Interview faite par Pascal Beaumont à Paris, avec l'aide de Laurent Machabanski.
Après 22 ans de bon et loyaux services, les Hardcore Superstar se sont imposés au fil du temps comme l’une des icônes du glam sleaze metal. Une véritable institution qui, au travers des années, enchaîne les albums et les tournées sans jamais démériter tout gardant une foi inébranlable sans jamais défaillir. Nos Suédois ont gravé quelques pépites comme "It’s Only Rock’N’Roll" ou "Bad Sneakers And A Piña Colada" qui sont aujourd’hui devenues des références incontournables du style. Cinq ans après "C’mon Take On Me", les voilà de retour avec "You Can’t Kill My Rock’N Roll", une galette gorgée de tubes hard glam sleaze d’une efficacité redoutable et qui ne demande qu'à embraser les salles de concerts ! Il faut dire que l’objectif de nos lascars avec quatre singles dans la besace avant la sortie de leur onzième galette est d’une limpidité proche de la naïveté : squatter les ondes d’un maximum de radios et dégoter le tube qui pourrait leur ouvrir les portes d’un nouveau monde ! C’est opus est avant tout destiné à faire frémir de plaisir vos cages à miel et vous rendre totalement addicts à leur glam metal grâce à des refrains imparables qui vous vrillent le cervelet pour ne plus vous lâcher. Attention, cette emprise est garantie sans antidote. Pour en savoir un peu plus sur ce nouvel opus gorgé d’hymnes en hommage au rock’n’roll, c’est avec le sympathique Magnus "Adde" Andreasson, batteur au sein du gang, que votre serviteur a pu s’entretenir. Un garçon parfaitement épanoui et heureux de pouvoir célébrer cette nouvelle ode au rock'n'roll et fier de son parcours. Magnéto Adde, c’est à toi !
Quels souvenirs gardes-tu des deux derniers festivals auxquels vous avez participé en Suède et en Finlande (Ndr : le 20 Juillet au Rockfesten I Kungsträdgården, Stockholm, Suède et les 27-28 Juillet au Q-Stock Festival, Oulu, Finlande) en Juillet 2018 ?
Magnus "Adde" Andreasson (batterie) : C’était super. Avec les festivals de rock en Suède, il se passe toujours quelque chose là-bas. Nous sommes suédois et les festivals sont tellement excellents. Ces festivals amènent toujours des groupes sympas ou qu’il faut voir. Parfois, c’est une chance de pouvoir les voir dans ces festivals. C’est toujours grandiose de faire des festivals comme celui-ci. Il y a tellement de festivals. En France, vous avez le Hellfest. C’est celui que nous aimerions refaire. Il y a toujours quelque chose de spécial avec ces festivals d’été.
Combien de fois avez-vous joué dans ces festivals ?
Plein de fois. C’est comme si nous étions chez nous à la maison.
Quatre singles de "You Can't Kill My Rock’N Roll" sont déjà sortis. Quel a été l’accueil de tous ces titres ?
C’était impressionnant. En live, ces chansons prennent une autre tournure. Quand le public écoute les chansons en live pour la première fois, nous avons l’impression qu’il comprend et adhère aux titres. C’est comme s’il avait juste besoin de l’écouter en live une première fois. Ensuite, tout devient limpide au niveau de sa compréhension. Nous avons joué tous les singles en live. Nous sommes actuellement en train de répéter pour le set.
Votre dernier concert à Paris remonte au 21 Mars 2015 au Divan du Monde, où l’on voit sur la vidéo des roadies démontant le matériel alors que vous êtes toujours sur scène. Que s’est-il passé, vous ne vouliez plus partir ? (rires)
Non. (rires) Nous voulions tout le monde sur scène et nous ne voulions pas partir. Je me souviens de ce show. C’était une nuit magique, probablement le meilleur show effectué en France. Tout le monde voulait quelque chose et ils ont presque pris tous les instruments de la batterie. Il ne restait plus grand-chose pour jouer. C’était complètement fou.
