Interview faite par mail par Lisa
Le trio originaire du Sud de la France H-One vient de sortir cette année un très bon premier album autoproduit, nommé "Cygne II". Pour faire suite à notre chronique enthousiaste publiée il y a quelques semaines dans nos pages, nous leur avons posé quelques questions au sujet de cet opus et de leur vision de la musique.
Hello ! Alors pour commencer cette interview, comme d’habitude, je vous laisse nous faire une petite présentation de H-One pour ceux qui ne vous connaîtraient pas encore, histoire de détailler un peu le parcours de la formation.
Alan (chant / guitare) : Hello ! Nous sommes originaires de Carcassonne, le groupe a été fondé en 2005 par mon frère (Adrian) et moi même. Ayant à cette époque seulement 15 ans et 10 ans, on avait pour but de jouer pour s'amuser et se faire plaisir. Au fur et à mesure des années, et ayant été rejoint par un bassiste, le projet est devenu un peu plus sérieux : concerts et enregistrement 3 démos. En 2014, ayant acquis un peu d'expérience et de maturité (musicale, pas mentale !), on est entré en studio pour notre premier album, sorti le 14 Février 2015 ! On a donc accueilli Arnauld en tant que bassiste pour ce nouveau départ ! (L'ancien étant parti juste avant l'entrée en studio)
D’où vous vient le nom "H-One" ?
Arnauld (basse) : "Metallica" étant déjà pris…
Adrian (batterie) : Haha ! Plus sérieusement, nous n’avons pas l’habitude d’expliquer la définition du nom, je peux simplement dire que "H-One" est lié à notre nom de famille, nous gardons une petite part de mystère !
Comment décririez-vous votre son et quels sont les groupes qui vous inspirent ? Le death mêlé au thrash semble prendre une place prépondérante dans vos compositions, des groupes comme Gojira (autant au niveau de votre musique que des thèmes de vos textes pour le coup), Meshuggah peut-être, ou autres, vous influencent-ils ?
Adrian : C’est une question bien difficile, je ne saurais donner un style à H-ONE, mis à part que nous faisons du metal. David du groupe Sidilarsen nous a donné le style de "Fat Metal" ! C’est une "étiquette" que nous apprécions particulièrement ! Nous écoutons énormément de groupes et de styles différents, mais en effet, Gojira serait en première place pour moi, ensuite j’ai grandi avec Korn, Deftones, Faith No More… Puis j’ai évolué vers du Meshuggah, effectivement, ainsi que différents groupes un peu plus techniques, mais je reste très ouvert, actuellement j’ai mon petit coup de cœur pour l’album "LUX" de EZ3kiel.
Alan : Pour ma part, je suis un grand fan de Slipknot depuis très jeune, et encore maintenant. Gojira est en effet une très grosse influence pour nous deux depuis quelques années, autant pour leur musique, leur esprit, leur jeu de scène et bien entendu pour leur texte. Je suis aussi très inspiré en tant que guitariste par le groupe Lamb Of God, puis en tant que chanteur par Soilwork ! Et j'aimerais aussi préciser que le groupe français Headcharger a eu une grosse influence sur moi depuis que l'on a fait leur première partie, notamment Seb, le chanteur, pour son jeu de scène et son charisme !
Y a-t-il des références extra-musicales que vous pourriez nous citer, qui ont façonné l’univers de H-One ?
Adrian : Depuis notre démo "Cygne", j’ai commencé à écrire sur ce qu’il se passe actuellement sur l’environnement, l’être humain et tout ça. J’ai regardé pas mal d’épisode des "Justiciers des Mers" (menée par Sea Sheperd) qui m’ont beaucoup influencé sur l’écriture de "Cygbe II".
Alan : C'est vrai que depuis un petit moment, on est très touché par ce qu'il se passe sur Terre, on se sent de plus en plus impliqué. On aime beaucoup ce que font Sea Shepherd, et cela nous influence beaucoup sur notre façon de voir les choses, et donc sur l'univers de H-ONE.
Comment vous organisez-vous au sein de H-One pour composer ? Est-ce réfléchi à l’avance ou sous l’impulsion du moment ?
