Interview faite par mail par Sam

Salut, on va passer tout de suite les présentations qui n’ont plus lieu d’être avec le temps, hein ! Vous êtes en piste depuis plus d’une dizaine d’années, et êtes les fers de lance d’une mouvance metal talentueuse chez nos voisins suisses. Que s'est-il passé depuis notre dernière entrevue en 2010 ?
Blaise (basse) : La vie habituelle de KRUGER ! En résumé : se débrouiller pour jouer en live, se débrouiller pour composer quelque chose pour pouvoir se débrouiller pour jouer en live… Nous avons donc tracé la route défendre "For Death, Glory And The End Of The World" et nous nous sommes remis à la composition. Un EP ("333") nous a permis d’avoir quelque chose à proposer en 2013, dans l’attente d’un album complet, "Adam And Steve". Faits marquants, une tournée avec Gojira en 2013 lors de la tournée "333".

Vous êtes assez prolifiques avec un album tous les 3 ans environ. Vous avez été chez Listenable Records, puis vous êtes passés chez Pelagic et là vous revenez avec une co-production si l’on puit dire, expliquez-nous tout ça ?
Renaud (chant) : Listenable est notre "vrai" label depuis une paye (on leur doit une partie non négligeable de notre infime notoriété!), on a une relation assez géniale (ils adorent ce qu'on fait, on adore qu'ils dépensent trop d'argent sur nos sorties!). Pelagic, ça date de "F.D.G.E.T.E.O.T.W" - on avait sorti chez eux la version vinyle pour les 10 ans du groupe, avec des bonus. Ils ont également sorti le EP "333" l'an dernier en 10'', et du coup c'est devenu un peu notre label officiel pour le vinyle - ils sortent donc "Adam And Steve", à nouveau en vinyle.

Comment se passe le processus de composition ? Comme je disais, vous êtes assez prolifiques au niveau des sorties, plus les tournées, ce qui fait un rythme assez effréné, non ?
Baise : C’est drôle, à l’interne ce processus semble plutôt interminable ! La composition est partagée par l’ensemble des membres du groupe, sur la base de propositions émanant de l’un ou de l’autre. Ce système amène très vite à passer beaucoup de temps sur de tout petits détails, rallongeant d’autant ce processus. Après deux essais concluants, il semble que la méthode consistant à partir en "camp de composition", à savoir en autarcie pendant quelques jours, nous permettait de joindre l’utile à l’agréable et d’avancer d’autant plus efficacement dans l’élaboration de morceaux. Par exemple, nous sommes partis entre Noël et Nouvel An dans un chalet scout dans la région lausannoise, en forêt, pour forger les contours d’"Adam And Steve". Pour le reste, nos diverses activités professionnelles rythment les périodes de tournées (généralement au printemps et à l’automne), et nous saisissons les occasions qui se présentent le reste de l’année. Donc en effet, c’est un rythme assez effréné !

Vous avez tourné avec Gojira, vos voisins français, vous me coupez si je me trompe, mais dans cet album on sent clairement une influence, quelque chose que l’on retrouve de ce groupe, tout en gardant votre propre patte. Non ?
Blaise: C’est possible ! Nous avons cherché à rendre les nouveaux morceaux les plus cohérents possibles, ce qui nous amène peut-être à des structures relativement similaires. Ceci dit, les ambiances des deux groupes semblent tout de même différentes.



Vous avez un son tout aussi massif qu’avant avec une grosse mise en avant du chant, on y trouve même plus de "liant" qu’avant, avez-vous au fur et à mesure du temps changé la façon de voir / concevoir votre musique ?
Blaise : Avant tout, il semble que le processus de composition s’apprenne vraiment sur le tas… Avant chaque album, nous avons cherché à améliorer ce qui semblait moins maîtrisé sur l’album précédant. Pour "Adam And Steve", nous nous sommes concentrés sur une approche plus globale et structurelle des morceaux, dans le but de chercher un maximum de cohérence… Et dans le but de faire un maximum de choses en un minimum de temps ! Pour le reste, en ce qui concerne notamment le mix, l’agencement des différents instruments et de la voix ont été fait par Magnus Lindberg, sur la base des éléments dont on disposait. Le résultat final est donc en quelque sorte une synthèse de tout ce processus !