Comment s’est passé le processus d’écriture de l’album ?
Nous avons écrit pendant presque un an. Pratiquement toutes ces chansons ont été jetées à la poubelle, parce qu’elles ressemblaient toutes aux précédentes. Néanmoins, ce n’était pas si mal mais on pouvait l’utiliser plus tard. En tous les cas, sur cet album nous voulions faire quelque chose de différent. Nous nous sommes consacrés à l’écriture de nouvelles chansons, ces chansons qui figurent sur l’album. Cela a duré deux ans pour avoir les chansons voulues. C’était un processus d’écriture très long. De nouveau, nous avions été très créatifs. Nous nous sommes tellement amusés, car toutes les idées arrivaient comme s’il pleuvait. C’était très facile, puisque nous avions des tonnes d’idées pour figurer sur l’album. Nous aimons donner au groupe HARDCORE SUPERSTAR l’idée d’un groupe neuf et plein de renouveau. Nous devons suivre le mouvement où la créativité nous emporte. C’est très important pour nous.
Après vingt-deux ans de carrière, aviez-vous envie de faire un retour aux racines avec "You Can´t Kill My Rock’N Roll" ?
Oui, c’est ce que nous voulions faire. On ne peut pas vraiment contrôler ce qui se passe ou ce qui t’inspire pour faire les choses. C’est incontrôlable. Sauf si tu es inspiré, on s’est juste senti à l’aise de faire toutes ces choses.
Votre premier opus s'appelait "It's Only Rock’N’Roll", le dixième "You Can´t Kill My Rock’N Roll", il semble qu’un chapitre soit clos.
Oui, en quelque sorte. J’aimerais pouvoir le dire. Cela va dépendre de ce que les gens nous disent. Certains nous diront que le rock est mort ou que le rock est ceci ou cela. Pour nous, ce n’est pas ça du tout. Il y a une multitude de groupes et de fabuleux festivals. Le rock’n'roll n’est pas aussi mort qu’on le dit. Les personnes qui sont dans le business de la musique le disent souvent mais je ne le crois pas. De mon point de vue, c’est très vivant et il y a toujours du renouveau. Par exemple, le retour des vinyles. Les gens ont commencé à racheter des vinyles de nouveau. J’adore.
On constate que le rock est bien vivant avec de nombreux festivals comme le Hellfest qui affichent complet en trois jours.
Le rock’n'roll ne peut véritablement jamais mourir. Au départ, ce n’était pas une musique dédiée pour les gens élégants et sophistiqués. C’était pour les gens vrais. Les gens vrais seront toujours là autour du rock. Le rock sera toujours présent grâce à eux. C’est mon avis.
Vous avez enregistré en studio près de Göteborg. Comment s’est passée la production de l’album effectuée par vos soins ?
Ce fut une joie de réaliser cet album. Nous avons notre petit studio. On pouvait cuisiner des bananes et essayer plein d’autres choses. Travailler avec des producteurs et des producteurs comme Joe Barresi : ce sont tous des héros à nos yeux. Nous avions vu ce gars travailler et mixer nos masters en nous apportant des idées et des conseils. Nous avons tellement appris d’eux que nous pensions qu’il était temps de produire nous-mêmes et appliquer ce que l’on avait appris. Ils nous ont donné tellement de connaissances. Nous avons ressenti que c’était le moment de le faire cette fois.
Etait-ce un défi de produire vous-mêmes cet opus ?
Oui, bien sûr car cela a pris du temps de faire l’album. Quelquefois, nous avons enregistré des chansons et nous décidions de réenregistrer la chanson à nouveau. Tout ça a pris du temps. On devait être prêts à mixer en Décembre. Cela a duré deux mois de plus que prévu. Nous étions au studio jusqu’en Février.
Est-ce que vous avez essayé d'enregistrer d'une façon vintage sans faire trop appel aux nouvelles technologies ?