Adrian : Pendant quelques années nous nous retrouvons une fois par semaine pour les répèt', nous composions régulièrement à trois, on donnait nos idées, on sortait des riffs puis nous essayons d’avancer comme ça tous ensemble. Depuis la période "Cygne", Alan a mis quelques riffs et idées bien aboutis de côté, qui, au bout d’un moment sont ressortis en répèt' pour avancer dessus.
Alan : On préfère largement travailler tous ensemble, et que chacun apporte ses idées. On est plus "sous l'impulsion du moment". Même si on arrive toujours en répèt' avec quelques idées bien abouties, on "construit" toujours le morceau ensemble. Le but étant que tout le monde s'y retrouve dans le morceau.
Votre précédente démo s’intitule "Cygne", votre album se nomme "Cygne II", les artworks pour ces deux œuvres représentent un cygne, que symbolise cet animal à vos yeux, pour qu’il puisse à ce point se retrouver en thématique récurrente de votre musique ?
Adrian : C’est vrai, qu’à part sa colère, il n’est pas évident de lier notre cygne à nos textes.
Le nom "Cygne" date de Janvier 2012, avant cela, j’étais parti sur l’idée "Signs Of Apocalypse" qui était trop long à mon goût, et du coup j’ai fait le lien signe/cygne, j’ai trouvé l’idée sympa car le cygne est l’animal dédié à Apollon, dieu du chant, de la musique et de la poésie dans la mythologie grecque.
Ce qui nous a donné également la phrase emblématique : "Juste avant de mourir, le cygne chanterait davantage et avec plus de force" que l’on pourrait associer au chant d’Alan.
Alan : L'idée du cygne est entièrement d'Adrian, une idée que j'ai approuvée de suite ! On avait besoin d'une chose très enragée, pour pouvoir représenter les textes qu'Adrian avait écrits, le cygne est parfait à nos yeux pour cela.
"Cygne II", bien qu’étant votre premier album, est déjà très abouti. Combien de temps avez-vous mis pour l’écrire ?
Adrian : Nous avions déjà 3 titres depuis quelques années qui figurent sur "Cygbe II", nous devions donc composer les 5 autres. Au cours du mois d’Août 2013 on avait réunion avec Vidda (David Castel – Studio Antistatic) pour mettre en place le studio. En Septembre 2013, nous sommes entrés en phase de composition, on se voyait tous les samedis avec Alan pour composer, et en Février 2014, j’ai commencé mes sessions studio pour mes prises batterie. Nous pouvons dire 5 mois pour l’instrumental. En ce qui concerne les textes, j’en avais de côté, et j’ai écrit les autres puis peaufiné le tout entre Janvier et Juillet 2014 (les prises chant ont été enregistrées au mois d’Août).
L’album vient de sortir il y a quelques semaines, quels sont les échos, les avis sur ce nouvel opus que vous avez d’ores et déjà pu avoir ? Etes-vous satisfaits du travail accompli ?
Adrian : Nous avons eu les premiers avis de nos proches qui ont pu écouter l’album avant sa sortie, puis de notre public carcassonnais qui est venu à notre concert de sortie d’album le 14 Février au Chapeau Rouge ; nous avons eu des échos dès le lendemain. Puis ensuite quelques chroniques sont arrivées, dont celle de French Metal ! Il semblerait que ce soit un très bon album, nous sommes très satisfaits de ce que nous avons fait jusqu’à présent, et nous sommes même très agréablement surpris des très bons retours que l’on nous fait !
Alan : On est super contents du résultat pour ce premier album, mais on ne savait pas trop ce que les gens en penseraient. On est plongés dedans depuis un bon petit moment, entre la composition et le studio (qui a duré pratiquement 1 an et demi au total) et donc on avait plus vraiment de vue extérieure sur l'album à sa sortie. Du coup, on est super contents des retours très positifs que l'on a eus par écrit ou lors des concerts !
Le son de cet album est excellent, allie puissance, finesse et efficacité avec brio ; vous avez enregistré l’album au studio Antistatic de Toulouse, avec David Castel (Manimal, Psykup) au mix, comment s’est déroulée cette phase d’enregistrement, et comment avez-vous été amenés à collaborer avec lui ?
Adrian : Vidda est une personne formidable, nous avons passé de très bons moments au studio. Il est présent, à l’écoute, il s’investit à fond dans le projet. C’était notre premier studio professionnel, et il a su nous mettre à l’aise dès le début, puis il savait très bien, vu le style, quelle direction prendre pour notre son.
