Interview faite par mail par Murderworks

Salut les gars ! On peut dire que Misgivings aura pris son temps pour nous livrer un premier album, la formation du groupe date tout de même de 1991 ! Qu'est-ce qui vous a poussé après quatre démos et pas mal de concerts à enfin franchir le pas ?
Stefan (guitare) : Hail Murderworks. Beaucoup d'événements ne nous ont pas permis d’enregistrer ce disque avant. Par conséquent, cet album a mûri avec les années. On a longtemps travaillé dessus pour atteindre ce niveau de violence et de noirceur que l’on souhaitait. Les conditions actuelles nous permettaient enfin de produire un album entier, pas juste des démos.

Le split avec Drowning (dont on espère un nouvel album aussi un jour) en 2017 était déjà une surprise puisque la démo précédente datait de 2006. Du coup la question que tout le monde se pose maintenant que le premier album est sorti c'est : est-ce qu'il y aura une suite dans moins de dix ans et est-ce que le groupe est enfin parti sur sa lancée ?
Les réactions sont très motivantes ! On a déjà commencé à bosser sur de nouvelles idées. On a aussi pas mal de vieux titres qui mérite d’être réarrangés car ils sonnent bien et on adorerait les rejouer. Mais je ne suis pas devin ! Time shall tell…

"Supreme Regression", "Stormblood", "Serenity In Shades" et "Masquerading As God" étaient déjà présents sur deux de vos démos, du coup quand avez-vous commencé à travailler sur les autres morceaux de l'album ?
On a fait une sélection rigoureuse de nos titres. On voulait vraiment choisir avec soin ceux qui apparaîtraient sur ce premier album. Tous les morceaux ont été écrits entre 2000 et 2010. Mais lorsque j’ai commencé à jouer avec Guilhem notre batteur aux alentours de 2014, on a fait un très gros travail de réécriture afin que ces morceaux soient mieux construits, plus rapides et plus denses ! On était vraiment déçus du son et de l'exécution des titres de nos démos. Par conséquent, ils méritaient un bien meilleur traitement.



 Pour l'occasion le logo du groupe a été quelque peu revisité et s'intègre parfaitement à cette pochette old school, les deux ayant été réalisés par le légendaire Chris Moyen. Quand on sait pour qui il a travaillé et qu'on connaît son impact visuel dans l'extrême et l'underground il est évident qu'il était votre premier choix. Vous lui avez laissé carte blanche ou vous lui avez fourni des morceaux ou des textes pour servir d'inspiration ?
On voulait revisiter un peu notre logo car c’est en quelque sorte un nouveau départ ! Mais Chris a parfaitement respecté l’ancien en lui donnant cette touche “rotten” ! Avec le temps, il est devenu un ami et on a l’habitude de bosser ensemble. Pour la cover, Je lui ai exposé ma vision en lui donnant des références et je savais qu’avec son style, on obtiendrait un artwork sublime et vraiment dans la tradition d’une pochette en noir et blanc.

Le choix de donner le nom du groupe à l'album était aussi évident je suppose ? Une façon de marquer le coup pour ce premier démarrage longue durée ? D'ailleurs tant qu'on parle du nom du groupe sachant que Misgivings veut dire "doutes" et vu la teneur des textes, est-ce que vous l'avez choisi pour résumer vos positions sur les religions en particulier ou la spiritualité en général ?
Au départ comme beaucoup, on voulait prendre le nom d’un des titres mais finalement on a opté pour ne pas en donner un. Un album éponyme dont la cover et le contenu se suffisent à eux-mêmes… Le concept de MISGIVINGS est basé sur la peur depuis le début ! Lorsque nous avons commencé, nos paroles parlaient davantage des maladies mentales telles que la paranoïa, la schizophrénie ou l'aliénation pour se concentrer par la suite sur la religion et ses dérives. La traduction de Misgivings est aussi une appréhension, le sentiment que quelque chose va se produire…