Nous essayons toujours de réaliser des performances par nous-mêmes, de jouer et répéter les chansons de manière à ce qu’elles aient du groove, les amener là où nous voulons. C’est parfois le problème qui nous arrive. Nous sommes de la vieille école. Nous ne sommes pas tellement dans le monde des ordinateurs. On est de la vielle école en mixant avec les consoles et cassettes. C’est vraiment la vieille école. Nous croyons que la musique est la meilleure quand tu la joues vraiment.
C’est bien ce que l'on ressent à l'écoute de "You Can´t Kill My Rock’N Roll" !
Oui et l’album est une fête de ce que nous écoutions gamins. Tu peux entendre beaucoup d’influences musicales sur l’album. Entendre avec quels styles musicaux nous avons grandi. Nous sommes des grands fans des années soixante-dix et quatre-vingt et spécialement de rock.
Est-ce que tu es un fan de Slade ?
Absolument. Le titre "Bring The House Down" est basé sur notre amour pour Slade. La façon dont cette chanson est confinée, la manière dont nous avons écrit ce titre. J’ai lu un article consacré à Iggy Pop où il parle de "Lust For Life". Il a dit que nous avions volé le beat de Motown (bruitage du beat). Nous aimions tellement ce beat et nous l’avions fait comme dans la chanson d’Iggy Pop. J’ai lu l’interview et je l’ai envoyé aux autres gars. Je désire ce beat pour rendre un hommage à Slade. C’est un hommage pour eux parce qu’ils méritent que l’on leur porte de l’attention. Slade était un très grand groupe. On parle tellement d AC/DC. Beaucoup de groupes ne bénéficient pas de toute l’attention qu’ils méritent. Slade est un de ces groupes qui est digne d’avoir plus d’attention.
Vous avez ouvert pour la tournée européenne d’AC/DC en 2001. Quel souvenir en gardes-tu ?
Un moment de joie. Nous avons joué plusieurs fois avec eux. La dernière c'était en Suède en 2010. Nous les avons supportés quand nous avons joué à Stockholm. Ils se sont souvenus de nous. Quand nous avons fait le contrôle des balances, de notre système sans fil, il y avait quelque chose qui n’allait pas. Nous nous demandions ce que l’on pouvait faire sur le moment. L’équipe d’AC/DC nous a dit qu’on était des gars bien et que l’on pouvait prendre leur matériel. C’était une belle chose de pouvoir faire ça. Quand nous avons joué en Italie, tout le groupe est arrivé dans le vestiaire et nous a salués. Il y avait avec nous un journaliste et un photographe suédois. Il a pris des photos avec moi debout avec Phil Rudd. Thomas était pris en photo avec Malcom et Angus. Joakim était à coté de Brian Johnson. Tout s’est terminé dans les journaux anglais. (rires) Ils étaient super cool et si petits sur la photo. (rires)
Que penses-tu du retour d’AC/DC au grand complet ? (Ndr : Brian Johnson, Phil Rudd, Cliff William seraient de retour au sein du gang australien)
C’est génial. J’ai toujours adoré ce type de groupes. Ce sont des guerriers. Ils travaillent et continuent toujours à travailler dur. Ils ne s’arrêtent jamais. J’adore. Si tu es un fan, tu adores ces gars-là. Peut-être que ce ne sera pas aussi bien que lorsque Malcom était encore vivant. J’aime bien l’idée des soldats.
Ils devraient travailler sur des démos composées par Malcom Young.
Ça semble merveilleux. C’est trop incroyable.
Quelle est la différence entre le Hardcore Superstar de 1988 et celui d’aujourd’hui ?
Je crois que nous nous amusons plus maintenant qu’auparavant. Au début, tout allait très vite. Nous n’avions pas le temps de réellement apprécier. Nous nous amusons plus maintenant quand nous sommes sur scène. Nous faisons un show. Ce sont des choses dont tu te rends comptes quand tu grandis. Je suis gonflé à bloc quand je joue sur scène. Je m’assois et je vois la réaction du public. Je n’avais pas la même sensation dix ans avant pour apprécier le tout. Je ne sais pas pourquoi, tu vois les choses différemment quand tu grandis. J’apprécie plus maintenant.
