Interview faite par mail par Murderworks

Salut les DXS, c'est votre première interview en ces lieux et même si on a déjà parlé de vous plusieurs fois, une petite présentation s'impose.
Jean-Michel (claviers) : Salut Muderworks et tout d’abord merci à toi de nous avoir sollicités pour cette interview. DXS, ou Devious eXperiment of Synesthesis est une formation metal qui évolue dorénavant entre influences progressives et extrêmes et dont les membres sont basés aux alentours de la ville de Cannes. Nous avons sorti en Décembre dernier un second album, intitulé "The Wretched Host", enregistré par mes soins et mixé au Darth Mader Studio à Los Angeles par Damien Rainaud.

Apparemment "The Wretched Host" est un album concept, n'ayant pas eu les paroles sous les yeux, de quoi traitent les textes ?
Il s’agit d’une intrigue, à la fois sombre et mystérieuse, qui se révèle au fur et à mesure des pistes du CD, ce qui m’incitera à ne pas trop en révéler ici, mais grossièrement il s’agit d’une forme d’investigation qui prend naissance dans un univers dystopique mettant en jeu des forces aux allures manichéistes.

Sur ce nouvel album on retrouve deux titres que l'on trouvait déjà sur l'EP "Musical Box". Le but était de donner un avant-goût de l'album ou ce sont deux inédits de cette époque que vous avez intégrés à la trame de "The Wretched Host" ?
Le but de l’EP était effectivement de donner un avant-goût. "The Musical Box" et "Eyes Without A Face" ont été composées pour figurer sur l’album, mais entre d’une part, la possibilité que nous avions de tourner un clip et d’autre part, le changement de line-up auquel nous faisions face, l’idée de partager notre nouvelle orientation musicale s’est vite matérialisée à travers la production d’un EP. Cependant, comme ces deux titres demeuraient deux pièces essentielles du concept album, nous les avons re-enregistrées à l’occasion de "The Wretched Host".

Musicalement, on note une plus grande présence des influences extrêmes, à ce titre, l'entrée en matière est surprenante. Ce blast et ces growls dès le début de "Demise Of Time", j'avoue que je ne m'y attendais pas ! C'est le thème de l'album qui réclamait une musique plus dure où ça s'est fait naturellement ?
Il est certain que l’histoire présente une dimension extrême, ne serait-ce que par les clivages qui y prennent naissance. À partir de là, on pourrait en effet admettre que cet aspect musical "plus dur", que nous avons davantage exploité dans ce nouvel album, accompagne notre propos. Cependant, il est clair que le metal extrême est clairement devenu une influence importante au sein du groupe, ce qui nous a naturellement amenés à en exploiter les codes, en marge de nos origines plus progressives. Toutefois, nous tentons avant tout d’aller dans le sens de nos compositions, et si un blast ou growls viennent à s’imposer par eux-mêmes, c’est que cela est nécessaire.



Vous avez fait appel au crowdfunding pour le pressage de "The Wretched Host", visiblement cette campagne a été un succès ! Vous avez pressé juste assez de CDs pour les souscripteurs ou on peut encore se procurer le CD ?
Nous sommes effectivement pleinement satisfaits de cette campagne de crowdfunding réalisée sur KissKissBankBank qui nous a permis à partir d’environ 60 préventes de presser en tout 500 exemplaires de l’album. Donc, pour répondre à ta question, et même si nous avons vendu depuis la campagne plusieurs exemplaires, il est bien évidemment toujours possible de ce se procurer notre album, en physique, mais aussi en version digitale, sur notre plateforme Bandcamp (dxsmusic.bandcamp.com).

En parlant de ça, j'ai vu que vous avez signé récemment avec Adarca Records, qu'est ce qui a changé depuis par rapport à l'autoproduction ? Parce qu'avec l'essor du crowdfunding justement on se dit que les groupes pourraient presque se passer de label.
Le cas d’Adarca est un peu particulier dans la mesure où il s’agit d’une toute petite structure qui s’occupe exclusivement de nous et du groupe Anthropia, et qui sert davantage d’écran juridique que de label a proprement parlé. En un sens, nous ne sommes pas pour autant extrêmement loin des perspectives d’autoproduction qui ont toujours été les nôtres, même si Adarca permet de simplifier certaines démarches, ce qui, DXS n’ayant pu intégrer des structures comme Sensory par exemple, était ce que nous recherchions principalement. Toutefois, je pense effectivement que le crowdfunding constitue un moteur essentiel de la production musicale future, en particulier pour les groupes qui ne rentrent pas dans les clous. En effet, ce genre de plateforme permet un rapprochement direct entre les formations et un public de plus en plus spécialisé, et donc de s’exempter des contraintes de productivité et de rentabilité outrancière qui sont celles des (trop) nombreux intermédiaires — comme les labels — qui subsistent entre l’artiste et l’amateur de musique. Il est donc dorénavant possible pour des groupes aussi marginaux que ceux de la sphère metal, de produire et commercialiser un album, sans pour autant devoir s’endetter ; ou remettre en question l’intégrité de leur musique pour plaire à un label uniquement préoccupé par des problématiques de masse ; ou enfin s’adjoindre les services d’une structure plus "underground" qui certes sera ravie par votre style, mais qui vous laissera le droit d’assurer seul votre promotion et parfois même votre pressage, le tout en échange d’un logo pixélisé sur votre pochette et de la plus grande partie du fruit de vos ventes.



J'ai toujours eu l'impression que le prog n'était pas très rassembleur en France, on a de très bons groupes dans le genre, mais ils me semblent moins mis en avant que les autres styles. Même pour les gros monstres du prog, les concerts chez nous se font rares par rapport aux tournées qu'ils font dans le reste du monde. Vous avez quels retours de votre côté, ça bouge quand même chez nous ?
Andromeda est tout de même venue nous rendre visite à Nice, grâce aux organisateurs dévoués qui tiennent la salle de l’Altherax (que l’on salue et remercie au passage). Il ne tient qu’à chacun de faire partager aux amateurs de musique ce style merveilleux, mais qui, il faut effectivement l’admettre, n’est pas celui le plus en vogue, même au sein de la sphère metal. Comment l’expliquer… c’est une excellente question… Je pense que le prog reste un style difficile d’accès malgré tout.

Votre chanteur, Julien Negro, a quitté le groupe il y a quelques temps. C'est peut-être un peu tôt, mais vous avez déjà des pistes pour un remplaçant ?
Nous n’avons pas encore entamé de campagne de recrutement, car nous ne disposons pas actuellement des ressources nécessaires, notamment en terme de disponibilité, pour relancer pleinement la machine DXS. Nous ne voudrions pas proposer à de potentiels nouveaux membres quelque chose de relativement à l’arrêt. Rajouté à cela que les bons chanteurs se font très rares... la situation n’est donc pas simple et les pistes se font pour le moment malheureusement assez maigres.

Merci de m'avoir accordé du temps pour cette interview, je vous laisse le traditionnel mot de la fin.
Merci encore à toi et à toute l’équipe de French Metal ! Nous souhaitons, une fois n’est pas coutume, également remercier toutes celles et ceux qui ont participé à la campagne de crowdfunding de notre second album "The Wretched Host". Enfin, à titre plus personnel, je tenais à remercier le très célèbre Guillaume Morero — pour l’inspiration qu’il a su m’apporter tout au long de mon parcours — ainsi que sa progéniture, qui j’en suis certain, saura grâce aux enseignements de sa mère, évincer la pénombre du destin maléfique qui l’accable.


Le site officiel : www.facebook.com/dxsband