Quel message voulez-vous faire passer à travers vos textes, vos musiques ? Y a-t-il une prise de position particulière (comme Gojira par exemple pour ne citer qu’eux) ou balayez-vous assez "large" ?
Renaud : Les textes sont relativement idiots, même s'il se cache un semblant de contenu derrière les boutades qui les composent… depuis le début de KRUGER je suis toujours resté sur cette description amusée de l'Américain moyen, qui est fascinant et répugnant à la fois. d'où les thématiques sur les fans de bagnoles, les culturistes, les conservateurs anti-gay, les rednecks des montagnes, etc.

D'ailleurs que cache ce titre "Adam And Steve" et que représente la symbolique autour de cette pomme rouge ?
Renaud : Précisément, ça vient d'une manif anti-gay aux USA que j'ai vu aux news il y a 2-3 ans, ou des manifestants du Tea Party avaient cette pancarte "Adam and Eve, not Adam and Steve" - je me suis dit qu'il fallait absolument en faire quelque chose… ! et c'est devenu le titre de l'album, dictant par là même l'artwork (le layout entre une pomme et un anus), etc. L'occasion, encore une fois, de sortir des poncifs de ce genre de musique.

Quelles ont été les différentes étapes pour élaborer cet album et combien de temps cela vous a-t-il pris au final ?
Blaise : Nous avions quelques "restes", des riffs de l’année en cours, mais qui n’avaient pas abouti à quelque chose. Nous avons travaillé à produire un certain nombre d’ébauches que nous avons gardé pour ce fameux "camp de composition". C’est pendant cette semaine que les morceaux ont pris une forme quasi définitive. Restait les détails à peaufiner et zou, en Avril en studio !



La scène helvétique est assez active avec de très bons groupes dont vous êtes un peu les figures de proue, quel avis avez-vous sur celle-ci ?
Renaud : Figures de proue, je sais pas trop, on est parmi les plus anciens, ça doit être plutôt ça… Mais oui, il y a une bonne brochette de bons groupes. Faut dire qu'on a quelques ancêtre assez prestigieux (Celtic Frost, Coroner, The Young Gods, ou plus récemment Nostromo et Knut).

Le festival Impetus, à cheval sur la France et la Suisse (je le connais bien car il a lieu dans ma région), a produit de grosses éditions chez vous, vous y avez même joué, il semble qu’il soit peu à peu en train de s’éteindre alors que d’autres festivals sont actifs dans votre pays. Pouvez-vous expliquer ceci ?
Renaud : C'est moi qui ai lancé Impetus en 2010 à Lausanne (et finalement ce fut transfrontalier grâce à mes accointances avec nos amis de Belfort !) - mon agenda de ministre m'a contraint à lâcher l'affaire en 2012 après trois chouettes éditions et personne n'a vraiment repris le flambeau du côté suisse. Mais en France voisine, je crois que ça se passe plutôt bien ?

Pour finir, l’année 2014 est déjà bien entamée mais quels sont vos projets pour la suite et fin de celle-ci ? La défense de ce nouvel album ? Des tournées ? Une tournée support ?
Blaise : Nous partons en tournée avec Coilguns du 16 au 26 Octobre 2014 et nous nous produisant à Berlin le 13 Décembre prochain au Pelagic Fest. Sinon, la suite est encore à préciser, mais une tournée se prépare pour Février 2015…

Avez-vous prévu un ou plusieurs clips pour mettre en images "Adam And Steve" ?
Blaise : Un clip est en cours de réalisation pour le morceau "Adam And Steve", et des éléments vidéo de concert sont en préparation. A voir début Octobre avec la sortie de l’album !

Je vous remercie et vous laisse le mot de la fin.
Au local les jeunes !


Le site officiel : www.kruger.ch