Quelle est ta manière de vivre au quotidien ?
Nous aimons prendre du bon temps, prendre un verre ou deux. (rires) Je me souviens d’une blague de batteurs qui disait que c’est bien à notre âge de boire des verres (un ou deux). Mais après quand tu grandis, tu deviens un professionnel. Et j’attends ce moment. (rires) HARDCORE SUPERSTAR est un groupe que l’on associe à un groupe qui prend du bon temps. C’est supposé être un grand divertissement : vivre et plaisanter. C’est la vie !
La pochette ressemble étrangement à celle de Heaven & Hell de Black Sabbath, est-ce un hasard ?
Non, comme précité avec l’hommage de Slade, cet album représente la musique de notre vie. La pochette est si cool. C’est comme cela que nous avons vécu et grandi. Nous voulons montrer à nos fans tout ce que nous aimons et toutes les influences. Avec "You Can't Kill My Rock’N Roll", c’est aussi un hommage à Ozzy et ses chansons. Lorsque j’ai acheté l’album "Diary Of A Madman", j’avais 8 ans. J’avais juste de quoi m’acheter un album. J’ai vu cette pochette, je l’ai pris et achetée. Ma mère était horrifiée à cause de la pochette. Moi je l’adorais. Il y avait des chansons comme "Little Dogs", "S.A.T.O", "Flying High Again" et "You Can't Kill Rock And Roll". Pour nous, tu reconnaîtras notre influence sur le graphisme, et nos chansons. Tu retrouveras çà et là sur l’album.
Est-ce que tu as appris à jouer de la batterie à cette période ?
Depuis tout petit je voulais être Peter Criss. J’ai toujours voulu être un chat mais aussi un batteur. (rires). Peter criss est ma première idole qui faisait de la batterie mais j’aime aussi jouer de la guitare. C’est mon loisir. Je joue de la batterie pour en vivre et la guitare est mon passe-temps.
Est-ce que cela veut dire que tu peux écrire des chansons avec ta guitare ?
Oui, bien sûr.
A propos du single "AD/HD", quelle est l’histoire de ce clip ? Est-ce une critique de la religion portée en dérision ?
Nous ne causons pas trop religion dans notre groupe. La religion ne fait pas un monde meilleur et un meilleur endroit pour vivre. Pour être honnête, nous disons à la religion d’aller se faire foutre. La religion crée beaucoup de tension dans le monde. Soyez vous-mêmes, aimez-vous les uns les autres. Arrêter d’argumenter des choses à propos de la religion, c’est notre façon de nous exprimer, de dégueuler sur le mur les trucs religieux. On se moque, on ne prend pas la religion au sérieux. C’est ce que nous montrons au début dans le clip : hypocrites et drôles.
Vous allez fêter l’anniversaire les dix ans de Vic Zino au sein de Hardcore Superstar, que vous a-t-il apporté ?
Rien. Rien de rien. (rires) Je dirais qu’il a tout apporté, c’est un énorme travailleur. Un grand ami et un grand arrangeur. Un grand musicien et plus. C’est un frère.
Pour conclure, qu'aimerais-tu rajouter qui te tient à cœur concernant "You Can´t Kill My Rock’N Roll" ?
J’aimerais que les gens l’écoutent et l’écoutent véritablement. C’est avec tout cet environnement que nous avons grandi. Tu entendras beaucoup d’influences musicales et cela te mènera à des endroits où nous avons été, où nous avons grandi. C’est la même chose que les vieux albums des Rolling Stones. Tu entendras leurs influences car ils aiment le gospel, le blues, et tout le reste. Sur notre album, tu pourras entendre les influences musicales de ce que nous écoutions à l’époque. Tu verras nos premiers flirts avec la musique de Slade, AC/DC, Michael Monroe qui est un type sympathique, c’est la meilleure combinaison que tu puisses trouver.
Le site officiel :
www.hardcoresuperstar.com
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