Nous avons fait la première partie de Manimal en 2011, depuis nous suivions leurs actualités personnelles sur les réseaux, puis moi, je me déplaçais régulièrement sur Toulouse pour assister à différents concerts, je croisais souvent Julien Cassarino (chanteur) ou Vidda entre autres, puis après l’écoute de "Multiplicity" de Manimal, nous savions chez qui nous voulions enregistrer "Cygne II".
Alan : Le son que Vidda a fait sur ce dernier album de Manimal nous a beaucoup plu (même s’il n’en est pas très satisfait), et ressemblait au son que l'on voulait. Ça a été un grand plaisir d'enregistrer "Cygne II" avec lui et a fait un super travail !
Votre album étant auto-produit, comment avez-vous réussi à gérer son financement ? Etait-ce un choix initial de votre part ou une absence d’opportunité que de passer par l’auto-production ? Aspirez-vous à signer chez un label dans un futur proche ? De plus en plus de groupes passent aujourd’hui par le crowdfunding pour financer leurs albums, que pensez-vous de cette méthode ?
Adrian : Nous avons mis pas mal d’argent de côté, reçu de nos différentes dates, et nous avons avancé une bonne partie de notre propre poche, nous avons également reçu des aides de différentes structures locales en présentant notre projet, qui a été apprécié. Nous n’avions pas de supports suffisamment sérieux pour démarcher une structure qui puisse nous encadrer, il est évident que si un label s’intéresse à nous, on ne refuserait pas. Le crowdfunding est un moyen très intéressant pour financer un projet, cela dit, ça demande une énorme préparation, et il faut être un minimum suivi par le public, nous arrivons à sortir de notre région seulement depuis la sortie de "Cygne II".
Alan : Pour ma part, je trouve le concept du crowdfunding très intéressant. Mais si on peut réussir à évoluer sans, ça serait top !
L’artwork de ce nouvel album, très réussi d’ailleurs, a été confié à Gwen Vibancos, est-ce que vous lui avez donné carte blanche pour sa réalisation ou êtes-vous intervenus dans sa création ? J’imagine que cette couverture résulte d’un effort conscient de faire le lien avec votre précédente démo ?
Adrian : Gwen est un ami de longue date, nous avons déjà partagé la scène avec lui lorsqu’il était bassiste dans le groupe Signs, nous connaissons déjà son travail, notamment la réalisation du premier album de Rufus Bellefleur. Je lui ai expliqué le thème principal de "Cygne II", il connaissait déjà l’artwork que j’avais moi-même réalisé pour "Cygne", et il est parti de là. Au fur et à mesure, on échangeait de nombreux mails où il nous envoyait l’avancement, il proposait différents travaux, c’était à nous de choisir. La réalisation a duré 1 an.
Alan : On avait les idées principales, et Gwen a très bien cerné l'ambiance et a su nous proposer une illustration très proche de ce que l'on imaginait. Mais il a été entièrement libre sur la réalisation.
Selon vous, quel titre représente le mieux "Cygne II" ? Je serais personnellement tentée de dire "Final Track", parce qu’on y retrouve vraiment toutes vos influences, et que vous êtes parvenus à allier très efficacement puissance et mélodie, un peu à l’image de l’ensemble de cet opus.
Adrian : En effet, "Final Track" fait partie d’une de nos dernières compositions, c’est en quelque sorte la conclusion de "Cygne II", au niveau du texte, il est très court, il dit simplement que c’est la fin de tout : la fin de l’album, la fin du monde… Nous adorons les morceaux instrumentaux qui n’en finissent plus, nous avons voulu construire un titre dans cet esprit là, mi-instru, mi-chanté. C’est surement grâce à ça que l’on retrouve différentes inspirations. Alan a, d’ailleurs, beaucoup travaillé sa voix pour mêler la haine et la mélodie.
Alan : Je suis aussi de cet avis. "Final Track" représente très bien cet album, de la colère mais aussi un petit côté d'espoir que l'on veut aussi représenter.
Vous avez déjà sorti un clip vidéo pour "Mother", qui est très bien réalisé d’ailleurs. Pourquoi avoir fait le choix de ce titre en particulier ? Comment avez-vous décidé de la ligne artistique de ce clip ?
