger. C'était évident de les avoir, on se connaît, je les revois s'apprêter sur les morceaux sur lesquels on voulait qu'ils interviennent. Pour Jasta, on ne le connaît pas, ce n'est pas notre pote. C'est parti de Julien, le chanteur, qui est un gros fan à la base de Hatebreed. On avait remarqué sur une certaine chanson sur laquelle il chante qu'elle ne ressemblait pas du tout à du BENIGHTED. On savait que c'est sur ce titre qu'on pourrait le placer. Donc on avait le morceau en tête mais on ne savait pas comment le contacter, on n'avait aucun contact. Par chance, on s'est aperçu sur un podcast d'une radio aux USA qu'il diffusait du BENIGHTED, il avait l'air de carrément aimer le groupe. On s'est dit que cela nous ouvrait une porte, que l'on avait une chance. Ensuite, on a essayé de trouver un contact, un intermédiaire pour le joindre. On est passé par un mec de Nuclear Blast qui a signé Hatebreed et qui était aussi un fan de BENIGHTED. Du coup, il nous a complètement pistonnés pour obtenir Jasta. Il était totalement motivé pour nous mettre en relation avec lui. Il lui a demandé s'il était intéressé pour faire un titre avec BENIGHTED, il a répondu "oui", il aimait bien le combo. Il a demandé à écouter le morceau, j'ai enregistré la démo et on lui a envoyée. Il nous a répondu que le morceau tuait et qu'il était carrément intéressé, qu'il nous faisait notre guest. On s'est dit "Cool !", et voilà. A la base, on ne le connaissait pas et on avait aucun contact. On ne l'a jamais rencontré mais ce serait énorme qu'on se rencontre et qu'il puisse faire le guest en live.
Pourquoi avoir choisi "Brutus" comme premier single ?
Parce que d'un côté c'est du pur BENIGHTED c'est de la violence pure et c'est ce que les fans de BENIGHTED attendent. Cela aurait été moins intelligent de sortir "Implore The Negative" avec Jasta qui divise vachement parce que tu as un chant hardcore... Si on l'avait sorti au début, ils auraient eu peur, ils se seraient dit que l'album allait être trop bizarre, du coup par sécurité tu sors un morceau qui sonne comme du BENIGHTED. On s'est dit que "Brutus" pouvait être un tube potentiel, tu as des refrains très catchy, hardcore. Parallèlement, il est très brutal, il va très vite. Tu as cette intro à la guitare acoustique que personne aurait pu deviner. Je l'ai jouée à l'arrache en studio et tout à coup sans prévenir on part sur un gros blast. C'est juste par rapport à l'efficacité du morceau. On a jugé que c'était un morceau cool à dévoiler. On ne veut pas dire que c'est le seul morceau catchy comme ça mais c'est une décision commune, après c'est aussi réfléchi en accord avec la maison de disques. Je pense que c'était un bon choix, les gens ont bien réagi. En regardant les commentaires, ça a l'air d'être assez unanime, les gens aiment ce morceau, c'est cool.
Penses-tu prendre un risque en sortant "Implore The Negative" en deuxième single ?
En fait, tu peux le voir dans les commentaires. Les mecs qui aiment Hatebreed et BENIGHTED, ils sont super contents, ils adorent, ils trouvent ça trop cool. Les gros fans de death, les élitistes de death metal, ils aiment pas du fait qu'il y ait une voix hardcore dans un morceau de death. Ils apprécient l'instrumental mais souvent le commentaire qui revient c'est que la voix gâche tout.
Pour conclure, qu'as-tu envie de rajouter qui te semble important par rapport à l'album ou tout simplement Benighted ?
Je suis dans la continuité de "Necrobreed". Donc ceux qui ont adoré "Necrobreed" vont s'y retrouver. Mais parallèlement j'ai tenu compte des critiques que j'ai pu avoir sur "Necrobreed", même s'il a été très bien accueilli dans l'ensemble, souvent je pouvais lire qu'il manquait du hardcore, du groove, que ce n'était plus comme ça et que c'était devenu trop violent. En tenant compte de ces critiques sur ce nouvel album, j'ai essayé de tout mettre et de contenter tout le monde. Il y a du "Necrobreed" dans la base assez sombre et très violente, des grosses partie hardcore et beaucoup plus de groove qu'avant.
Merci beaucoup pour l'interview.
Merci à toi et à ton soutien. Nos fans sont géniaux, on le dit lors de chaque interview, ce n'est pas original mais c'est vrai, sans eux on est rien et on le voit encore là ce soir, tout le monde est adorable. Les gens viennent te parler, c'est toujours bien, ce n'est jamais mal poli, l'ambiance est géniale, il faut que ça continue comme ça. Alors merci à tous d'acheter "Obscene Repressed" par millions, comme ça je serais millionnaire, j'ai les droits dessus (rires) ! Merci, je vais me prendre une pinte, tchao à tous.
Le site officiel :
www.facebook.com/brutalbenighted
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