Des textes qui ont l'air d'avoir un peu changé au fil du temps, ceux des deux premières démos avaient l'air plus ancrés dans le quotidien alors que depuis "Prophetic Redemption" on est plutôt dans quelque chose d'anti-religieux. Une façon de coller à votre musique qui est devenue encore plus brutale avec le temps ?
Le line-up est différent. Notre premier bassiste / chanteur Franck a écrit la majorité des textes pour nos deux premières démo mais lorsqu'il a quitté le groupe, je me suis mis à écrire les paroles et on a remis ça en forme avec Esteban pour les adapter à la musique. Evidemment, c’est de l’anglais basique fait par des Français qui sont jeunes à l’époque mais fait dans la tradition des groupes sud-américains…

Est-ce que la situation sanitaire vous a mis des bâtons dans les roues pour enregistrer ce premier album, pour se retrouver en studio par exemple ?
On a perdu presque deux ans à cause de cette merde. On habite loin les uns des autres et ce fut très compliqué de se voir pendant cette période ! La frustration et l’attente expliquent sans doute l’intensité de cet album…

D'ailleurs qui a produit l'album ? Le son est puissant, old school dans l'esprit et surtout organique, loin des dérives actuelles qui donnent des sons en plastique sans puissance.
Seule la batterie et le mixage ont été faits en studio par un ami de longue date Joby de BLR Studios. Il possède une vieille table analogique loin des sons modernes qui sont légion aujourd’hui. Après, on a fait tout le reste dans notre local chez Esteban qui s'est investi comme jamais dans cet enregistrement. Il n’était pas question d’avoir un son sur triggé et sur compressé comme beaucoup. Il fallait qu’on s'approche d’une production rappelant les hordes cultes des années 1990. Il faut aussi saluer le travail de mastering de Raph Henry de Heldscalla. Un autre ami qui a clairement apporté la touche finale à l’ensemble !



Vu que c'est revenu à la mode ces derniers temps et que l'album est sorti en CD et numérique, est-ce qu'une version vinyle est envisageable à l'avenir ? Je sais que les coûts de production et les délais de fabrication ont augmenté mais il faut avouer que cette pochette serait très classe en grand format.
Oui c’est prévu bien sûr toujours chez Dolorem Records ! Le délai de fabrication étant plus long à cause du coût des matières premières, il ne sortira pas avant la fin de l’année. Mais seulement 100 exemplaires…

Maintenant que les concerts semblent reprendre est-ce que des dates sont prévues prochainement ? Une petite affiche avec vos collègues de label Dawohl par exemple ce serait un bon moyen de laisser de jolis cratères dans les salles !
Rien de prévu pour le moment. Des pistes seulement… Mais on ne se presse pas car il était vraiment important pour nous de sortir ce disque avant. On a pas mal discuté avec Alex et l’idée serait d’organiser un Dolorem Fest. Il faut le mettre en place. Les coûts ne sont pas faciles à supporter mais chacun doit faire un effort pour ce genre d'événement. Il faut savoir faire passer la passion avant la rémunération pour donner vie à ce genre de projet !

J'ai vu que Gene Palubicki avait récemment écouté et apprécié l'album, sachant que l'influence d'Angelcorpse s'entend chez vous ça doit faire plaisir ! Du coup maintenant que la scène française commence enfin à se faire connaître dans le monde (parce qu'il ne faut pas que les petits jeunes oublient que les Loudblast, Massacra, Mercyless, Crusher ou Agressor étaient déjà passés par là), est-ce que vous avez beaucoup de retours hors de nos frontières ?
Fierté absolue ! Putain, Gene the riff master… Que dire c’est excellent pour le groupe et enfin dépasser les frontières de la France. Mais on existe depuis 1991. On est tous des fervents de la scène française. Qu'elle soit ancienne ou plus récente bien sûr. D’ailleurs on aura un titre sur la compilation “We Are French…Fuck You” volume 3. On aime notre pays et aujourd’hui la scène est plus forte que jamais ! Merci à Seb et à Triumph Of Death. Only death is real.

Merci d'avoir pris le temps de répondre à ces quelques questions, si vous avez quelque chose à ajouter vous avez carte blanche
Reparlez du passé, de l’évolution du groupe me rappele que MISGIVINGS ne serait rien sans notre ancien batteur Yannick ” Carcasse “ Grenet. Merci pour lui. Hail and kill.


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