Adrian : "Mother" est le titre qui ne s’arrête pas du début à la fin, c’est le titre "rentre-dedans" qui parle de notre mère : La Terre. "N’oublions pas qui elle est, d’où elle vient…" Pour nous cela semblait logique de faire le clip sur ce titre. Il a été réalisé par Kenny Volodimer qui est un grand passionné de photo et de vidéo (films, court-métrages …), à la base le clip devait être divisé en deux parties : les scènes jouées et les scènes scénarisées, malheureusement, par manque de temps et de moyens, nous sommes restés simples. Nous voulions un fond noir, aucun décor, un lieu neutre. Nous sommes très satisfaits du résultat, Kenny a fait un excellent travail !
J’ai pu lire que vous décrivez vous-mêmes vos textes comme "dressant l'état actuel de notre planète qui meurt d'un cancer nommé "Humain"!!". Est-ce que vous considérez qu’il est nécessaire de sensibiliser ceux qui écoutent vos morceaux à ces thèmes, de véhiculer un message conscient à travers votre musique ? Est-ce votre motivation principale, qui vous pousse à faire de la musique ?
Adrian : Quitte à raconter des choses dans les textes, pourquoi ne pas parler de choses qui nous concernent tous, sur Terre ? A mon avis, je pense que chacun devrait se sentir concerné par ce qu’il se passe. Mais ce n’est pas la raison qui nous pousse à faire de la musique, en effet, nous faisons de la musique depuis notre plus jeune âge, nous aimons la musique, nous vivons musique. J’écris des textes depuis que j’ai 13 ou 14 ans, je suis passé par différents thèmes, anglais et français.
Alan : Comme je l'ai dit un peu plus tôt, on se sent de plus en plus impliqué par ce qu'il se passe sur Terre, et on aimerait que d'autres personnes le soient autant que nous. Alors, oui on veut toucher des gens. Mais on ne veut pas obliger ce genre de chose. Ce sont nos points de vue qui sont écrits dans les textes. Et on fait, avant tout, de la musique car c'est notre passion !
Que pensez-vous de la scène metal française actuelle, voire même plus précisément de la scène metal dans le Sud-Ouest puisque vous êtes basés dans la région, et que vous y avez déjà donné pas mal de concerts ?
Adrian : Il y a une très belle scène metal en France ! Dans ma jeunesse j’ai beaucoup écouté des groupes comme Pleymo, Watcha, Eths… Maintenant, j’écoute un peu tous les groupes, en passant par Bukowski ou les potes Headcharger (notre titre "Headcharger" faisant référence à ce groupe !), ou encore Benighted pour le côté plus extrême. Dans le Sud-Ouest, je connais beaucoup de groupes basés sur Toulouse ou les alentours, et n’oublions pas que nous avons le grand Gojira originaire de Bayonne !
Alan : Il y a plein de bonne chose en France et même dans le Sud. Moi je suis un grand fan du groupe Weaksaw, de Montpellier. Et je pense qu'il y a encore un paquet de groupe avec du potentiel à découvrir !
Maintenant que l’album est disponible, quels sont vos projets futurs ?
Adrian : Nous ne savons pas ce qu’il peut nous arriver. Mais la priorité actuelle est de jouer pour faire tourner le nom, montrer qu’on en veut, même si nous devons encore tout faire nous même ou avec un peu de soutien et de conseils par les plus expérimentés (exemple : Sidilarsen…). Surtout nous voulons vivre notre passion !
Nous envoyons notre CD et pressbook à certains labels et agence de booking qui pourraient nous tirer vers le haut, peut-être qu’un jour, une structure sera en mesure de nous encadrer !
Merci pour vos réponses, le mot de la fin vous appartient !
Adrian : Tout d’abord merci à toi, Lisa, pour l’interview. Merci à Vince qui nous a fait une excellente chronique il y a quelques semaines, merci French Metal, c’est grâce à des structures comme la votre que nous pouvons exister et nous montrer ! Vous prenez de votre temps et c’est juste magnifique !
Merci à toutes les personnes qui nous suivent depuis le début, et celles qui nous suivront très prochainement !
N’hésitez pas à nous soutenir sur les réseaux sociaux, en concert, nous restons très ouverts et très accessibles !
Alan : Merci de nous donner l'opportunité de nous exprimer sur notre petit "Cygne II" !
Le site officiel :
honemusic.free.fr
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